La vigilance se relâche, le VIH progresse
Cette année, la Suisse devrait enregistrer une hausse de 20% du nombre de personnes nouvellement contaminées par le virus du sida.
A fin octobre, on signalait déjà 630 cas. Soit autant que pour l’ensemble de l’année 2001.
«La tendance est inquiétante, admet Christoph Schlatter. Elle prouve que le travail de prévention n’a pas complètement atteint ses buts.»
Et le porte-parole de Stop Sida de préciser: «Après quinze ans de campagnes, les gens commencent à se lasser».
Une lassitude qui se retrouve d’ailleurs dans les chiffres publiés lundi par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP).
630 nouveaux cas d’infection par le fameux VIH (virus de l’immunodéficience humaine, responsable du sida) ont été enregistrés jusqu’à fin octobre 2002. Soit autant que pour l’ensemble de l’année dernière.
Les statistiques de l’année en cours vont donc inévitablement s’inscrire à la hausse. Une augmentation qui devrait se situer autour de 20%.
Les hétéros, les femmes…
A noter que, depuis le début des années 90, la composition de ce que l’on nommait alors les «groupes à risques» a pas mal changé.
Les chiffres restent stables dans la population homosexuelle. Et le pourcentage de personnes qui attrapent le VIH lors d’injection de drogue est à la baisse.
Aujourd’hui, les hausses les plus nettes du nombre d’infections sont enregistrées chez les hétérosexuels.
«L’augmentation est plus particulièrement forte chez les femmes, précise Ruth Rutman, directrice de Stop Sida. Et ça nous inquiète beaucoup.»
…et les immigrés
Les spécialistes relèvent par ailleurs un accroissement des cas d’infection chez les immigrés venus de pays où la transmission hétérosexuelle du VIH est prédominante.
Une autre tendance qui se confirme. Mais qui se manifeste depuis plusieurs années déjà. Pour la Suisse, il s’agit essentiellement de personnes originaires d’Afrique sub-saharienne.
Responsable des analyses épidémiologiques sur le VIH à l’OFSP, Martin Gebhardt confirme: «Ces malades entrent pour une grande part dans la statistique des cas de transmission hétérosexuelle que nous avons en Suisse».
Un mauvais signe
Dans tous les cas, cette augmentation des nouvelles infections inquiète les autorités sanitaires. D’autant plus qu’elle intervient après une période de huit années de diminution constante (de 1990 à 2000).
«C’est mauvais signe, estime Martin Gebhardt. L’augmentation récente montre que nous perdons en efficacité, du moins si l’on admet que les diminutions des années passées constituaient une preuve de l’efficacité des campagnes de prévention.»
L’illusion de la guérison
Autre constat: l’apparition des thérapies qui permettent de contenir la progression du virus dans l’organisme a certainement rendu les gens moins prudents.
«Ces nouveaux médicaments ont fait croire à certaines personnes que l’on peut désormais guérir du sida, note Christoph Schlatter. Elles s’imaginent donc – à tort – que la maladie n’est plus un problème.»
Aujourd’hui, la Suisse compte 20 000 personnes séropositives. A la fin 2001, au niveau mondial, quelque 40 millions d’hommes et de femmes vivaient avec le VIH.
Pire, on s’attend à en recenser cinq millions de plus sur la planète à la fin de cette année.
Enfin, en 2001 toujours et à l’échelle mondiale encore, quelque trois millions de personnes sont mortes du sida, principalement en Afrique.
swissinfo/Vincent Landon
De plus en plus d’hétérosexuels adoptent à nouveau des comportements à risques
La Suisse recense 20 000 personnes séropositives
Dans le monde, elles seront 45 millions à la fin de l’année
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