Swissmetal licencie ses cadres
Au 20ème jour de grève, Swissmetal a licencié lundi 21 cadres du site de Reconvilier. Ils ne se sont en effet pas présentés au siège de l'entreprise à Dornach.
A Reconvilier, la grève continue et le médiateur Rolf Bloch tente toujours de trouver une solution.
Les cadres des ateliers en grève ne se sont pas présentés lundi à 09h00 au siège de Dornach (Soleure) comme la direction l’avait exigé, explique Lucie Lusa, porte-parole du Swissmetal.
A l’exception de quelques collaborateurs qui travaillent dans les deux sites, personne n’est venu. Swissmetal a donc licencié les cadres avec effet immédiat. Les personnes concernées avaient déjà été invitées trois fois à se rendre Dornach, a relevé Lucie Lusa, ajoutant qu’il s’agissait de leur dernière chance.
L’entreprise a prononcé ces licenciements parce qu’elle considère la grève à Reconvilier (Jura bernois) comme illégale. Mais pour l’instant, les licenciements ne concernent pas les ouvriers en grève, a ajouté la porte-parole.
Le syndicat Unia conseille aux personnes visées de contester leur licenciement, a précisé Bruno Schmucki, son porte-parole. Des juristes sont en charge de l’affaire. Unia critique la manière utilisée par Swissmetal: les cadres ont en effet appris leur licenciement par les médias.
«Calmes mais déterminés»
Pour le porte-parole d’Unia, l’entreprise ne fait pas tout ce qu’elle pourrait faire pour trouver une solution au conflit: les licenciements prononcés vont à l’encontre des déclarations sur le maintien du site de Reconvilier.
«Sans cadres et sans employés, on ne maintient pas un site de production», a déploré Bruno Schmucki.
Sur place, les employés en grève sont «calmes mais déterminés». Trois camions d’une entreprise bâloise, qui devaient vraisemblablement chercher du matériel dans l’entreprise en grève, ont été bloqués le matin à l’entrée du village.
Des voitures mal parquées les ont empêchés de quitter la place de parc d’un restaurant, mais le syndicat n’y est pour rien, a précisé le porte-parole. Les poids lourds ont été «libérés» vers midi, mais ne se sont pas approchés de la fabrique.
Médiateur en action
Malgré le licenciement des cadres, Rolf Bloch, le médiateur désigné par le ministre de l’Economie Joseph Deiss, a entamé un dialogue avec toutes les parties. Il devait rencontrer dans la journée la direction de Swismetal, les grévistes et les syndicalistes.
Il entend d’abord trouver une solution afin que la grève cesse et que les discussions puissent commencer.
Les licenciements prononcés le matin ne devraient pas perturber son travail de médiateur, alors que toutes les parties se sont déclarées prêtes au dialogue.
Rolf Bloch en déduit que son intervention est la bienvenue, mais si aucune solution praticable ne se dessine, il mettra fin à sa tentative de médiation.
swissinfo et les agences
– Swissmetal fabrique des produits à haute valeur ajoutée à base de cuivre ou d’alliages cuivreux. Ses clients – qui demandent la reprise du travail – sont l’industrie électronique, l’automobile, la bureautique, l’horlogère, l’aviation et les télécommunications.
– La stratégie de la direction de Swissmetal doit mener à un renforcement de la transformation à chaud sur le site de production de Dornach. Celui de Reconvilier ne conserverait que la finition de fils et barres. Une stratégie qui coûtera de nombreux emplois.
– Appuyés par leurs cadres, les milieux politiques et toute une région, les ouvriers accusent la direction de mettre en danger un fleuron industriel. C’est aussi l’avis de nombreux clients du groupe, dont certains craignent pour l’emploi (indirect) de toute la région.
25.01.06: les ouvriers du site de Reconvilier lancent leur 2ème grève en l’espace d’un an. Ils s’opposent aux restructurations annoncées par la direction de Swissmetal à fin 2005.
09.02.06: la direction annonce la suppression de 120 places de travail à Reconvilier. Le même jour, Rolf Bloch est désigné médiateur par le ministre de l’Economie Joseph Deiss.
10.02.06: Swissmetal fait savoir qu’elle a racheté une ancienne filiale située en Allemagne.
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