Un centre genevois relaie un satellite européen

C'est un centre de l'université de Genève qui recueille les données du satellite européen INTEGRAL lancé jeudi matin du Kazakhstan.
L’ISDC («Integral science data centre») servira d’interface entre le satellite et des astrophysiciens du monde entier.
«Ce jeudi aura été, et de très loin, la journée la plus spectaculaire du Centre». Et sans doute aussi la plus longue, vu l’attente que provoquent presque toujours les lancements de satellite.
Mais, raconte à swissinfo le professeur Thierry Courvoisier, directeur de l’ISDC, après la tension, la détente: «On sait maintenant que nous pouvons aller de l’avant d’étape en étape».
C’est à l’aube de ce jeudi que le satellite d’observations astronomiques INTEGRAL – «INTErnational Gamma Ray Astrophysics Laboratory» – a en effet été lancé à l’aide d’une fusée russe Proton de la base spatiale de Baïkonour au Kazakhstan.
Dans la matinée, l’ISDC recevait et traitait déjà les premières informations transmises par le satellite placé sur une orbite terrestre en forme d’ellipse variant entre 9000 et 153 000 km. A Ecogia, la mission tant espérée pouvait commencer.
Récolter, archiver, distribuer
Pendant deux ans au moins, le Centre genevois situé non loin de la commune de Versoix sera chargé de récolter et d’analyser toutes les données du satellite et de les rendre utilisables par les scientifiques.
Ces données, comme l’indique le nom du satellite, permettront à ces derniers d’en savoir plus sur les rayons gamma provenant de l’univers proche et lointain, et sur d’autres phénomènes comme les étoiles de neutrons, les trous noirs ou les supernovae.
En fait, c’est d’abord au Centre européen d’opérations spatiales de Darmstadt, en Allemagne, que ces données arrivent de manière permanente. Elles sont ensuite acheminées par ligne numérique jusqu’au centre genevois.
L’ISDC doit alors traiter l’ensemble de ces informations, les décoder, les analyser, en faire une première synthèse, les archiver et les redistribuer à des observateurs répartis aux quatre coins du monde.
Bon pour le rayonnement
Les chercheurs pourront en quelque sorte passer commande d’observations particulières à faire exécuter par le satellite. C’est le Centre qui ensuite leur en communiquera les résultats dont ils auront l’exclusivité pendant une année.
La proximité de l’Observatoire de Genève, auquel l’ISDC est rattaché, devrait également permettre aux scientifiques confirmés et aux étudiants suisses de suivre de manière privilégiée les derniers développements de l’astrophysique.
Avec quel bénéfice pour l’ISDC lui-même? «Avec cette mission, explique Thierry Courvoisier, l’université de Genève se retrouve au cœur de l’astrophysique des hautes énergies et elle ne peut qu’y gagner en rayonnement».
swissinfo/Bernard Weissbrodt à Genève
L’ISDC
a commencé ses activités en 1996
est soutenu et financé par une douzaine d’instituts en Europe et aux USA
bénéficie aussi de l’appui d’institutions publiques et privées suisses
compte actuellement 37 collaborateurs, astrophysiciens ou informaticiens
utilise de gros outils logiciels qui tournent sur une centaine de machines

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