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La fin d’un tabou

A Zurich, Franco Cavalli a notamment fait partie des orateurs du 1er mai. Keystone

«La grève ne doit plus être un tabou», ont déclaré les leaders syndicaux lors des manifestations du 1er mai. Des échauffourées ont eu lieu à Zurich.

«Aujourd’hui, la population comprend très bien que pour défendre leurs intérêts les salariés doivent adopter une attitude plus dure», déclare Vasco Pedrina, le président du Syndicat industrie et bâtiment (SIB), dans une interview à l’hebdomadaire alémanique Weltwoche.

Petit à petit, la grève apparaît comme un moyen de pression légitime si les syndicats en usent raisonnablement. C’est clairement ce qui ressort des différentes prises de paroles qui ont eu lieu en Suisse lors des manifestations du 1er mai.

Comme méthode de lutte

«Nous cherchons toujours la meilleure voie pour atteindre nos buts», précise Vasco Pedrina, qui sera passé mercredi à Bienne, à Genève et à Lugano et dont le syndicat vient d’obtenir la retraite flexible dès 60 ans sous la pression d’une menace de grève.

Paul Rechsteiner, président de l’Union syndicale suisse (USS), estime également que la grève n’est plus un tabou et qu’il faut, au besoin, l’utiliser comme méthode de lutte. «Nous aspirons à un système économique qui tienne également compte des employés et des gens modestes», a-t-il expliqué dans un entretien que publie la Neue Luzerner Zeitung.

La situation a radicalement changé sur le marché du travail. Un emploi sûr est devenu chose rare. Pour beaucoup de salariés, l’activité syndicale a repris tout son sens, souligne le président de l’USS, qui pour sa part aura prononcé ses discours à St-Gall, à Wil (SG) et au Locle (NE).

«Le droit d’avoir des droits»

C’est sous ce slogan que les Fribourgeois organisent leur fête du 1er mai. Un droit qui doit «se mériter, en veillant à l’application quotidienne des droits acquis. Les droits ne s’usent que si l’on ne s’en sert pas», a déclaré Ruth Dreifuss à Fribourg.

La conseillère fédérale faisait référence à la France qui «redécouvre, dans la douleur et le remords, l’importance de la mobilisation citoyenne et des choix de société».

Et les occasions de se mobiliser ne manqueront pas. Mme Dreifuss a rappelé les «rendez-vous citoyens» qui attendent les Suisses.

Elle a appelé à déposer un «oui massif» en faveur du régime du délai le 2 juin. Suivront, en septembre, la libéralisation du marché de l’électricité et le projet de Fondation Suisse solidaire, ainsi que l’assurance chômage, vraisemblablement en novembre.

La conseillère fédérale a également salué le courage des sans-papiers qui osent s’exprimer publiquement sur leurs conditions de vie et de travail. Elle a regretté que l’ampleur et les répercussions du travail au noir en Suisse ne soient pas encore suffisamment connus.

Zurich dans le calme…

A Zurich, plusieurs milliers de personnes étaient dans les rues pour ce 1er mai, sous le slogan «Contre la guerre – Pour la libération». Au départ du cortège, les organisateurs ont demandé à ce que cette journée se déroule dans le calme, appelant policiers et manifestants à ne céder à aucune provocation.

Dans son discours de bienvenue, le syndicaliste américain Raj Jayadev a attiré l’attention sur la face cachée de la révolution hightech de la Silicon Valley aux Etats-Unis, qui, pour de nombreux travailleurs immigrés, a signifié une dégradation des conditions de travail.

L’autre orateur invité, le médecin et politicien palestinien Mustapha Barghouti, a finalement renoncé à faire le déplacement de Zurich. Egalement invités par le Comité du 1er Mai, les représentants des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont, eux aussi, décliné l’invitation.

Puis des heurts avec la police

C’est à l’issue de la fête officielle, lors d’un rassemblement non-autorisé, qu’ont eu lieu les quasi-traditionnels heurts avec la police. Les forces de l’ordre ont fait usage de lances à eau, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser la foule, avant de procéder à plusieurs arrestations.

Plusieurs centaines de personnes ont participé à ces échauffourées. Les membres du «Schwarzen Block» étaient accompagnés par nombre de curieux et de sympathisants. Ils ont jeté des bouteilles, des pierres, des feux d’artifice et d’autres objets sur les policiers, qui ont alors riposté.

Les manifestants avaient auparavant tenté d’atteindre le bâtiment de la Chambre de commerce américano-suisse au centre de la ville mais ils ont dû y renoncer à cause des barrages de police. Comme les années précédentes, les heurts, avec leur cortège de déprédations, ont éclaté dans les environs de l’Helvetiaplatz.

swissinfo avec les agences

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