Un roi malade à Genève
La venue du roi Fahd à Genève suscite des interrogations sur son état de santé. Très malade, le souverain saoudien ne jouirait plus que de rares moments de lucidité.
Il aura fallu six gros porteurs pour transporter lundi à Genève le monarque saoudien et sa suite. Une cour estimée à plusieurs centaines de personnes.
Agé de 80 ans, le souverain est officiellement venu en Suisse pour se reposer et aucune information n’a filtré sur l’état réel de sa santé. Un état chancelant depuis l’embolie cérébrale qui l’a frappé en 1995 et qui l’a obligé à confier la gestion du royaume au prince héritier Abdallah.
A la clinique de Genolier
Selon des sources proches des services de renseignement européens, le roi serait incapable de maintenir durablement son attention. Il serait, tout au plus, capable de marcher et de répondre à des questions simples.
Selon ces mêmes sources, le roi Fahd devrait profiter de son séjour genevois pour se rendre à la clinique de Genolier, réputée pour la qualité de ses soins.
D’autres sources, également bien informées, ajoutent que les moments de lucidité du roi seraient de plus en plus rares. Et les médecins pourraient, au mieux, maintenir la fréquence de ces instants de lucidité.
De sources bien informées, le souverain devrait séjourner de nombreuses semaines dans la cité de Calvin.
Malgré son état de santé et son retrait partiel du pouvoir, le roi Fahd devrait sans doute recevoir la visite d’un certain nombre de personnalités du monde arabe.
Yeslam Binladin et le roi
Herbert Schott, directeur de l’Intercontinental de Genève – où loge une partie des 350 personnes qui accompagnent le roi – en est persuadé.
Parmi ces personnalités, l’homme d’affaires genevois Yeslam Binladin. D’ailleurs, le demi-frère d’Oussama Ben Laden a rencontré la semaine dernière le plus jeune et le préféré des fils du roi Fahd, le prince Abdelaziz, qui était venu à Genève pour préparer le séjour de son père au bord du lac Léman.
Yeslam Binladin ne souhaite pas faire de commentaire sur cette visite. Quoi qu’il en soit, il a annulé un voyage qu’il devait faire sur la Côte d’Azur dans le cadre du Festival de Cannes.
«A la mort de notre père, rappelle Yeslam Binladin, le roi Faysal nous a dit que nous étions ses enfants.» Une manière pour l’homme d’affaires suisso-saoudien de montrer l’importance des liens qu’il entretient avec la famille royale.
Une divine surprise pour l’économie
Quoi qu’il en soit, cette visite royale constitue un événement aussi bien pour Ryad que pour Genève. C’est même la première fois que le souverain saoudien s’installe dans la luxueuse villa qu’il s’est faite construire sur les bords du lac Léman.
Une construction pharaonique qui a suscité une longue bataille judiciaire avec les voisins de l’illustre propriétaire et prolongé d’autant les travaux lancés dans les années 70. Raison pour laquelle le roi Fahd a boudé Genève durant de longues années. Et ce au grand désespoir des responsables du tourisme local.
La venue du monarque saoudien constitue donc une divine surprise pour l’économie de la région. Selon Herbert Schott, les palaces genevois ont réservé plus de 200 chambres pour loger une partie de la cour royale. Le directeur de l’hôtel Intercontinental pronostique également de réjouissantes perspectives pour les boutiques de luxe de la place.
Selon Eric Kuhne, président de la société des hôteliers genevois, l’arrivée à Genève du roi Fahd devrait également entraîner dans son sillage de nombreux touristes du Golfe.
Un phénomène renforcé par les attentats du 11 septembre, selon Herbert Schott: «Depuis ces événements tragiques, les gens du Golfe ne se sentent plus les bienvenus aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Genève qui a su adapter son offre hôtelière à cette clientèle devrait donc profiter de cette conjoncture».
swissinfo/Frédéric Burnand à Genève
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