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Sida: nouvel espoir, mais à quel prix?

Selon Roche, le nouveau médicament pourrait arriver sur le marché l'an prochain. Keystone

Roche développe un nouveau médicament qui pourrait empêcher le virus HIV de pénétrer dans les cellules. Mais son prix constituera un obstacle.

Les résultats des tests cliniques, présentés lundi à la Conférence internationale sur le sida de Barcelone, sont encourageants. Cette nouvelle substance, le T-20, a pour effet de réduire de manière significative la concentration de virus HIV dans le sang des patients.

Selon le géant pharmaceutique suisse, ce médicament injectable, le premier d’une nouvelle famille baptisée inhibiteurs de fusion, pourrait arriver sur le marché dès l’année prochaine.

Les spécialistes du marché pharmaceutique estiment toutefois qu’un traitement au T-20 devrait coûter de 10 à 12’000 dollars par patient et par année. Ce qui rendrait ce médicament hors de prix pour bon nombre de personnes.

Nouvelle approche

Alors que les thérapies actuelles bloquent la prolifération du virus après son entrée dans la cellule, le T-20 empêche carrément le HIV de pénétrer dans la cellule.

Les résultats de deux séries de tests cliniques présentés à Barcelone ont montré que ce nouveau médicament peut être deux fois plus efficace que les traitements actuellement disponibles.

«Les concentrations de HIV dans le sang diminuent considérablement chez les patients qui prennent du T-20, associé à une combinaison individuelle d’autres médicaments anti-virus», explique le porte-parole de Roche Alexander Klauser.

Lors des premiers tests, 37% des patients ont vu la quantité de virus dans leur sang diminuer au point de ne plus être décelable au bout de 24 semaines. Dans le même temps, les médicaments actuels n’ont permis d’atteindre ce résultat que dans 16% des cas.

Une seconde série de tests a permis d’atteindre un taux de réussite de 28%, contre 14% pour les médicaments traditionnels. La plupart des patients concernés avaient – il est vrai – de sérieux problèmes de résistance aux médicaments.

Le virus se défend

Cette résistance aux traitements, causée par les mutations rapides du virus HIV, constitue une grosse difficulté, tant pour les personnes séropositives que pour les chercheurs.

On estime que la plupart des patients ont développé une résistance à au moins l’une des substances qu’on peut leur proposer, alors que près d’un tiers d’entre eux ne réagissent plus du tout à un cocktail d’au moins trois médicaments.

La barrière du prix

Quoi qu’il en soit, Roche et la firme américaine Trimeris, qui présentent ensemble les résultats du T-20, comptent bien obtenir le feu vert pour commercialiser leur produit dans la seconde moitié de cette année. Aux Etats-Unis, la Food and Drug Administration a promis de faire diligence.

Les deux compagnies doivent maintenant se mettre d’accord sur le prix du produit. Mais Roche admet déjà qu’il sera cher.

David Reddy, chef de la division HIV du géant bâlois, explique que le T-20 est la protéine la plus complexe que Roche ait jamais produit. Le processus de fabrication ne requiert pas moins de 106 étapes de synthèse chimique.

«Ce médicament sera plus cher que les autres», avertit David Reddy. Actuellement, le traitement anti-HIV le plus coûteux du marché revient à quelque 11’000 dollars par année et par patient.

De quoi relancer le débat sur les sommes que les pays riches sont prêts à dépenser pour poursuivre la lutte contre le sida.

Le vaccin à l’horizon

La Conférence de Barcelone aurait également dû être l’occasion de faire le point sur les essais de vaccin les plus importants jamais menés depuis le début de l’épidémie mondiale.

Entamée en 1998, la campagne de la société VaxGen porte sur 7500 volontaires aux Etats-Unis, au Canada, aux Pays-Bas, à Porto Rico et en Thaïlande. Toutefois, si ses promoteurs ont fait état de leur «optimisme», ils ont refusé de divulguer leurs résultats, au grand regret des participants à la Conférence.

«Nous espérons disposer de très bonnes nouvelles dans les quelques mois à venir», indique cependant le docteur Donald Francis, président et co-fondateur de VaxGen.

Les responsables de VaxGen sont, de fait, tellement optimistes qu’ils réfléchissent déjà à la façon dont le vaccin potentiel, baptisé AIDSVAX, sera distribué.

Ils souhaitent le vendre au prix fort dans les pays riches et à bas prix dans les pays en développement.

swissinfo/Vincent Landon avec les agences

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