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Retour en Argentine chorégraphié par la caméra

La chorégraphie du film a été inspirée des souffrances de Silvia Hodgers. Festival interantional du cinéma documentaire à Nyon

Dans le cadre du Festival international du cinéma documentaire à Nyon, Raphaëlle Aellig et Norbert Wiedmer présentent un film prenant sur le retour d'une chorégraphe militante en Argentine, après 25 ans d'exil à Genève.

En présence de la chorégraphe Silvia Hodgers et des auteurs, le film «Un retour en Argentine» est présenté à Nyon, vendredi 27 avril à 13h30, au Capitol 1 et samedi 28 avril, à 9h, au Cinémobile.

Oui, il s’agit bien de la journaliste et présentatrice du Téléjournal, Raphaëlle Aellig, qui a tourné ce document intitulé «Juntos – un retour en Argentine». Une production qui a été soutenue par la Télévision suisse romande.

L’œuvre est construite sur trois tableaux cinématographiques: le coup d’Etat militaire de 1976 en Argentine, le retour de l’héroïne Silvia Hodgers à Buenos Aires et la création de sa chorégraphie inspirée de ses souffrances et persécutions endurées en tant que prisonnière.

En effet, Silvia Hodgers est arrêtée en 1971. Et passera deux ans en prison à Buenos Aires, puis dans le sud de l’Argentine. Car, elle est aussi militante pour le parti révolutionnaire du travail (l’ERP), à partir de 1969. Un mouvement marxiste engagé dans la guérilla urbaine.

Fort heureusement, en mai 1973, Silvia Hodgers bénéficie d’une libération, sous la pression populaire. Comme d’ailleurs d’autres opposants péronistes. Mais la peur ne l’a pas quittée et Silvia Hodgers entre dans la clandestinité.

En 1976, c¹est au tour de son mari, le professeur Hector Fernandez Banos, d’être arrêté. Jamais il ne réapparaîtra. Silvia Hodgers se retrouve alors avec deux enfants sur les bras: un fils, Antonio et une fille, Violetta.

Par l’entremise d’amis suisses, Silvia Hodgers décide de s’installer en Suisse en 1981, pour un exil réparateur et grâce au statut de réfugiée politique. Aujourd’hui, elle travaille comme professeur de danse au Conservatoire de Genève.

Récemment, les cinéastes Raphaëlle Aellig et Norbert Widmer ont décidé d¹accompagner Silvia Hodgers dans son retour en Argentine. Où la chorégraphe militante cherche à recomposer son passé argentin, en croisant, ici et là, d’anciens camarades.

Surtout, Silvia Hodgers tente de savoir si elle pourrait revivre dans son pays, l’Argentine. Se mêlent alors dans son monde intérieur les souvenirs et le présent de sa vie.

C’est une femme déchirée, dont la souffrance alimente sa chorégraphie: Une danseuse répète inlassablement des mouvements brusques et saccadés de va-et-vient sur une chaise, comme une suspecte assaillie par un brutal interrogatoire dans un poste de police.

Malgré la violence sous-jacente, le film respire la grandeur d’âme de Silvia Hodgers. Ses grands yeux ouverts sur la liberté. Derrière des lunettes qui la protègent du trop plein de sentiments qui l¹envahissent à chacune de ses rencontres, à Buenos Aires.

«Pour que toutes ces années de terreur d’Argentine ou d¹ailleurs restent à jamais gravées dans les mémoires et ne se reproduisent plus, il faut les raconter, proclame la chorégraphe et militante, Silvia Hodgers. Avec des mots ou des images. Peu importe, l’important est que cela se sache!»

Emmanuel Manzi

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