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Pleins feux sur l’Académie militaire suisse

Les cours de formation linguistique de l’Académie militaire sont importants pour l’insertion des officiers à l’étranger. HKA

Pour les Suisses, l’armée est élément de stabilité et non pas un Etat dans l’Etat, du fait que les soldats sont eux-mêmes des citoyens, affirme Daniel Lätsch, directeur de l’Académie militaire aujourd’hui centenaire. Pour lui, une armée de métier serait impensable dans ce pays.

Beaucoup de gens ne savent pas que la Suisse possède une Académie militaire (MILAK), abritée par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), et pourtant celle-ci fête cette année son centième anniversaire. Son directeur, le brigadier Daniel Lätsch, insiste sur le fait que l’armée suisse est une armée de milice. «Sur un effectif théorique de 120’000 soldats actifs, seuls 800 environ sont officiers de carrière. Par conséquent, rares sont les officiers qui suivent l’Académie militaire», dit-il.

«Pourtant l’Académie militaire a sa place depuis longtemps au sein des cercles miliaires et des sciences militaires, car nous proposons d’excellents travaux de recherches en sciences militaires et une formation concrète tout aussi bonne.»

La formation de trois ans se fait au sein de la faculté des sciences sociales et humaines de l’EPFZ, et de la faculté des sciences militaires. Elle comprend aussi un stage. Elle mène à un diplôme académique reconnu dans le système d’études européen de Bologne.

«La MILAK a, de ce fait, un pied aussi bien dans le domaine scientifique, puisqu’elle fait partie de l’EPFZ, que dans le domaine militaire, étant donné qu’elle est intégrée à l’armée», explique Daniel Lätsch.

La Guerre froide

L’armée suisse a été marquée durant des décennies par la Guerre froide. En dépit de sa neutralité, elle était tout de même relativement proche de l’alliance militaire occidentale de l’OTAN et était assez unilatéralement orientée contre le bloc de l’Est. Ceci était-il visible au sein de la MILAK. Etait-elle «idéologiquement» orientée?

L’Armée suisse, et par conséquent l’Académie militaire, s’est toujours engagée à rester neutre, souligne le Brigadier Lätsch. «Le fait que les armées du bloc de l’Est aient été perçues comme des menaces durant la guerre froide n’est, par contre, pas un secret. Nos règlements à propos de l’ennemi correspondaient essentiellement à une description des armées soviétiques.»

Les armées s’étaient alignées en fonction des menaces et des risques possibles. «Les orientations de l’époque vis-à-vis des armées soviétiques étaient alors plutôt relatives à la menace qu’elles représentaient qu’à leur idéologie», selon Daniel Lätsch.

Une garantie de stabilité

Après la chute du bloc soviétique à la fin des années 1980, la Suisse a procédé à un réajustement en matière militaire, passant d’un concept de défense nationale à celui de maintien de la paix.

«L’importance de la défense nationale a clairement perdu de son importance. Notre armée doit toutefois encore aujourd’hui être en mesure de protéger notre pays et sa population. Le maintien de la paix se fait avant tout à l’intérieur de nos propres frontières. Et c’est avec une armée capable de garantir la stabilité que la paix est la mieux servie», affirme le directeur de la MILAK.

«C’est pourquoi nos officiers doivent pouvoir se battre et se défendre. Mais nous formons aussi nos officiers de manière à ce qu’ils puissent sortir vainqueurs d’opérations ayant pour but de promouvoir la paix.»

En Suisse et à l’étranger

La MILAK a aujourd’hui le droit de préparer les officiers de métier aux fonctions de direction et de formation aussi bien en Suisse qu’à l’étranger.  «C’est pourquoi ils ont le devoir d’avoir une base solide en sciences militaires et une bonne formation générale», comme l’explique Daniel Lätsch.

La formation ne se réduit donc pas à une formation de base, mais elle prévoit aussi un d’accompagner le parcours professionnel. Le catalogue des matières s’étend des relations internationales, du droit public et de la politique de la sécurité, aux cours de commandement, de tactique et de méthodologie de la formation, en passant par la stratégie, la sociologie militaire, la psychologie militaire et l’histoire militaire.

«Nous nous intéressons aussi de manière intensive au management du personnel, au développement personnel et au diversity management. De manière générale, nous offrons donc des études ambitieuses que tout dirigeant et diplomate se plairait à suivre», dit Daniel Lätsch.

Et la promotion de la paix?

Les opérations de promotion de la paix ont toujours été un enjeu pour la MILAK, «mais elles n’en sont pas le centre de gravité», précise le  Brigadier Lätsch. «Aussi bien dans la défense moderne que dans les opérations de promotion de la paix, les officiers doivent pouvoir agir dans les circonstances les plus difficiles.»

Dans les actions à l’étranger, il est en outre nécessaire de savoir parler anglais et d’adopter une attitude ouverte et constructive à l’égard d’autres cultures. «Ces deux exigences  sont prises en compte au cours de la formation», dit Daniel Lätsch.

Une armée de milice

Une armée de métier serait-elle imaginable pour la MILAK, ou l’armée de milice est-elle nettement préférable? «Une armée de métier n’est pas un modèle envisageable pour la Suisse», répond le brigadier.

«Nous ne pourrions guère recruter plus de 10’000 soldats, d’une part parceque, par chance, notre taux de chômage est trop bas,  et d’autre part parce que les niveaux de formation et de salaire sont trop élevés», ajoute-t-il.

L’armée de milice a, quant à elle, l’avantage que des dirigeants du secteur privé peuvent faire bénéficier l’armée de leur expérience. Quant aux entreprises, elles bénéficient en retour de la formation et de l’expérience en matière de direction que leurs cadres peuvent acquérir à l’armée, estime le directeur Daniel Lätsch.

Centenaire. L’Académie militaire (MILAK) de l’Ecole polytechnique de Zürich (EPFZ) est l’établissement d’enseignement pour les officiers de métier de l’armée suisse. L’anniversaire de son centenaire a été célébré à l’EPFZ lors de festivités  auxquelles ont pris part des membres de l’armée et de la formation, mais aussi des invités politiques et économiques.

Même plus. L’histoire du développement de la MILAK s’étend en fait sur 125 ans. Le Conseil fédéral a pris la décision, le 26 octobre 1877, d’ouvrir un «service militaire» à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Depuis 1877 la formation en sciences militaires des officiers de métier fait partie des cursus proposés par l’EPFZ. La première école militaire a été formée au semestre d’automne 1911.

Ulrich Wille. Autour du tournant du siècle, l’idée de mettre en place une véritable formation spécialisée pour l’instruction des officiers s’est imposée. Un des partisans les plus influents de cette nouvelle conception de la formation était le futur Général Ulrich Wille (1848-1925). Il a été professeur depuis 1909, puis, de 1909 à 1913, directeur de la section militaire.

Instruction. Le 27 mars 1911, le Conseil fédéral a décidé de créer des écoles militaires pour les officiers d’instruction des troupes combattantes. Après trois ans d’essais, les candidats avaient su faire preuve de leurs compétences théoriques et pratiques pour le métier d’enseignants militaires.

Chaire. Un premier changement dans la structure de l’école militaire est intervenu au milieu des années 80 avec l’introduction d’une véritable chaire de politique de sécurité et de recherche sur la paix et les conflits.

Modernité. Un deuxième stade de développement a été franchi au début des années 90 avec la transformation de l’ancienne Ecole militaire en une formation moderne de commandement militaire.

Académie. Depuis le 1er juin 2002, l’Ecole supérieure militaire a pris le nom d’Académie militaire (MILAK) à l’EPFZ.

Traduction-adaptation de l’allemand: Xavier Pellegrini

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