
Sri Lanka: les Tamouls de Suisse doutent des intentions pacifiques de la présidente
Chandrika Kumaratunga, la présidente du Sri Lanka, a été réélue pour un second mandat de six ans. Elle promet, encore une fois, le retour à la paix. La communauté tamoule met en doute sa sincérité.
Chandrika Kumaratunga (à gauche), la présidente du Sri Lanka, a été réélue pour un second mandat de six ans. Elle promet, encore une fois, le retour à la paix. La communauté tamoule met en doute sa sincérité.
La communauté tamoule de Suisse ne voulait pas d’une reconduction de la présidente Chandrika Kumaratunga à la tête de l’Etat. Elle a perdu. Chandrika Kumaratunga a obtenu mercredi un deuxième mandat à la tête du Sri Lanka. Elle s’est dite déterminée à ramener la paix dans une île, en proie à une guerre civile depuis seize ans. La candidate de l’Alliance populaire au pouvoir a recueilli 51,12 pour cent des suffrages, selon les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Son principal rival, Ranil Wickremesinghe (à droite) du Parti national unifié (UNP), a de son côté obtenu 42,71 pour cent des voix. Au total, treize candidats étaient en lice.
«Nous n’attendons plus rien de la présidente. Il y aura encore plus de guerre, plus de violences tant que la communauté internationale ne fera pas pression sur les autorités», souligne Ragi Subramania, coordinateur pour la Suisse Romande de la Fédération internationale des Tamouls (FIT). Les Tamouls de Suisse, essentiellement des réfugiés au nombre de 30 000 environ, sont dubitatifs quant aux intentions pacifiques de Mme Kumaratunga. La paix avait déjà été son cheval de bataille pour la conquête de son premier mandat. Résultat, constate Ragi, jamais la guerre n’a été aussi cruelle. Et politiquement, c’est l’impasse. Pour Ragi, qui ne cache pas sa couleur politique – proche des Tigres de libération de l’Eelam tamoul en lutte pour l’indépendance – la solution doit passer par des négociations. Des négociations sans pressions militaires, entre les chefs de la guérilla et les autorités.
Bien que confortable, la victoire de Mme Kumaratunga ne lui confère pas le large mandat qu’elle voulait obtenir lorsqu’elle a convoqué l’élection présidentielle onze mois avant l’échéance. Sa victoire est beaucoup plus étriquée que celle qu’elle a remportée en 1994 avec 62 pour cent des voix. Et la tentative d’assassinat dont elle a été victime, samedi dernier, n’a eu que très peu d’impact sur les électeurs. Des électeurs, cingalais et tamouls, déçus par le fait que Mme Kumaratunga ne soit pas parvenue, comme promis, à mettre fin à la guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts.
En outre, nombre d’observateurs ont accusé le pouvoir d’avoir suscité à dessein un climat de violence durant la campagne et d’avoir recouru à la fraude. Le Centre indépendant de surveillance de la violence électorale a dénoncé «le bourrage d’urnes, des violences et des manoeuvres d’intimidation à l’encontre des électeurs».
Jugurtha Aït-Ahmed

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