Un vote qui a valeur de test
Les syndicats et la gauche ne veulent pas de la révision de l'assurance chômage. Ils estiment qu'il s'agit d'un nouveau démantèlement de l'Etat social.
Ils ont obtenu le référendum. Et misent tout sur le vote du peuple le 24 novembre.
La gauche reconnaît que la révision comporte quelques progrès par rapport à la situation existante. Les femmes enceintes seraient par exemple mieux protégées.
Toutefois, les inconvénients liés à cette révision sont, à ses yeux, beaucoup plus importants que les avantages. La baisses des prestations, notamment, est inadmissible, d’autant que les chiffres du chômage sont à nouveau à la hausse.
Un scrutin à ne pas manquer
Le président de l’Union syndicale suisse (USS) Paul Rechsteiner estime donc que la gauche est «obligée de gagner» lors des votations fédérales du 24 novembre.
Pour les milieux économiques et patronaux, ce vote a une valeur de test, estime le syndicaliste. Le but de la droite est non seulement de réduire les prestations dans l’assurance chômage, mais aussi dans les autres assurances sociales actuellement en cours de révision.
Or, en cas de refus de la loi le 24 novembre, il sera plus difficile de faire passer des coupes dans la 11e révision de l’AVS ou la prévoyance professionnelle.
Le camp bourgeois n’hésite donc pas à avoir recours à des arguments douteux, voire xénophobes, estime Paul Rechsteiner, par ailleurs conseiller national socialiste saint-gallois.
Suisses punis
Il s’indigne ainsi que l’on prétende freiner le tourisme du chômage avec cette révision de la loi: «Ce sont les Suisses qui seront punis en premier lieu si on démantèle les prestations.»
La réduction de la durée d’indemnisation frapperait les chômeurs de 40 à 55 ans, qui mettent plus de temps que les jeunes à retrouver du travail. Quant aux femmes, souvent réduites à des emplois précaires, elles seraient les premières victimes d’une augmentation de la durée de cotisation obligatoire, a encore précisé le président de l’USS.
Et d’affirmer que la Suisse est loin de se trouver en tête de liste au niveau international pour les prestations de chômage qu’elle accorde. «Mais elle est au premier rang en ce qui concerne les sanctions infligées aux chômeurs», selon lui.
Solidarité
Quant à la réduction des cotisations de 3 à 2%, elle viendra de toute façon, puisque les dettes de l’assurance chômage sont pratiquement résorbées. Pas question en revanche de supprimer le pour-cent de solidarité sur les parts de revenu entre 107 000 et 267 000 francs.
Même Pascal Couchepin a mis en garde en vain à maintes reprises les parlementaires contre cette idée qui risque de faire capoter la révision devant le peuple, a rappelé M. Rechsteiner. Pour lui, en cas de refus, il faudra introduire à titre définitif dans la loi cette mesure jusqu’à présent provisoire.
swissinfo avec les agences
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