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Skype, un casse-tête pour les autorités judiciaires

Skype permet d'appeler via Internet dans le monde entier. Keystone

Le logiciel Skype permet de téléphoner dans le monde entier via Internet en mode crypté. Un avantage dont les criminels sont toujours plus nombreux à tirer parti.

Ce contenu a été publié le 08 octobre 2007 - 11:09

Selon une enquête de l'agence de presse AP, la justice helvétique a connaissance d'une douzaine de cas dans le domaine du trafic de drogue. Et bien qu'elle affirme le contraire, l'entreprise Skype n'est pas particulièrement coopérative.

«Passons sur Skype!» De phrases telles que celle-ci, surprise dans une conversation sur téléphone portable entre un trafiquant de drogue présumé et son interlocuteur, les autorités judiciaires bernoises en ont déjà entendues des dizaines.

Et pour les policiers, ce type de phrase veut généralement dire qu'ils n'en sauront pas davantage. Les conversations d'ordinateur à ordinateur via Skype ne passent en effet pas par un serveur central. Et même si un échange entre deux criminels pouvait être saisi, les données ne pourraient pas être décodées, puisque Skype utilise des protocoles de cryptage fermés pour sécuriser son trafic.

Selon le juge d'instruction bernois Matthias Stoller, la majeure partie des appels téléphoniques via Skype sont adressés à un correspondant outre-Atlantique, souvent en Amérique du Sud. De très grosses affaires de trafic de cocaïne sont généralement en cause. Mais Matthias Stoller n'en dira pas plus, car des enquêtes sont actuellement en cours.

Pour le trafic de drogue

A Zurich, les autorités judiciaires sont confrontées au même problème, comme le confirme Christoph Winkler, procureur en charge des délits contre la loi sur les stupéfiants et le crime organisé dans le canton. «Les criminels savent que la police a de la peine à surveiller Skype», indique-t-il.

Le fait que ce soit avant tout les trafiquants de drogue qui aient recours à Skype n'est selon lui pas un hasard: il s'agit d'un domaine dans lequel la police utilise fréquemment l'écoute téléphonique.

Chef du groupe de travail «Surveillance des communications» à la police zurichoise, Bernhard Weder estime lui aussi que l'utilisation criminelle de Skype n'est pas surprenante. Ce logiciel est en réalité problématique pour les autorités de surveillance du monde entier.

Formé de représentants des cantons, de la Confédération et des principaux opérateurs de téléphonie, le groupe de travail qu'il dirige a pour but de rendre possible le contrôle de la téléphonie par Internet à des fins de surveillance policière.

Skype peu coopérative

En ce qui concerne Skype cependant, le défi s'annonce particulièrement difficile. Les communications téléphoniques passent en effet par diverses banques de données réparties dans le monde entier.

Installée au Luxembourg, l'entreprise Skype se montre peu prompte à livrer ses codes et ses données aux autorités. Mais elle dément être peu coopérative.

Dans un communiqué rédigé par une société de relations publiques, l'entreprise affirme qu'elle fait «tout ce qui est en son pouvoir légalement et techniquement pour coopérer avec les autorités de surveillance.» Pourtant, lorsqu'il s'agit de trouver quelqu'un pour poser des questions concrètes, Skype ne dispose d'aucune personne de contact.

Revenir aux mouchards

A Genève, la justice souligne également que la «collaboration s'avère toujours difficile» avec Skype. Président du collège des juges d'instruction genevois, Stéphane Esposito note que «même si la bonne volonté existe chez Skype, les intérêts commerciaux dominent.»

La police genevoise traite une douzaine de cas de communications criminelles via Skype par année, également en lien avec des affaires de trafic de stupéfiants.

Jusqu'ici, personne n'a réussi à décoder dans les détails la manière dont le programme est construit et comment il fonctionne. Selon Bernhard Weder, le logiciel s'est montré résistant à toutes les tentatives de «Reverse Engeneering» destinées à ouvrir ses algorithmes cryptographiques. «Ce programme a été mis au point de manière extrêmement rusée», relève-t-il.

Pour surveiller les criminels, la police est donc condamnée à revenir aux anciens moyens d'écoute, qui permettent de saisir toutes les conversations, même si elles se font via Skype.

Anna Imfeld, AP
(Traduction et adaptation de l'allemand: Carole Wälti)

En bref

Le logiciel Skype permet de téléphoner gratuitement par le biais d'Internet. Le programme convertit les données vocales de manière à ce qu'elles puissent être relayées via le protocole Internet (IP).

Pour pouvoir converser via Skype, les utilisateurs doivent avoir installé ce logiciel gratuit sur leur ordinateur et s'être enregistrés avec un nom d'utilisateur. Ils ont également besoin d'une bande passante large.

Selon des informations fournies par Skype, ce logiciel compte près de 200 millions d'utilisateurs dans le monde. Ses inventeurs sont deux Danois, Niklas Zennström et Janus Friis.

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Communications anonymes

Skype n'est pas l'unique moyen de communication qui permet de maintenir l'anonymat. Le procureur zurichois Christian Ochsenbein souligne ainsi que les messages électroniques via Internet (e-mails) constituent aussi un souci pour la justice.

Il arrive souvent que des comptes à l'étranger soient ouverts sous un faux nom, ce qui complique les contrôles des boîtes postales électroniques. Le travail des enquêteurs est également compliqué par les navigateurs Internet qui permettent de surfer anonymement (par exemple JAP en Allemagne).

Seules des normes internationales mises en place par exemple dans le cadre des accords de Schengen pourraient permettre de résoudre ce type de problèmes selon Bernhard Weder, du groupe de travail «Surveillance des communications».

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