
Le monde entier à l’écoute des rescapés
Des dizaines de milliers de vies brisées, désespoir et horreur pour les survivants, mais aussi solidarité, courage et des miracles parfois…
Venues de tous les pays touchés, les mêmes paroles de rescapés emplissent journaux, radios et télévisions du monde, racontent la même épouvante.
Phénomène sans précédent: pays riches occidentaux et pays du tiers Monde vivent l’épreuve et comptent leurs morts ensemble depuis dimanche, même si les milliers de touristes présents sur place, durement frappés, ont payé un tribut sans comparaison avec les populations des pays frappés, notamment le Sri-Lanka, la Thaïlande et l’Inde.
Les témoignages venus de ces pays «paradisiaques», où des milliers de touristes étaient venus passer leurs vacances, donnent la mesure de la catastrophe.
L’un des symboles de ce drame restera la ville de Khao Lak, la plus dévastée de Thaïlande, où les vagues géantes du tsunami ont laissé des centaines de morts, cadavres gisant au fil des rues, accrochés aux arbres, flottant dans les piscines de cette région au nord de Phuket, qui était devenue un véritable Eden pour touristes, avec ses luxueux complexes hôteliers.
L’horreur vécue
«A Khao Lak, j’ai vu déferler une vague gigantesque de trente mètres de haut, j’ai été épargné parce que j’ai pu me réfugier sur le toit de mon hôtel». Celui qui parle s’appelle Edouard Issel, un Autrichien de 56 ans.
Comme des milliers d’autres, il a vu ensuite «l’eau qui charriait des corps, des voitures, des débris de toutes sortes», et plus tard des «blessés hurlants» parce qu’on les recousait «sans anesthésie».
Une autre voix, cette fois en Indonésie, celle de Muhamad, un pêcheur de Lampaseh: il était sur son chalutier. En mer, au large de Sumatra, il n’a rien senti du séisme, mais au retour… Ce sont d’abord des milliers de débris sur l’eau, et puis, dit-il, «on a aperçu un corps, puis un autre, et beaucoup d’autres».
Le canot avance au milieu des cadavres, et soudain, dit Muhamad, «J’ai vu se lever une main». Ils finiront par sauver trois hommes et une femme, accrochés désespérément à une pile de bois…
Et des milliers d’orphelins, partout. A Nagapattinam, en Inde, dans l’état du Tamil Nadu, le plus touché du pays, Maghadevi, 13 ans, se retrouve seule avec ses trois petits frères. Tout le reste de la famille a été emporté.
‘Miracles’ et solidarité humaine
Milliers de témoignages. Parfois pour dire des petits miracles. Cette Indienne de 13 ans par exemple, Meghan Rajshekar, emportée par le raz de marée au large de l’île indienne de Car Nicobar. Les vagues, apaisées, la ramèneront sur le rivage après deux jours de dérive. Ou encore cette fillette taiwanaise de 6 ans, Yeh Chia-ni, qui a survécu au tsunami, accrochée un jour et une nuit à un cocotier.
Depuis lundi, tous les journaux du monde sont pleins de ces témoignages poignants. Avec des titres à la mesure du drame. «J’ai vu la mort en face», «La vague m’a emporté», «On a survécu comme Robinson», «Traumatisés», «Miraculés», «Aux portes de l’enfer».
Au cœur du drame, au plus noir du malheur, on rencontre également des signes réconfortants de solidarité humaine. Ainsi, les touristes occidentaux ont été frappés par la générosité des indigènes, et témoignent dans tous les journaux du monde.
«Les Thaïlandais ont peu d’argent mais un grand cœur», dit un Allemand blessé rapatrié sur Bangkok. «Ils avaient tout perdu mais ils nous apportaient de la nourriture, ils portaient les étrangers blessés», constate une Française. «Une telle hospitalité est incroyable», ajoute une Néerlandaise.
Des paroles belles à entendre à l’heure où le pillage fait de plus en plus parler de lui.
swissinfo avec les agences
Hotline du Département federal des Affaires étrangères: 0041.31.325.33.33.
Les dons, avec mention «Séisme Asie», sont les bienvenus sur l’un des CP suivants:
Caritas Suisse: 60-7000-4
Croix-Rouge suisse: 30-4200-3
OSEO: 10-14739-9
Chaîne du Bonheur: 10-15000-6
– Le séisme survenu dimanche matin à 07H58 locales (01h58 suisses) au large de l’île indonésienne de Sumatra avait une magnitude de 9 sur l’échelle de Richter.
– Plusieurs raz de marée ont touché le Sri Lanka, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, le Myanmar (Birmanie), les Maldives, le Bangladesh et jusqu’à la côte orientale de l’Afrique.
– Le bilan provisoire est de 86.000 morts. Mercredi, Peter Rees chef des opérations de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a affirmé que le bilan final pourrait dépasser les 100’000 morts.
– Pour l’heure, onze victimes suisses ont été identifiées. Bilan également provisoire, car 1200 ressortissants suisses n’ont pas encore pu être localisés.

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