Les femmes à la conquête de leurs droits économiques
Après un siècle de luttes, les sociétés féminines suisses ont savouré, ce vendredi à Lucerne, leurs victoires. Elles se préparent désormais aux combats de demain. A savoir, la pleine entrée des femmes dans le monde économique.
Saluons, avant de râler et de réclamer davantage, les magnifiques victoires de la lutte féminine suisse en 100 ans d’existence. Il serait en effet injuste d’oublier, par exemple, que celles qui fêtent leur 30 ans cette année sont nées à une époque où les femmes n’avaient pas encore le droit de vote en Suisse. C’est dire si la condition féminine a connu au moins une révolution de taille au cours de ce siècle.
L’Alliance des sociétés féminines suisses, qui chapeaute toutes les organisations féminines du pays, le reconnaît: les plus grandes victoires sont l’accession des femmes à l’éducation au même titre que les hommes et l’obtention des mêmes droits politiques.
Certes, l’on peut arguer que les femmes sont toujours moins représentées dans les parlements fédéraux, cantonaux ou communaux, et encore nettement moins dans les instances exécutives. Certes, l’on peut répliquer que les jeunes filles ne choisissent pas exactement les mêmes filières d’études que les garçons. N’empêche.
Il ne fait aujourd’hui plus de doute que les femmes ont acquis une véritable place d’adulte au sein de la société. Et on ne rencontre plus grand monde pour dénier les compétences des femmes à l’égal des hommes.
Et pourtant, il n’est pas encore temps de baisser les bras. Même si les inégalités ne sont plus aussi criantes, un siècle plus tard, il reste encore bien à faire. Et selon Sibylle Burger-Bono, présidente de l’Alliance des sociétés féminines suisses, si les femmes ont gagné la partie dans le monde de l’éducation et de la politique, reste celui, tout aussi crucial de l’économie.
Les statistiques ne cessent en effet de le confirmer: les femmes sont encore très souvent moins payées que les hommes pour un travail équivalent. Elles souffrent davantage du chômage. Elles sont défavorisées par des emplois à temps partiel. Et surtout, elles sont relativement peu nombreuses à occuper des postes de cadres dans les entreprises.
Et Chantal Balet, Secrétaire romande de la Société pour le développement de l’économie suisse (SDES), souligne que de toute façon les femmes sont piégées par les apparences qui accordent les mêmes droits sur le papier, mais pas les mêmes dans la réalité des faits. «A quoi sert d’avoir les mêmes droits dans le mariage, si lors d’un divorce, la femme doit faire face seule à l’éducation de ses enfants et à leur entretien en reprenant un travail après des années de vie au foyer?»
Tout le problème est là. La condition de la femme, confrontée à la garde des enfants, ne peut changer sans un environnement adapté. Raison pour laquelle, les associations féminines réclament désormais une aide de la société pour les mères. Elles demandent une assurance maternité digne de ce nom. Elles demandent la création de meilleures infrastructures pour les crèches et les écoles, qui permettent effectivement aux femmes de poursuivre leur carrière professionnelle.
Partage des tâches familiales au sein du couple, prise en charge partielle des enfants dans le cadre scolaire, telles sont les ambitions des associations féminines suisses de ce début de 21ème siècle. Bref, il s’agit cette fois non plus d’obtenir des droits, mais de changer les mentalités, et peut-être aussi les rôles impartis aux femmes et aux hommes dans la société.
Catherine Miskiewicz
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