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La nouvelle mémoire de la Suisse

Chaque article est disponible dans les trois langues nationales. swissinfo.ch

Les travaux sur le Dictionnaire historique de la Suisse battent leur plein. Le premier volume paraît cet automne. Les internautes peuvent déjà le consulter.

L’œuvre est titanesque: le Dictionnaire historique de la Suisse (DHL) comprendra au total douze volumes contenant des informations relatives à 36 000 mots clefs. Et chaque article sera bien entendu disponible dans les trois langues nationales.

La version Internet a de l’avance sur la version papier. En effet, pour l’heure, un quart du DHL est déjà disponible en ligne. Et les informations mises à disposition des internautes sont plus nombreuses chaque mois.

Pas seulement pour les spécialistes

Dans sa version papier, le DHL sera illustré avec des cartes et des photographies. En revanche, la version en ligne (l’e-DHL) contient moins d’illustrations, afin de ne pas trop ralentir l’accès aux pages.

L’idée de créer un nouveau dictionnaire historique remonte aux années 80. Une enquête avait en effet montré qu’il y avait un manque notoire au niveau de la documentation scientifique relative à l’histoire suisse. Il est vrai que l’actuel ouvrage de référence, le Dictionnaire historique et biographique de la Suisse, a été écrit entre 1921 et 1934.

Avec cette nouvelle version actuellement en voie d’achèvement, le but est double. D’une part, il s’agit d’offrir un ouvrage de référence aux profanes intéressés par l’histoire suisse. D’autre part, le DHL doit donner aux historiens une vue d’ensemble complète sur l’état de la recherche dans les différents domaines des sciences historiques.

Cette entreprise est bien perçue par les professionnels de la branche. «Ce n’est pas très sexy, mais c’est sensationnel», juge par exemple la revue française «L’Histoire».

Privilégier l’histoire récente

Le DHL passe toutes les périodes historiques en revue. Cela va des premières traces humaines retrouvées en Suisse aux plus récents événements survenus en ce 21e siècle naissant.

L’accent est cependant mis sur les événements récents. Ainsi, environ 20% du DHL traiteront de la période qui s’étend de la Première Guerre mondiale à aujourd’hui, alors qu’environ 10% seulement sont prévus pour les centaines de milliers d’années qui séparent le Paléolithique du début du Moyen-Age (476).

Le DHL a été écrit parallèlement en allemand, en français et en italien. Il comprend quatre catégories: les biographies, les articles par familles, les articles par lieux (communes, cantons, autres pays ou sites archéologiques) et les articles par thèmes (par exemple les institutions ou les événements).

Combler les trous

En rassemblant les contributions de différents experts, les responsables du DHL ont toujours eu à l’esprit le souci de combler les lacunes de l’historiographie.

«Il y a vraiment des trous, quelles que soient les régions ou les thèmes traités, explique le rédacteur en chef du DHL Marco Jorio. Par exemple en ce qui concerne l’histoire du sport, l’histoire des techniques, l’histoire des femmes avant le 19e siècle ou différents endroits situés en Suisse orientale ou dans l’espace alpin.»

Même le 20e siècle comporte ses zones d’ombre. «Le début du siècle, la Première Guerre mondiale ou aussi l’après-guerre n’ont pas été vraiment bien étudiés», poursuit Marco Jorio.

Les succès de l’archéologie causent par ailleurs bien des soucis aux auteurs. Peu de temps avant que les rotatives ne se mettent en marche, il a fallu réécrire certains articles à la lumière des nouvelles découvertes. «L’archéologie s’est vraiment développée d’une façon extraordinaire au cours des 30 à 40 dernières années», juge Marco Jorio.

Maintenir la cohérence sans tuer la diversité

Un dictionnaire historique est écrit par de nombreux auteurs, tous spécialistes dans leur domaine. Mais ces multiples contributions obligent les responsables à veiller à conserver une certaine cohérence. «Il faut éviter un déséquilibre quant à la longueur et à la qualité des différents articles», écrivaient, déjà à l’époque, les responsables du précédent dictionnaire.

«Aujourd’hui, rien n’a changé», estime Marco Jorio. Ce souci de cohérence est toujours à l’ordre du jour. Mais la tâche est difficile. «Nous souhaitons au moins avoir pu éliminer les articles insuffisants», conclut le rédacteur en chef du DHL.

Pourtant, l’absence d’une absolue cohérence n’a pas que des côtés négatifs. Elle est aussi le miroir des différents points de vue scientifiques et culturels.

«Au Tessin, par exemple, l’histoire de l’art et l’histoire culturelle ont toujours représenté quelque chose d’important, illustre Marco Jorio. En revanche, cet aspect manque en Suisse alémanique, où l’accent est surtout mis sur l’histoire économique et sociale.»

Expliquer les controverses

Par ailleurs, les historiens ne sont pas toujours d’accord entre eux. Il existe certaines questions – surtout par rapport à des thèmes du 20e siècle – qui ne sont pas analysées de la même façon par les différents spécialistes.

Un exemple: le nombre de réfugiés refoulés par la Suisse durant la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dernières années, historiens et médias ont âprement discuté de cette question.

Mais de telles questions ne peuvent pas être simplement mises de côté. «Nous devons accepter les controverses et les différents jugements et les rendre le plus compréhensible possible», conclut Marco Jorio.

swissinfo/Eva Herrmann

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