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Premiers pas en vue d’une meilleure protection de la biodiversité

La protection de la biodiversité sous la loupe des députés (image symbolique). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) La faune et la flore devraient être mieux protégées. Malgré l’opposition d’une partie du camp bourgeois, le National est entré en matière mardi sur le contre-projet à l’initiative dite biodiversité. Il y a aussi apporté quelques premières modifications.

Face au déclin de la biodiversité, le Conseil fédéral entend agir. Il ne veut pas aller aussi loin que l’initiative, mais propose de protéger 17% de tout le territoire suisse contre seulement 13,4% actuellement. Les aires de protection devraient aussi être mises en réseau. Il s’agit de garantir les habitats de la faune et la flore.

Aires de biodiversité

Elément central du contre-projet, l’infrastructure écologique a été longuement discutée. Contre l’avis de leur commission, les députés ont refusé d’inscrire un objectif chiffré pour les aires de protection dans la loi. A la place, ils ont adopté par 100 voix contre 91 et deux abstentions une proposition apartisane, qui entend privilégier la qualité sur la quantité.

Elle introduit le concept d’aires de biodiversité. “L’idée est d’y faire cohabiter différents intérêts, comme l’agriculture ou des projets d’énergie renouvelables”, a expliqué Ursula Schneider Schüttel (PS/FR). La ministre de l’environnement Simonetta Sommaruga s’y est même ralliée.

La proposition apparait comme un compromis. La part de 17% d’aires de protection était contestée aux deux bouts de l’échiquier. Le camp rose-vert plaidait pour des objectifs plus ambitieux. “Une part de 17% n’est clairement pas suffisante pour protéger la biodiversité”, a jugé Delphine Klopfenstein Broggini (Vert-e-s/GE).

Il faut mettre en place 30% d’aires protégées pour assurer une protection à long terme, estime-t-elle, se référant à plusieurs études. La part d’aires protégées n’augmente que de 2% sur cent ans actuellement. “Il faut une véritable volonté politique.”

Enrayer la perte de biodiversité

Outre la suppression de l’objectif de 17%, l’UDC aurait elle également voulu lutter contre le reboisement et le retour en friche des surfaces agricoles. La mise en réseau grâce à des corridors verts ne laisserait plus de place à l’être humain, a estimé Michael Graber (UDC/VS).

Les populations d’espèces prioritaires et menacées ont besoin de plus d’espace. “Un réseau fonctionnel d’aires protégées est essentiel pour enrayer la perte rapide de biodiversité en Suisse”, a opposé Christophe Clivaz (Vert-e-s/VS) pour la commission, qui s’est retrouvée bien seule à soutenir la proposition gouvernementale.

Craintes pour les agriculteurs

L’opposition au projet dans son ensemble est principalement venue de l’UDC et du Centre. Leurs élus craignaient une amende salée pour les agriculteurs, les seuls à devoir passer à la caisse. Ils perdraient des terres cultivables et la sécurité alimentaire du pays serait mise en péril, selon eux. Ils n’ont toutefois pas réussi à enterrer le projet, ni à éviter une mise en réseau des aires de protection.

“Opposer l’agriculture à la biodiversité ne fait aucun sens”, a pointé la ministre de l’environnement Simonetta Sommaruga, tentant d’écarter les inquiétudes de chacun. “L’agriculture joue un rôle très important pour la biodiversité, et la biodiversité est tout aussi importante pour l’agriculture.”

Faute de temps, les débats ont dû être interrompus. Ils se poursuivront mercredi matin.

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