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OGM: mieux vaut prévenir que guérir

Anodin ou dangereux, le maïs transgénique? Pour les organisations écologistes, il vaut mieux ne prendre aucun risque. Keystone

Pro Natura, le WWF et le Groupe suisse de travail sur le génie génétique (SAG) exigent un moratoire sur l'utilisation du génie génétique dans l'agriculture. Ce vendredi à Berne, les défenseurs de la nature ont, une nouvelle fois, invoqué le principe de précaution.

Près de trois ans après le rejet de l’initiative sur le génie génétique, le paquet Gen-Lex – qui fait office de contre-projet indirect – n’est toujours pas prêt. La Commission préparatoire du Conseil des Etats n’arrive toujours pas à élaborer un projet acceptable. Résultat: les députés devront attendre le mois de juin pour se pencher sur le dossier.

Ces lenteurs n’empêchent pas les organisations de défense de la nature de donner de la voix. Au contraire.

«En janvier, la Commission de la science, de l’éducation et de la culture (CSEC) a renoncé à proposer un moratoire sur l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l’agriculture. Elle estime que la procédure d’autorisation, et les restrictions qui l’accompagnent, suffisent à limiter les risques écologiques. C’est absurde», s’insurge Bernadette Oehen, membre du WWF.

Et l’écologiste de souligner, «les prescriptions préconisées ne sont qu’une longue liste de banalités. Le seul critère nouveau et solide concerne l’exclusion des OGM pour la culture de plantes résistantes aux antibiotiques.»

Mais aux yeux des associations de protection de la nature, aussi valable soit-il, ce critère de résistance aux antibiotiques aura pour seul effet de bloquer l’exploitation de certaines espèces.

«La betterave sucrière, la tomate ou certaines qualités de maïs ne contiennent pas de gènes résistants aux antibiotiques, précise Bernadette Oehen. Si l’on s’en tient au paquet législatif en préparation, ce type de plantes génétiquement modifiées pourraient être rapidement cultivées en Suisse».

L’opposition des trois organisations vient également du fait que les conséquences réelles de telles pratiques sont encore largement méconnues. Sans compter que «la plupart des études sont réalisées par les entreprises de biotechnologies elles-même», déplore Beat Jans. Une situation qui pour cet expert en agriculture à Pro Natura «leur donne le pouvoir de filtrer l’information».

Pourtant, des études ponctuelles confirment l’existence de risques liés à la culture des OGM. Ainsi l’Office fédéral de l’environnement de Berlin a constaté que les plantes transgéniques étaient frappées de modifications spontanées. Les scientifiques ont également remarqué une variation des taux de germination du colza génétiquement modifié.

Les nombreuses inconnues qui entourent la culture des OGM, et les risques environnementaux qui les accompagnent, poussent les défenseurs de la nature à exiger un moratoire.

«Il s’agit simplement d’appliquer le principe de précaution qui doit prévaloir dans les situations à risque», affirme en substance le Groupe suisse de travail sur le génie génétique (SAG). «Un moratoire permettrait d’étudier clairement les avantages et les inconvénients des OGM dans l’agriculture», suggère Daniel Ammann, directeur du SAG. «Il permettrait également aux citoyens de s’exprimer sur le sujet», renchérit le scientifique.

Cette remarque n’est pas anodine. En effet, l’Union suisse des paysans présente désormais un front uni contre la dissémination des OGM dans la nature. Par ailleurs, l’an dernier, un sondage publié par le journal Le Matin a mis en évidence que pas moins de trois Suisses sur quatre étaient opposés à la présence d’OGM dans l’agriculture.

La semaine prochaine, la Commission en charge du dossier OGM se réunira une nouvelle fois pour tenter de ficeler un parquet législatif acceptable. «Elle serait bien inspirée d’écouter la voix de la rue», suggère Bernadette Oehen.

Vanda Janka

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