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Le marché de l’apprentissage ne fléchit pas

L'apprentissage, la formation professionnelle choisie par la grande majorité des jeunes. Keystone

Malgré un contexte économique morose, la situation reste stable sur le marché de l'apprentissage. Lundi, le ministre de l'économie s'est d'ailleurs montré optimiste.

Et pour cause, pour cette rentrée 2003, environ 5000 places d’apprentissage sont encore vacantes en Suisse.

Tenant conférence de presse lundi, le ministre de l’économie Joseph Deiss a qualifié de positive la situation relative à l’offre de places d’apprentissage ainsi qu’au nombre de contrats conclus. Et cela malgré les critiques.

Le nombre de places encore vacantes, environ 5000, est «considérable», a-t-il affirmé.

Le Conseiller fédéral juge la situation «certes tendue, mais stable dans l’ensemble». Impossible cependant de dire aujourd’hui exactement combien de jeunes sont encore à la recherche d’une solution.

Des milliers de jeunes sur le carreau

Le chiffre de 5000 adolescents sur le carreau, qui circule actuellement, n’a pas été démenti.

Environ 3 à 5 % des jeunes qui ont terminé l’école obligatoire pourraient être concernés, soit quelque 4200 personnes, a pour sa par confirmé la directrice suppléante de l’Office fédéral de la formation professionnelle (OFFT) Ursula Renold.

Et s’y ajoutent ceux qui se retrouvent sur le marché après avoir adopté une solution transitoire l’an dernier.

Or, la situation est paradoxale: il y a trop de places d’apprentissage pas encore occupées et trop de jeunes qui n’en ont pas encore trouvé une, d’après Mme Renold.

Joseph Deiss en conclut sans sourciller que «celui qui a la volonté va toujours finir par trouver une place de formation», s’il se montre flexible quant au lieu et au choix de sa future activité.

Situation différenciée

L’offre est insuffisante pour certaines professions en vogue, dans le secteur commercial ou dans l’informatique. Mais le temps où chaque jeune pouvait choisir la profession qu’il souhaitait apprendre est «révolu», selon le ministre.

«Maintenir des structures dans des professions très prisées n’a que peu de sens, tout comme vouloir former plus d’apprentis que le marché du travail ne peut en absorber».

Mais il reste encore des places à repourvoir dans les arts et métiers et dans les professions du bâtiment. En outre, de nouvelles filières ont été créées, notamment dans le domaine de la santé.

Le conseiller fédéral a néanmoins reconnu que la situation est plus tendue que l’an dernier dans certaines zones à forte concentration comme Zurich, Berne, Bâle, Aarau, Lucerne et Soleure.

En revanche, en Suisse romande, aucun problème particulier ne serait à signaler, toujours d’après lui.

Efforts en vue

Joseph Deiss a encore assuré que son département voulait mettre l’accent sur la promotion des places d’apprentissage et sur la création de nouveaux réseaux d’entreprises formatrices.

Un crédit de 2,3 millions de francs sera débloqué à cet effet l’an prochain, a-t-il rappelé.

En 2004, les conditions pour une amélioration durable du marché de l’apprentissage seront posées grâce à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur la formation professionnelle, a ajouté le directeur de l’OFFT Eric Fumeaux.

Celle-ci prévoit notamment la possibilité de créer, par branche, des fonds de la formation professionnelle financés par les entreprises qui ne forment pas d’apprentis.

Critiques virulentes

Au terme de la conférence de presse, le comité pour l’initiative des places d’apprentissage, rejetée en mai, a exigé que l’Etat et l’économie «agissent au lieu de faire sans cesse des promesses».

Avec 4,4 %, le taux de chômage des jeunes jusqu’à 24 ans a atteint son niveau le plus élevé depuis cinq ans et le manque drastique de places d’apprentissage va s’accentuer en 2004.

Pour les organisations de jeunesse et syndicales qui forment ce comité, «le conseiller fédéral Deiss n’a pas tenu la promesse qu’il a fait avant la votation: plusieurs milliers de jeunes dans le pays n’ont toujours pas de solution et se retrouvent à la rue dès la fin de leur scolarité».

Les initiants comptent d’ailleurs fonder cet automne une «organisation qui veillera à ce que l’Etat et l’économie se préoccupent du chômage des jeunes et du manque de places d’apprentissage».

swissinfo et les agences

– L’apprentissage est un pilier de la formation en Suisse. Moins de 30% des jeunes optent pour un baccalauréat à l’issue de la scolarité obligatoire.

– Tous les autres préfèrent rejoindre le monde du travail tout en suivant des cours dans des écoles professionnelles.

– L’attribution des places d’apprentissage se termine fin août en Suisse alémanique et fin octobre en Romandie.

– La Task Force “Places d’apprentissage 2003” a entériné début juillet diverses mesures pour l’année 2004 .

– Les promoteurs de places d’apprentissage et de nouveaux réseaux d’entreprises formatrices seront soutenus.

– Il en va de même pour les spécialistes chargés d’orienter les jeunes n’ayant pas trouvé d’apprentissage vers des places encore vacantes.

– Par ailleurs, le marketing relatif aux professions devrait être intensifié. Il faudra aussi mieux faire connaître la formation professionnelle aux étrangers.

– C’est à cette fin que 2,3 millions de francs seront débloqués.

– Par ailleurs, le 18 mai dernier, l’initiative pour des places d’apprentissage a été refusée à 68,4%.

– Elle voulait notamment inscrire le droit à une formation professionnelle dans la Constitution. Et créer un fonds fédéral financé par les entreprises pour pallier la pénurie de places d’apprentissage.

– La nouvelle loi sur la formation professionnelle devrait quant à elle entrer en vigueur en janvier 2004.

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