Lugano décroche le siège européen du NEPAD

Le premier ministre nigérien, Hama Amadou, plaidant pour le potentiel économique africain. The prime minister of Niger, Hama Amadou, was one of the conference speakers (l-a-c-online)

La Conférence africaine a désigné Lugano pour accueillir le siège européen du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD).

Responsables africains et investisseurs européens ont lancé samedi le plan adopté en juin par le G8.

Un mémorandum en ce sens a été signé samedi par un représentant du NEPAD et le maire de Lugano, Giorgio Giudici, a indiqué ce dernier en ouverture de l’«African Conference». La Villa Negroni à Vezia, dans la banlieue de Lugano, accueillera le siège européen du partenariat.

Entourée d’étroites mesures de surveillance, la réunion est soutenue par la ville de Lugano et le gouvernement italien. Elle a rassemblé samedi matin les représentants de seize Etats africains et quelque 400 hommes d’affaires européens. La ville tessinoise devrait en accueillir d’autres.

Affaires étrangères pas au courant

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) était représenté par Giancarlo Fenini, adjoint diplomatique de la division politique II. Il s’est réjoui de ce «premier pas concret du NEPAD».

«Le DFAE, a-t-il dit, «ne connaissait pas l’idée d’en installer le siège européen à Lugano mais il l’apprécie comme tout ce qui est réalisé pour mettre en pratique les projets du NEPAD.»

Le NEPAD, plan global pour sortir l’Afrique de la pauvreté, est une stratégie initiée par des chefs d’Etat africains. Il s’appuie sur un appel massif à l’investissement privé et l’aide extérieure, en contrepartie d’un engagement des Etats africains à la «bonne gouvernance». L’objectif est de réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015.

L’esprit de Lugano

Parmi les participants figuraient le premier ministre nigérien Hama Amadou, le vice-président de la Zambie Enoch Kavindele, les ministres sénégalais Cherif Sy et Abdou Sow et le représentant personnel du président du Mozambique, Firmino Mucavele. Une importante délégation du gouvernement italien s’est également déplacée.

En l’absence du gouvernement tessinois, c’est le conseiller aux Etats Filippo Lombardi (PDC/TI) qui a souhaité la bienvenue aux participants: «C’est un honneur pour la Suisse, 190e pays membre de l’ONU, de devenir le quartier général européen du NEPAD» a-t-il déclaré.

«Nous croyons à l’esprit de Lugano en vue d’une réelle croissance de l’Afrique et d’échanges avantageux entre ce continent et l’Europe», a-t-il ajouté.

De son côté, Alberto Michelini, représentant du gouvernement italien au sein du G8, a pris la parole au nom du premier ministre Silvio Berlusconi, retenu en Italie à cause de la crise qui secoue la Fiat: «les industriels européens doivent avoir le courage d’investir en Afrique, il existe maintenant un plan d’action et il faut savoir saisir l’occasion».

Nouvelle ère pour l’Afrique

Pour Wiseman Nkuhlu, membre du secrétariat du NEPAD, «la conférence de Lugano marque le début d’une nouvelle ère pour l’Afrique qui doit prendre en main son destin et pour l’Europe qui doit être prête à y développer son commerce».

Le premier ministre du Niger Hama Amadou a parlé de l’Afrique comme du continent ayant le potentiel le plus élevé en matière économique: «l’Afrique recèle d’immenses ressources mais a aussi d’immenses besoins. Il s’agit du seul continent où tout est à faire».

Dans un vibrant appel aux industriels, il a assuré que les Etats africains associés au NEPAD mettraient tout en oeuvre pour garantir la stabilité politique et renforcer la marche vers la démocratie: «faites confiance à l’Afrique et investissez. Votre argent aidera à canaliser les conflits, à éviter l’émigration massive et à freiner la pauvreté.»

Manifestants anti-globalisation

La conférence a incité un groupe d’une vingtaine de manifestants à se rassembler devant le Palais des Congrès. Au moyen de banderoles et tracts, ils ont protesté contre la globalisation et la politique économique du G8. Ils ont été tenus à bonne distance par un cordon de police et se sont rapidement dispersés.

swissinfo avec les agences