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Réaliste, la 5e Suisse approuve le passeport biométrique

La session de printemps du CSE se tient traditionnellement au parlement cantonal bernois. Keystone

La représentation politique des Suisses de l'étranger et le passeport biométrique ont été au centre de la session de printemps du Conseil des Suisses de l'étranger (CSE), samedi à l'Hôtel de Ville de Berne.

A 43 voix contre 16, (3 abstentions), le «Parlement de la 5e Suisse» a fini par suivre le comité et approuver le projet gouvernemental de passeport biométrique, soumis à votation le 17 mai prochain.

Les opposants ont occupé une place de choix dans les échanges animés dont a fait l’objet cette question complexe entre la centaine de délégués installés dans les travées du parlement cantonal bernois.

«Strip-tease dans les aéroports»

C’est surtout la base centrale de données biométriques ISA qui a posé problème aux défenseurs de la sphère privée. «Je frisonne d’horreur à l’idée d’être suivi pas à pas, totalement et en permanence pendant mes voyages», a lancé l’un de ceux-là.

«Dans les aéroports, il faut déjà enlever sa ceinture et ses chaussures, et voilà que, peut-être, il nous faudra bientôt aller encore plus loin dans le strip-tease», a protesté un autre, pour vilipender le «tonneau sans fin des exigences sécuritaires» des Etats-Unis depuis les attentats de 2001.

Ou encore: «On nous jure que l’accès au fichier central de données biométriques sera très difficile, mais qui nous dit que la Suisse n’en ouvrira pas l’accès aux Américains dès qu’ils le demanderont, comme dans l’affaire d’UBS et du secret bancaire?»

D’autres ont avancé l’argument du coût élevé et la difficulté d’accès (il faudra se déplacer) du nouveau document pour les familles.

Un «faux problème»

A l’arrivée, c’est probablement le réalisme qui l’a emporté: après les effets de manches, certains des plus ardents détracteurs du passeport biométrique ont fini par… l’approuver!

Un verdict qui pourrait se résumer par l’intervention d’une déléguée française: «Nous sommes déjà fichés sous toutes les coutures dans notre quotidien. Refuser ce document, c’est vouloir se cacher derrière son petit doigt, car le combat est perdu d’avance.»

Quelques délégués n’ont pas manqué de relever la «totale contradiction» entre les arguments des deux députés venus défendre leur position à propos des conséquences du «non» le 17 mai prochain, surtout en ce qui concerne les relations bilatérales et Schengen.

Qui dit vrai?

La démocrate-chrétienne Thérèse Meyer-Kaelin a défendu le projet gouvernemental en assurant qu’un ‘non’ signifierait la suspension ou la rupture des accords».

Pour le socialiste Carlo Sommaruga, au contraire, «il suffit que la Suisse demande la mise en œuvre d’une commission mixte pour obtenir un délai pour rédiger une nouvelle loi compatible avec Schengen».

Qui dit vrai? Un orateur a estimé qu’il est «très difficile de savoir» et que «faire cavalier seul risquerait d’interrompre le processus de libre-circulation» entre la Suisse et l’UE.

Quoi qu’il en soit, l’OSE recommande le «oui» au passeport biométrique et va s’attacher à obtenir du Conseil fédéral qu’il tienne sa promesse. Une promesse qui consiste à «équiper toutes les représentations suisses à l’étranger des moyens techniques pour la saisie des données biométriques», selon la résolution également adoptée à une forte majorité samedi à Berne.

La représentation: un serpent de mer

«D’agréables bains chauds suivis de douches froides.» C’est en termes fleuris que le président de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE), Jacques-Simon Eggly, a résumé son rapport depuis la dernière réunion du «parlement» des Suisses de l’étranger, en août dernier.

Et le président de rappeler la coupure de budget de la «Revue Suisse» d’un demi-million de francs à la demande du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), afin d’économiser 500’000 francs sur le budget global de la revue qui était, avant réduction, de 1,85 millions.

Et puis bien sûr, la «déception» du rejet, le 3 mars par la Chambre des cantons, de l’initiative du socialiste genevois Carlo Sommaruga qui aurait conduit à la création d’un 27e canton suisse représentant les expatriés.

Un Carlo Sommaruga qui ne se décourage pas: «Le fait que la Chambre du peuple ait, elle, approuvé le projet est quand même un signal positif pour la représentation institutionnelle des Suisses de l’étranger», a-t-il relevé.

L’OSE a du reste constitué en automne 2008 un groupe de réflexion chargé de présenter des propositions concrètes et approfondie pour la session de mars 2010 du CSE. Ce groupe, présidé par la conseillère nationale Thérèse Meyer-Kaelin, planche sur une position commune et un plan d’action.

Appel du pied aux partis

«En attendant un changement constitutionnel qui prend des siècles, a lancé avec pragmatisme un délégué, préparons dès maintenant les élections fédérales de 2011 car nous devons impérativement obtenir des places sur les listes de candidats.»

Non sans malice, un autre intervenant a appelé «les autres partis à méditer sur le fait que l’Union démocratique du Centre (UDC, droite conservatrice) a été le parti le plus ouvert aux candidats de la 5e Suisse lors des dernières élections de 2007».

swissinfo, Isabelle Eichenberger à Berne

Le CSE est l’organe suprême (le parlement) et le porte-parole officiel de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).

Il représente les intérêts des Suisses de l’étranger face aux autorités et à l’administration en Suisse.

Il se réunit deux fois par an – au printemps et en été, en même temps que le Congrès annuel de l’OSE – pour prendre position sur les questions politiques touchant la Cinquième Suisse.

Le Conseil est composé de 130 représentants des communautés suisses du monde entier et de 40 membres de l’intérieur.

Le prochain Conseil se tiendra lors du 87e Congrès de l’OSE, du 7 au 9 août 2009 à Lucerne sur le thème: «Les suisses de l’étranger, une richesse pour notre pays?»

1992: la Confédération introduit le droit de vote par correspondance au niveau fédéral pour les citoyens suisses résidant à l’étranger.

Le nombre d’expatriés inscrits sur les registres électoraux a passé de 15’000 en 1992 à plus de 120’000 en 2008.

Ces derniers peuvent se porter candidats dans tous les cantons pour être élus à la Chambre basse. En revanche, seuls 11 cantons leur accordent le droit de se faire élire à la Chambre haute.

Lors des délections fédérales de 2007, plus de 40 expatriés étaient candidats à la Chambre basse, mais aucun n’a été élu.

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