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Economie et science suisses s’arriment à la Chine

Des discussions fructueuses entre Pascal Couchepin et le Premier ministre chinois Wen Jiabao. Keystone

Le voyage du président de la Confédération en Chine a permis d´accélérer des dossiers importants pour l´économie suisse.

A noter que l’épineuse question des droits de l´homme n´a pas été passée sous silence. Mais l´approche choisie par Berne ne fait pas l´unanimité.

Avec la présence d´une quinzaine de «barons» de l´économie helvétique, la couleur du dernier grand voyage présidentiel de Pascal Couchepin était annoncée.

Conformément au profil de la délégation entourant le conseiller fédéral, les fruits de ce déplacement sont plus importants pour l’économie et la science que pour les droits de l’homme.

A commencer par le tourisme. A peine arrivés à Pékin, les professionnels suisses de la branche pouvaient annoncer avec satisfaction que la Chine allait accorder le statut de destination touristique «privilégiée» au «pays d´Heidi».

En un mot, les touristes chinois pourront dès janvier 2004 visiter la Suisse sans tracasseries administratives de la part de leurs autorités.

Un million de nuitées

De quoi faire rêver les hôteliers de Genève, Lucerne ou St-Moritz. Selon Suisse Tourisme, quelque 300’000 nuitées chinoises sont attendues pour 2006 (le double par rapport à 2002). Le million pourrait être atteint en 2015.

Autre dossier d´importance: la déclaration d´intention signée entre Berne et Pékin dans le domaine scientifique. Dans un premier temps, cet agrément doit permettre aux deux pays de renforcer les échanges de leurs «cerveaux».

A moyen terme, l´enjeu est clairement économique. «Pékin souhaite que la Suisse soit présente en Chine, de la recherche fondamentale jusqu´au produit fini», explique Pascal Couchepin. De bon augure, alors que 250 entreprises helvétiques se sont déjà implantées en Chine.

Un «dialogue politique»

Interrogé à plusieurs reprises sur la question des droits de l’homme durant son voyage, Pascal Couchepin a indiqué qu´il l’avait abordée avec ses hôtes chinois, parallèlement aux relations bilatérales – économiques, scientifiques – et internationales.

L’entourage du président qualifie ces discussions de «franches» en dépit des divergences entre les deux parties. Pascal Couchepin relève que la Suisse poursuit le «dialogue politique» entamé au début des années 90 avec Pékin.

Dans les faits, des rencontres ont eu lieu récemment en Suisse entre les représentants des ministères des Affaires étrangères des deux pays.

Une approche critiquée

Citant l´exemple de la formation des gardiens de prison chinois, le président de la Confédération a annoncé la visite de deux responsables d´établissements pénitentiaires suisses le mois prochain en Chine.

Ce dialogue mené par la Suisse ne convainc toutefois pas tout le monde. La section helvétique d´Amnesty International estime – dans une lettre transmise à Pascal Couchepin avant son voyage – que les progrès enregistrés dans ce domaine sont plutôt «maigres».

Antoine Kernen, de l´Institut universitaire d´étude du développement (IUED) à Genève, partage cette opinion. Selon lui, l´approche suisse ne privilégie pas assez la durée et la base.

Et le sinologue de préciser: «Former des gardiens de prison, c´est très bien (…) Mais il serait préférable de travailler avec la base de la société chinoise, à l´instar des pays nordiques, qui soutiennent des centres de conseil juridique à la population».

Il ne faut pas brusquer

Pour l´ancien ambassadeur de Suisse en Chine qui accompagnait Pascal Couchepin, Berne n´a pas d´autres choix que d´aller «pas à pas».

Désormais vice-président du Conseil d´administration de Ringier, Ueli Sigg met en garde: «Il ne faut pas brusquer le partenaire, sinon il risquerait de nous tourner le dos».

L’ancien diplomate croit en l´économie comme vecteur de développement et de réformes politiques in fine. Une vision partagée par le président de la Confédération pour qui «le marché amène la démocratie».

swissinfo et les agences

– La visite officielle du président de la Confédération en Chine constitue le dernier grand voyage de la présidence de Pascal Couchepin.

– La signature d’un accord de coopération scientifique entre les deux pays, l’inauguration du Swiss Business Center de Shanghaï ont été les points forts de ce voyage.

– Dans le domaine touristique, la Suisse obtient le statut de destination touristique privilégiée, ce qui signifie que les Chinois désireux de visiter la Suisse seront dispensés de certaines tracasseries administratives de la part de leurs autorités.

– La question des droits de l’homme est sujette à controverse. L’option stratégique employée par la Suisse pour aborder cette question épineuse ne fait pas l’unanimité.

– Mais pour Pascal Couchepin, «c’est le marché qui amène la démocratie».

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