Un poisson «animal de l’année 2007»
La vie de l'ombre commun, autrefois très répandu, se fait de plus en plus difficile. En le nommant «animal de l'année», Pro Natura veut attirer l'attention sur son sort.
La plus importante association de défense de la nature en Suisse espère pouvoir redonner à ce poisson un habitat dans lequel il pourra prospérer.
Avec son imposante nageoire dorsale, le «porte-étendard» est l’un des plus beaux poissons indigènes. Hélas, déplore Pro Natura, la production d’hydroélectricité et les barrages lui mènent la vie dure.
Les sections de rivières situées à la transition entre les Préalpes vallonnées et le Plateau sont la patrie de l’ombre. Le poisson y trouve des conditions de vie idéales dans le courant rapide, les fonds recouverts de sable et de gravier et la succession de secteurs calmes et de turbulences, indique l’organisation.
L’ombre pond ses œufs dans le gravier, où ils deviennent des alevins qui se développent dans les endroits peu profonds où l’eau s’écoule plus lentement. Les ombres adultes se tiennent ensuite de préférence dans le courant rapide qui leur fournit petits crustacés et larves d’insectes en suffisance.
Lit colmaté par la boue
Or les rivières helvétiques n’offrent plus cette mosaïque d’habitats naturels. Pro Natura pointe du doigt les ouvrages de correction construits sur les cours d’eau et surtout l’économie hydroélectrique. Les «zones à ombres» conviennent en effet particulièrement à la construction de centrales hydroélectriques.
Leur construction a des conséquences dévastatrices pour cette espèce sensible de poissons. Les barrages constituent non seulement des obstacles insurmontables -séparant les populations d’ombres les unes des autres – mais ils ont aussi pour effet de freiner le courant. Conséquence: de la boue se dépose dans le lit des rivières et recouvre le gravier, empêchant ainsi les ombres de pondre.
A sec
La production d’électricité peut également entraîner des variations importantes et rapides du niveau de l’eau. Lorsque beaucoup d’eau est écoulée en une seule fois en aval des barrages, des œufs et des alevins ainsi que d’autres poissons sont entraînés par le courant loin de leur environnement naturel.
Ce déluge ne tarde pas à s’arrêter: les œufs et les jeunes poissons qui ont pu lui survivre se retrouvent soudain à sec et périssent. Ce mode de production d’énergie, appelé exploitation par éclusées, est mortel pour les êtres vivant dans les rivières.
On ignore les effectifs d’ombres en Suisse faute d’inventaire, explique Nicolas Wüthrich, responsable de l’information de Pro Natura. La pêche de cette espèce comestible mais peu connue est limitée dans certaines régions, mais pas interdite. Il ne faut pas confondre l’ombre et l’omble, chevalier par exemple. Ce dernier se trouve plutôt dans les lacs.
swissinfo et les agences
Pro Natura est la plus grande association de protection de la nature en Suisse. Active depuis 1909, elle revendique plus de 100’000 membres.
L’association a trois buts principaux: assurer la conservation à long terme des espèces et des habitats; favoriser la nature dans les zones agricoles, en forêt et dans les agglomérations; permettre qu’il y ait des régions qui restent sauvage.
Chaque année, Pro Natura élit un animal «animal de l’année», afin d’attirer l’attention sur son sort. Ses derniers choix étaient: le bouquetin (2006), le lézard agile (2005), le lièvre brun (2004), le machaon – un papillon – (2003) et la fourmi (2002).
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