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Ultime étape du voyage vers Titan

Dessin de Huygens se détachant de Cassini. RTS

Une technologie suisse a permis à la sonde européenne Huygens de se séparer avec succès de l’orbiteur Cassini de la NASA.

Partie de la terre il y a sept ans, cette mission spatiale incroyable entre dans sa phase cruciale. La plus mystérieuse lune de Saturne est toujours plus proche.

C’est dans la nuit de Noël que la sonde Huygens, lancée par l’Agence spatiale européenne, s’est séparée de l’orbiteur Cassini lancé, lui, par la NASA américaine. L’opération a eu lieu grâce à un mécanisme fabriqué par la firme zurichoise Contraves Space.

Le projet conjoint Huygens-Cassini s’est mis en orbite de Saturne le 30 juin dernier à l’issue d’un voyage de sept ans long de 3,5 milliards de kilomètres.

Samedi, le petit vaisseau spatial en forme de soucoupe s’est détaché doucement de son orbiteur puis, en tournant sept fois par minute sur lui-même, s’est élancé à toute vitesse sur la lune perdue dans le brouillard.

Explication du patron de Contraves Space, Umberto Somaini, à swissinfo: «Nous avons fourni trois éléments principaux: les mécanismes qui permettent de séparer la sonde de l’orbiteur Cassini, le bouclier frontal et la couverture arrière.»

Environnement unique

Huygens glissera vers la surface de Titan retenu par trois parachutes, avant de s’y poser le 14 janvier. Dans les faits, la sonde restera silencieuse jusqu’au moment où un système de réveil – placé à son bord – se déclenchera juste avant d’atteindre les hautes couches de l’atmosphère de Titan.

Alors commencera la descente de la sonde dans l’atmosphère du satellite dont la composition chimique sera analysée. Les données collectées durant la descente vers Titan, qui doit prendre deux heures et demie, seront envoyées vers l’orbiteur Cassini.

Ce dernier, à son tour, orientera son antenne vers la terre et transmettra les données jusqu’au centre technique de l’Agence spatiale européenne à Darmstadt (Allemagne).

Les scientifiques espèrent notamment apprendre de la sonde si les nuages chargés d’hydrocarbures de Titan cachent des océans ou des lacs de méthane ou d’éthane. Ils souhaitent également chercher dans les nuages des indices indiquant la présence de volcans et de précipitations.

Atmosphère terrestre originelle

Après l’atterrissage, la sonde doit notamment permettre de chercher dans l’atmosphère nuageuse de Titan des informations sur la planète aux anneaux. Cette atmosphère, riche en azote, serait aussi proche de l’atmosphère originelle de la Terre, selon les chercheurs.

Ceux-ci en attendent des enseignements sur la chimie organique avant l’apparition de la vie, explique Jakob Frauchiger, du Bureau des affaires spatiales au Département de l’intérieur (DFI).

La sonde a déjà livré de nombreuses photos et données, dont les premières images de Titan, la découverte de deux nouveaux satellites de Saturne et d’un nouvel anneau de cette planète. Toutes ces informations ont fourni aux astronomes de nouvelles connaissances, mais aussi de nouvelles énigmes.

26 millions de francs pour la Suisse

Ce sera donc trois semaines après sa séparation d’avec Cassini ce 25 décembre, lors de laquelle le mécanisme de Contraves Space a vécu son baptême du feu, que la sonde Huygens, d’un diamètre de 2,7 mètres, plongera dans l’atmosphère du satellite de Saturne.

Le bouclier thermique, qui fait office de freins et protège les instruments de haute technologie contenus dans le module, atteindra une température de 8000 degrés Celsius, selon Umberto Somaini.

La mission internationale Huygens-Cassini, d’un coût global de 4,1 milliards de francs, est, techniquement, la mission spatiale la plus exigeante à ce jour. Les 350 kg de Huygens ont coûté environ 400 millions de francs à eux seuls.

Quelque 250 collaborateurs des Etats-Unis et de 17 pays européens ont travaillé à cette mission. La participation suisse se monte à 26 millions de francs.

swissinfo et les agences

Cassini-Huyens a été lancé de Floride en octobre 1997.
Il lui a fallu près de 7 ans et 3,5 milliards de km pour atteindre Saturne.
Le vaisseau spatial est en deux parties, l’orbiteur américain Cassini et la sonde européenne Huygens.
A part Contraves, 3 entreprises suisses ont contribué à la mission, ainsi que l’Université de Berne.

– Cassini-Huygens a été le 1er vaisseau spatial à se mettre en orbite de Saturne le 1er juillet.

– Le nom de la sonde américaine est celui du Français Jean-Dominique Cassini, directeur de l’Observatoire de Paris au 17e siècle, qui avait découvert plusieurs lunes de Saturne.

– La partie européenne porte le nom de Christiaan Huyguens, astronome néerlandais du 17e siècle qui avait découvert la présence d’anneaux autour de la planète.

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