Messieurs, à vos tabliers
Le Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes lance «Fairplay-at-home», pour tenter de mieux concilier vie professionnelle et familiale.
En lançant lundi sa nouvelle campagne de promotion de l’égalité des chances, le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG) vise surtout les futurs pères. «Fairplay-at-home» cherche en effet à les inciter à partager les travaux domestiques et professionnels de façon équitable.
La campagne repose sur une étude commanditée par le BFEG, selon laquelle deux tiers des mères d’enfants en âge préscolaire ont une activité rémunérée, mais fournissent toujours l’essentiel du travail domestique.
Tradition, quand tu nous tiens
Selon l’un des auteurs de l’étude, Tobias Bauer du bureau BASS, «les femmes accomplissent encore le double des tâches domestiques et familiales non rémunérées». Les hommes s’investissent toujours principalement dans leur activité professionnelle, les pères de petits enfants étant ceux qui travaillent le plus avec 43 heures par semaine en moyenne.
A la maison, ils préfèrent jouer avec leurs enfants plutôt que de faire la vaisselle, cuisiner ou faire la lessive. Mais cela ne dure pas, puisque l’étude révèle que la prise en charge des enfants par les pères diminue au fur et à mesure que le nombre d’enfants augmente: elle baisse de 69% lorsqu’ils ont un enfant à 55% lorsqu’ils en ont trois et plus.
Même si elles sont toujours plus nombreuses à avoir une activité rémunérée, les mères continuent donc à assumer l’essentiel des tâches domestiques en Suisse. «Dans ces conditions, elles doivent souvent se contenter d’un travail à temps réduit et renoncer à faire carrière», commente Patricia Schultz, directrice du BFEG.
La Suisse dans la norme
Une comparaison avec sept Etats de l’Union européenne, (Allemagne, France, Italie, Pays-Bas, Finlande, Portugal et Grèce) montre que l’engagement des hommes dans les tâches domestiques ne varie guère, et donc que la Suisse se trouve dans la norme.
Si un nombre croissant de femmes sont actives sur le marché du travail, la quantité globale de travail qu’elles fournissent reste stable depuis quelques années en Suisse. Autrement dit, la vie professionnelle des femmes reste le plus souvent accessoire.
Ainsi, les mères d’enfants en âge préscolaire ont un taux d’activité moyen de 30%, ce qui ne suffit ni à accéder à une position dirigeante ni à pouvoir s’engager dans des tâches captivantes. C’est seulement de la sorte que les mères sont en mesure de concilier vie familiale et vie professionnelle.
Les choses changent lentement
Patricia Schultz ne se laisse pas décourager pour autant. «On ne peut pas changer le monde en un jour et on ne peut pas forcer les choses. Nous devons poursuivre notre travail de sensibilisation et d’information auprès des parents, mais aussi des employeurs et du monde politique.»
La directrice du BFEG est convaincue que «nous sommes actuellement à un tournant». Les employeurs sont en train de réaliser que, l’afflux de main d’œuvre européenne étant moins important que prévu, les seules sources de main d’œuvre possible à long terme sont les femmes.
«Bien formées en général, elles occupent déjà une place dans la vie professionnelle (80% des femmes travaillent), simplement à temps partiel. Je suis convaincue que cela représente un potentiel pour les femmes et pour les employeurs.»
«Descendre la poubelle, c’est monter en estime»
D’ici là, il s’agit de poursuivre le travail de sensibilisation. «Il n’y aura véritablement égalité des chances que lorsque les pères s’investiront plus dans l’espace familial, laissant ainsi à leurs partenaires une plus grande marge de manœuvre dans le monde professionnel, selon Patricia Schultz.
Afin d’aider les conjoints, le Bureau fédéral a préparé un questionnaire permettant de dresser un bilan des activités respectives des conjoints. Chacun y comptabilise les heures passées au travail, à faire les courses, à garder les enfants, en déplacements et en temps libre. On y découvre également des adresses utiles et des conseils pour améliorer l’organisation des ménages.
Isabelle Eichenberger
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.