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Les glaciers suisses poursuivent leur recul

Le Morteratschgletscher est l'un des 8 glaciers à progresser. Keystone

La grande majorité des glaciers suisses ont continué de reculer pendant les deux dernières années, indiquent les spécialistes.

Ce qui pourrait s’expliquer par une autre étude, selon laquelle des «vagues de chaleur» hivernales frappent de plus en plus souvent les Alpes suisses depuis 1970.

La Commission glaciologique de l’Académie suisse des sciences naturelles poursuit son observation du toit de la Suisse. Elle a annoncé lundi que les relevés disponibles pour 90 des 110 glaciers observés indiquent que 75 d’entre eux ont reculé au cours de la période d’observation 2003/2004.

Pour 7 autres, la longueur est restée stationnaire et pour les 8 derniers, une légère progression a été enregistrée, indique encore l’Académie.

Les valeurs maximales enregistrées indiquent un recul de 134 m. au Triftgletscher (Berne) et une progression de 10 m. au Morteratschgletscher (Grisons).

Le recul du Triftgletscher, qui est de loin le plus marqué, est à mettre en relation avec le lac qui entoure la langue du glacier. Plus généralement, ces progressions ne correspondent donc pas à une réelle poussée du glacier en réaction à un temps plus froid et à des précipitations plus abondantes.

Bilans de masse

Des bilans de masse ont également été établis pour trois glaciers situés en Valais, aux Grisons et au Tessin. Mesurant la différence entre l’apport de neige et la perte de glace, ces bilans reflètent les conditions climatiques de l’année précédente.

Les glaciers situés en Valais et au Tessin ont ainsi connu une perte de masse. Une légère augmentation a été constatée pour celui des Grisons. Mais des différences régionales de cet ordre ont souvent été relevées ces dernières années, note la commission.

Les glaciers reculent depuis la fin du «Petit âge glaciaire», soit depuis le milieu du 19e siècle, a rappelé Andreas Bauder, membre de la Commission glaciologique. Une tendance qui se poursuivra au cours de ces prochaines années.

Des écarts de température

Une autre étude, de l’Université de Fribourg, parue dans le numéro de janvier de la revue scientifique américaine Geophysical Research Letters, indique que des écarts de températures diurnes, jusqu’à 16,2 degrés supérieurs aux normales de l’hiver, ont été enregistrés dans les Alpes.

«Ils ont augmenté substantiellement en fréquence durant tout le 20e siècle», a expliqué l’auteur de l’étude, le professeur Martin Béniston. Depuis la fin des années 1960, cette tendance est même allée croissante, tant en fréquence qu’en intensité.

Contrairement aux canicules, ces écarts de températures ne sont en général pas considérés comme des événements extrêmes, car ils n’ont pas d’effets immédiats sur la santé, l’agriculture, l’eau ou encore la demande en énergie, note M. Béniston.

Impacts négatifs



Or en réalité, ils sont supérieurs à ceux observés durant les vagues de chaleur estivales, y compris celle de l’été 2003. Tout comme les canicules de l’été, «ils peuvent avoir des impacts négatifs au plan environnemental et socio-économique», relève le scientifique.

Durant ces périodes, les précipitations deviennent anormalement basses et le manteau neigeux diminue. Ce qui affecte les réserves d’hydroélectricité, les ressources en eau et les revenus des stations de ski.

swissinfo et les agences

Sur 90 des 110 glaciers observés, que 75 d’entre eux ont reculé au cours de la période d’observation 2003/2004.
7 sont restés constants et 8 présentent une légère progression.
Les mesures indiquent un recul de 134 m. au Triftgletscher (Berne) et une progression de 10 m. au Morteratschgletscher (Grisons).

– L’étude de l’Université de Fribourg se base sur des relevés de 10 stations de MétéoSuisse, situées entre 1000 et 3600 m. d’altitude.

– Un modèle prospectif prévoit, en cas d’augmentation de la température mondiale de 4 à 5 degrés, une hausse de 30% des vagues de chaleur hivernales pour la période 2071-2100 par rapport aux trois dernières décennies du 20e siècle.

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