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Cyberadministration: la Suisse à la traîne

L’étude relève le risque de voir apparaître un fossé en fonction des moyens financiers dont disposent les collectivités publiques. Keystone

Le e-government est sous-développé en Suisse. C'est le constat dressé par Hewlett-Packard et un cabinet de conseils zougois. A Berne, on relativise.

Où en est la Suisse en matière de cyberadministration, c’est à dire à propos de l’utilisation des nouvelles technologies de la communication, en particulier l’Internet, dans les rapports entre l’Etat et la population?

Pour répondre, le géant informatique mondial Hewlett-Packard et ConsultingWorld (un cabinet de conseils basé à Zoug) ont effectué l’hiver passé une enquête auprès de la Confédération, des cantons et d’une série de villes.

Leurs conclusions, publiées jeudi, sont plutôt sévères. Certes, la Suisse est très avancée du point de vue de l’infrastructure. Mais ses administrations – fédérale, cantonales ou communales – passent largement à côté des potentialités du e-government.

Le hit parade de la cyberadministration

Cette étude établit notamment un classement des vitrines Internet des collectivités publiques. Parmi les cantons, la palme du meilleur site revient à Bâle-Ville, devant Lucerne et Zoug. Vaud et le Jura se retrouvent en queue de peloton.

Du côté des villes, c’est Lucerne qui vient en tête, suivie d’Herisau, de Glaris et de Zurich. L’étude relève d’ailleurs le risque de voir apparaître un fossé digital, en fonction des moyens financiers dont disposent les collectivités publiques.

Dans l’ensemble, les Suisses ne brillent guère en comparaison internationale. Plusieurs études citées par Hewlett-Packard et ConsultingWorld indiquent que la Suisse ne figure pas dans les 20 premiers mondiaux en matière d’e-governement.

Des résultats peu crédibles

Wanda Suter, du projet Guichet virtuel de la Chancellerie fédérale, à Berne reste pourtant sceptique: «Ces classements comparent la plupart du temps des pays et des services publics qui sont incomparables, avec leurs propres critères. Cela donne des résultats à chaque fois différents et auxquels il est difficile de donner beaucoup de crédit.»

Pour en revenir à l’étude réalisée auprès des administrations suisses, ses auteurs relèvent que les sites examinés sont en général de bonne qualité, quant à leur aspect. Du point de vue du contenu, par contre, ils se contentent trop souvent d’être des «feuilles officielles électroniques».

Le manque se situe au niveau de la relation avec l’utilisateur. La présence Internet des administrations n’est souvent pas assez interactive, offre peu de possibilités de transactions, n’est guère conçue en fonction des besoins des administrés.

Des reproches que relativise Wanda Suter. «Je trouve un peu dommage de tirer à boulets rouges sur ce manque. Car, si l’on regarde les projets qui sont aujourd’hui en développement, ce sont justement des projets qui visent à aboutir aux transactions électroniques entre l’administration et le citoyen.»

Une série de points faibles

L’étude de Hewlett-Packard et ConsultingWorld met encore le doigt sur une série de points faibles. Entre autres, l’inertie des processus administratifs traditionnels, le manque de volonté politique, ou encore un cadre légal encore insuffisant.

C’est aussi, toujours selon cette étude, le fédéralisme qui freine les développements en matière de cyberadministration. Là encore, Wanda Suter, de la Chancellerie fédérale, met un bémol. «Je ne pense pas que ce soit à considérer que comme quelque chose de négatif.»

«Cela débouche sur une cyberadministration qui n’a pas toujours le même format, la même apparence, ajoute t-elle. Mais qui reste proche du citoyen, car c’est sa région, sa commune qui lui parle.»

Ce qui n’empêche pas un minimum de centralisation. Ainsi, la Chancellerie fédérale met la dernière main au site www.ch.ch, une plate-forme unique d’accès aux différentes administrations du pays.

Ce guide du citoyen devrait être accessible à tout un chacun au début de l’année prochaine.

swissinfo/Pierre Gobet à Zurich

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