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La Suisse en quête d’espace

Claude Nicollier a fait sa première sortie extra véhiculaire lors de la mission consacrée à l’entretien de Hubble. Keystone Archive

Il y a dix ans, Claude Nicollier devenait le premier astronaute suisse. Un rêve que d'autres Helvètes ont peu de chances de réaliser avant dix ans au moins.

Le 31 juillet 1992, Claude Nicollier réalisait enfin un vieux rêve. A bord de la navette spatiale Atlantis, le Vaudois effectuait sa première mission dans l’espace. Ce vol de huit jours a permis de déployer un satellite scientifique européen.

«Ce qui m’a particulièrement frappé lors de ce premier vol, c’est la très grande vitesse de la navette liée à l’absence totale de bruits et de vibration», se souvient aujourd’hui Claude Nicollier.

Il est ainsi devenu le premier Helvète à voyager dans l’espace. Depuis, il a pu revivre cette aventure à trois reprises – en 1993, 1996 et 1999.

Un cinquième vol compromis

Lors de sa dernière virée effectuée à bord de la navette Discovery – une mission consacrée à l’entretien du télescope spatial Hubble – Claude Nicollier a même pu accomplir sa première sortie extra véhiculaire.

Avec ces quatre missions, Claude Nicollier aura passé, au total, 42 jours et 5 heures dans l’espace. Un record européen.

«Parmi les membres de l’agence spatiale européenne (ESA), la Suisse est le pays qui a envoyé le plus souvent un astronaute dans l’espace», confirme Stéphane Berthet, chef suppléant du Bureau suisse des affaires spatiales.

Et rien n’empêche théoriquement le Vaudois d’espérer un cinquième voyage dans l’espace. Pour autant, Claude Nicollier estime que cette possibilité a peu de chance de se concrétiser.

«J’estime mes chances de repartir à moins de 50%. L’idée, à l’ESA, est de faire voler les autres membres de l’équipe», précise-t-il.

«Les navettes spatiales sont actuellement clouées au sol en raison de problèmes techniques apparus en mai dernier», ajoute Stéphane Berthet.

Le responsable du Bureau des affaires spatiales souligne également que la priorité de l’ESA pour les prochaines années va à des programmes comme Galileo (lancement d’une vingtaine de satellites qui permettront de concurrencer le système de localisation américain GPS) et d’autres projets destinés à la surveillance de la Terre.

Un taux de succès impressionnant

Selon Claude Nicollier, ces programmes n’affectent pas directement les possibilités de vols habités qui, eux, dépendent essentiellement du projet de station spatiale internationale (ISS).

«Le programme ISS, précise Claude Nicollier, se déroule extrêmement bien. Il connaît un taux de succès impressionnant. Mais pour des raisons de restriction budgétaire, son déroulement a été dilué dans le temps. Il y aura donc moins de vols par année.»

«De plus, le groupe d’astronautes européens (16 personnes) est, lui, surdimensionné», renchérit Stéphane Berthet.

Pas de successeur en vue

Il faudra donc attendre au moins dix ans pour voir un ou une autre Suisse dans l’espace. «La prochaine campagne de sélection d’astronaute n’est pas prévue avant 2005 et rien n’assure qu’un Suisse sera choisi par l’ESA», souligne Stéphane Berthet.

En novembre, l’ESA a bien lancé le programme Aurora. Un projet dirigé par Stéphane Berthet, justement, et qui vise à envoyer l’homme sur Mars à l’horizon 2030.

Mais là encore, les chances d’être retenus, pour les Suisses, sont extrêmement minces.

swissinfo/Frédéric Burnand à Genève

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