Négociations de Genève: la paix en Syrie est-elle possible?
Une sixième série de négociations sur la Syrie a commencé ce mardi à Genève. Objectif: mettre fin à six années d’une guerre meurtrière. Mais de quoi les parties vont-elles discuter et pour quels résultats?
Qui est à Genève pour ce sixième «round» de négociations?
Comme lors des dernières négociations du 23 au 31 mars, il y aura des délégations du gouvernement syrien et de l’opposition. L’opposition est représentée par le Haut Comité pour les négociations (HCN) soutenu par l’Arabie saoudite, par le groupe du Caire et de Moscou, ainsi que des membres de l’opposition tolérés par le régime. Les pourparlers sont menés sous l’égide de l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Quels seront les sujets de discussions?
Les précédentes négociations avaient porté sur la question de savoir si le président syrien Bachar al-Assad devait faire partie ou non d’un gouvernement de transition. Toutefois, l’émissaire de l’ONU a persuadé les parties au conflit de se concentrer sur d’autres points. Quatre thèmes doivent être abordés: un gouvernement de transition, une nouvelle Constitution, des élections contrôlées par l’ONU et la lutte contre le terrorisme, comme le prévoit la résolution 2254 du Conseil de sécuritéLien externe.
Les négociations de paix sur la Syrie n’ont-elles pas également lieu à Astana, au Kazakhstan?
Deux processus sont effectivement en cours. Staffan de Mistura et son équipe veulent maintenir et développer le processus de Genève, parallèlement à celui d’Astana dirigé par la Russie, la Turquie et l’Iran. Pour l’émissaire de l’ONU, les deux dispositifs sont complémentaires.
En décembre dernier, la Russie, la Turquie et l’Iran se sont réunis dans la capitale kazakhe et se sont mis d’accord sur un cessez-le-feu en Syrie. Début mai, les trois pays ont conclu un accord qui prévoit une désescalade entre gouvernement et rebelles dans quatre zones de conflit.
Le régime syrien affirme qu’il respectera les termes du plan russe mais des groupes armés de l’opposition l’ont déjà rejeté. La violence a quelque peu diminué après la désignation des zones de désescalade la semaine dernière. Mais des combats importants persistent. Avec l’aide des forces aériennes russes et le soutien de milices iraniennes, les troupes de Bachar al-Assad ont gagné du terrain sur la rébellion armée près de Damas, la capitale syrienne.
Quelles sont les chances de réussite du processus de paix de Genève?
Staffan de Mistura espère que l’accord d’Astana permettra «une désescalade significative de la violence et contribuera à façonner un environnement propice aux négociations politiques intra-syrienne à Genève.» Il admet toutefois que «des différences substantielles» persistent.
De son côté, le président syrien a toutefois qualifié les négociations de Genève de «rencontre pour les médias». «Il n’y a rien de substantiel», a-t-il déclaré à la télévision biélorusse. Quelque 80 journalistes sont attendus dans la cité de Calvin, au lieu des 140 qui ont couvert les rencontres précédentes.
Staffan de Mistura n’a pas souhaité commenter les remarques de Bachar al-Assad. Il a toutefois répliqué: «Pourquoi Assad enverrait-il une quinzaine d’officiels sous l’égide d’un diplomate expérimenté [Bachar al-Jaafari] s’il ne croyait pas à l’intérêt du processus politique? Les rencontres avec la délégation syrienne sont bien plus substantielles que ce qui est dit devant les caméras. Les faits le prouveront.»
Aron Lund, un chercheur de la fondation américaine Century se montre plus critique: «Malgré leur forte valeur symbolique, les pourparlers de Genève ne progressent pas de manière visible.» Il estime que dans la pratique Astana a largement éclipsé Genève, du moins jusqu’à maintenant.
Le carte ci-dessous montrent où les négociations ont lieu à Genève et où se trouvent les délégations respectives.
L’opposition et le gouvernement vont-ils se rencontrer à Genève?
Non, Staffan De Mistura préfère les discussions séparées. Il fera la navette entre les deux parties installées dans des pièces différentes du Palais des Nations à Genève.
Cette fois, les discussions seront toutefois un peu différentes. «Les salles de réunions seront plus petite et les rencontres plus interactives, proactives et fréquentes.»
Quelle est la situation sur le terrain en Syrie?
Avec l’aide de la Russie et de l’Iran, le gouvernement syrien a pris le dessus dans le conflit. Les efforts déployés l’an dernier pour mettre fin à la guerre ont été vains. Depuis mars 2011, 320’000 personnes ont été tuées dans les combats et une grande partie du pays est en ruine. Environ 4,9 million de Syriens ont fui leur pays et plus de six millions sont des déplacés internes. Selon l’ONU, quelque 625’000 personnes vivent dans des zones assiégées, dont 80% par les forces du régime. A cela s’ajoute que l’aide humanitaire est difficile à acheminer.
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