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La Suisse et la Russie à la recherche d’un soutien mutuel

Le président russe Dimitri Medvedev (à droite), avec son homologue Micheline Calmy-Rey, venue en Russie pour la signature, et le ministre Johann Schneider-Ammann. Keystone

En visite à Moscou, le ministre suisse de l’Economie Johann Schneider-Ammann a rencontré mardi son homologue russe Elvira Nabioullina. Ils ont signé une «déclaration de coopération» qui vise à intensifier le «plan d’action économique» signé l’année dernière.

Dans ce plan d’action, la Suisse offre son expertise en matière d’industrie et de recherche dans la mise à jour des infrastructures et de l’économie russes.

 

«Je suis convaincu qu’avec sa structure économique moderne, son expérience, son savoir-faire et ses produits technologiques innovants, la Suisse peut être un partenaire intéressant pour seconder la Russie dans ses efforts ambitieux de modernisation», a déclaré le conseiller fédéral lundi devant la Chambre de commerce de Moscou, lors de sa visite de quatre jours en Russie.

A l’issue de la cérémonie de signature, il a ajouté qu’il restait aux entrepreneurs suisses à trouver des partenaires et à entrer sur le marché russe. Selon Johann Schneider-Ammann, cette coopération devrait permettre de préserver des emplois en Suisse.

Objectifs suisses

Cette visite d’Etat visait à soutenir les réformes économiques en évitant toute interférence politique. Concrètement, elle était constituée d’une délégation commerciale ainsi que de représentant du Technoparc et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich pour une visite du parc industriel de Skolkovo, en construction dans les environs de Moscou.

Mais il s’agit clairement aussi pour la Suisse de favoriser l’entrée de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec laquelle Moscou est en discussion depuis vingt ans, sans résultat pour l’instant.

Johann Schneider-Ammann a indiqué que la stratégie internationale de la Suisse inclut l’encouragement de la reconnaissance des réglementations commerciales internationales et de «l’intégration du plus grand nombre possible de pays dans l’économie globale».

L’entrée de la Russie à l’OMC impliquerait un abandon partiel des mesures protectionnistes en faveur de son industrie domestique, ce qui aiderait les entreprises helvétiques à pénétrer le marché russe.

En outre, une telle réforme faciliterait la conclusion de l’accord de libre-échange qui est actuellement en négociation entre l’Association européenne de libre-échange (AELE), dont la Suisse est membre, et l’union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan.

L’adhésion de la Russie à l’OMC n’est pas a priori une condition pour la conclusion de l’accord de libre-échange, mais elle faciliterait le processus.

Soutien russe

Parallèlement, la Suisse demande à la Russie de soutenir le maintien de son siège au conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI). La Suisse y représente les intérêts de l’«Helvétistan», groupe de pays de l’ex-bloc de l’Est (Azerbaïdjan, Kirghizstan, Pologne, Serbie, Tadjikistan, Turkménistan et Kazakhstan).

De plus, Johann Schneider-Ammann a demandé à la Russie d’aider la Suisse à intégrer le G20 des nations les plus puissantes du monde, dont la Russie occupera la présidence en 2013.

«Si nous ne pouvons pas obtenir un siège, nous pensons que la Suisse doit au moins avoir la possibilité de participer aux discussions préparatoires, comme ce fut le cas cette année sur invitation de la France», a précisé le ministre suisse de l’Economie.

L’enjeu est tel pour la Confédération que la présidente Micheline Calmy-Rey a rejoint son collègue du Conseil fédéral cette semaine en Russie afin de s’entretenir avec le président Dimitri Medvedev. Les deux présidents étaient en effet présents lors de la signature de l’accord de coopération.

Programme de réformes

Sous la présidence de Dimitri Medvedev, la Russie s’est lancée dans un vaste programme de réformes visant à moderniser son infrastructure énergétique, à réduire sa dépendance vis à vis du gaz et du pétrole, et à favoriser la démocratie en diminuant le poids de l’Etat dans l’économie.

Ce projet suscite un certain scepticisme en Russie comme à l’étranger, parce qu’il suppose que l’élite politique lâche une partie de son pouvoir et, donc, les avantages sonnants et trébuchants que cela suppose.

«L’influence du gouvernement a dramatiquement augmenté dans tous les domaines durant les 10 dernières années», analyse Vladimir Kouznetsov, un des responsables du groupe russe Renova et administrateur de l’entreprise suisse Sulzer.

«En ce moment, le sommet de l’establishment politique reconnaît que cette situation devient contreproductive en matière d’efficacité, de transparence de l’économie et de lutte contre la corruption. Mais une diminution du rôle du gouvernement dans l’économie ne peut se faire en un jour, parce qu’il s’agit d’une grande machine qui a sa vie propre», ajoute M. Kousnetzov.

A l’issue de ses entretiens avec les autorités russes, Johann Schneider-Ammann a admis lui aussi que les réformes ne seront pas faciles. «Les ministres que j’ai rencontrés sont conscients de ces problèmes, a-t-il déclaré mercredi à l’issue de sa visite. Mais il leur faudra du temps pour les régler».

Le chef du département de l’Economie Johann Schneider-Ammann a effectué une visite officielle de 4 jours en Russie, du 10 au 13 juillet, à la tête d’une délégation économique de 20 personnes.

Lundi, il s’est entretenu avec le vice-premier ministre Alexandre Joukov ainsi qu’avec le ministre de l’Industrie et du Commerce Viktor Khristenko. Les entretiens ont porté sur l’entrée de la Russie à l’OMC et la présence de la Suisse au G20 en 2013.

Mardi, il a rencontré le ministre du Sport, du Tourisme et de la Jeunesse Vitali Moutko à propos de la participation des entreprises suisses à la préparation des Jeux olympiques d’hiver 2014 ainsi que de la Coupe du monde de football en 2018.

Toujours mardi, il a demandé à son homologue russe Elvira Nabioullina de soutenir le maintien du siège suisse au conseil d’administration du FMI. Ils ont signé un communiqué commun portant sur une assistance suisse à la modernisation de l’économie russe.

De son côté, la présidente de la Confédération et ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a rejoint son collègue mercredi à Moscou pour l’inauguration d’une nouvelle usine d’Holcim en compagnie du président Dmitri Medvedev.

Le commerce bilatéral a augmenté depuis la crise financière.

En 2010, les exportations suisses en Russie ont augmenté de 26% à 2,6 milliards de francs et les importations de 41% à un milliard.

Les investissements suisses en Russie ont atteint 6,2 milliards de francs en 2009 et employé 75’000 personnes.

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