Les jeunes rêvent d’une île suisse

Les jeunes Suisses se replient sur eux-mêmes plus que leurs aînés, selon une enquête menée auprès de 20'000 jeunes, dont 18'000 recrues.
La majorité souhaite une Suisse du «Sonderfall». Une île helvétique d’où observer le monde et le juger.
La génération des 20 ans est la première née à l’ère de la communication planétaire. Pourtant, elle conçoit souvent la mondialisation comme porteuse de menaces.
Ainsi, la tendance au repli sur soi est plus marquée chez les jeunes Suisses que chez leurs aînés, selon les résultats de l’enquête «ch-x» présentés mardi à Berne sous la forme d’un livre intitulé «Isola elvetica».
S’ils devaient, par exemple, revoter aujourd’hui sur l’initiative Schwarzenbach contre la «surpopulation étrangère» (rejetée par 54% des voix en 1970), 44% des jeunes l’accepteraient sûrement et 24% peut-être.
Leurs parents sont 24% à dire qu’ils auraient voté oui et leurs grands-parents 27%. Dans ces deux cas, un tiers des personnes interrogées hésitent.
Selon Hans-Peter Meier-Dallach, l’un des auteurs de l’étude, on ne peut pas dire pour autant que les jeunes sont xénophobes. La moitié d’entre eux souhaitent une Suisse ouverte, tournée vers l’extérieur et vers les étrangers vivant sur le territoire helvétique.
Fossé entre latins et alémaniques
Interrogés sur les problèmes qu’ils connaissent dans leur commune, 49% des jeunes citent les tensions avec les étrangers. 32% évoquent les tensions sociales. Au troisième rang vient la perte des traditions, suivie du chômage et des atteintes à l’environnement.
Les réponses divergent selon les régions linguistiques. Pour les Alémaniques, les étrangers constituent la principale préoccupation. Romands et Tessinois se préoccupent surtout de l’augmentation de la pauvreté, du chômage et du risque de retard technologique.
Isola elvetica
En revanche, et c’est une surprise, l’enquête montre que, contrairement à leur aînés, les jeunes Romands sont davantage favorables à ce que la Suisse fasse cavalier seul.
Parmi eux, 64% souhaitent une Suisse du «Sonderfall» plutôt que des «portes ouvertes». 46% de leurs parents et grands-parents partagent cet avis. Cela dit, l’enquête ne précise pas ce que signifie ces notions pour les jeunes interrogés.
Elle explique que les jeunes voient, en général, leur pays comme une île leur permettant de percevoir le monde et de le juger.
Leur vie en rose
Les jeunes Suisses espèrent davantage de bien-être, de liberté et de progrès que leurs prédécesseurs. Ils mettent aussi l’accent sur l’autonomie et la spécificité, et moins sur la solidarité, selon les chercheurs.
Près de trois jeunes sur cinq voient leur avenir en rose. Mais leur optimisme décroît au fur et à mesure qu’on les interroge sur l’avenir de leur région, du pays, de l’Europe et du monde. Seul 15% d’avis positifs sur l’avenir du monde.
L’enquête a été menée auprès de plus de 20’000 jeunes, dont 18’000 recrues, et seulement 1400 femmes. 470 parents et 192 grands-parents de recrues ont aussi participé au questionnaire. Un échantillon plutôt faible.
Le sondage a été mené durant les écoles de recrues 1998/1999.
swissinfo et les agences
20’000 jeunes interrogés, dont 18’000 recrues
Et 1400 femmes seulement
470 parents et 192 grands-parents de recrues ont aussi répondu aux questionnaires

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