Thabo Sefolosha transmet sa passion du basket

Chaque été depuis 3 ans, Thabo Sefolosha organise un camp de deux semaines pour promouvoir la pratique du basketball chez les plus jeunes. Rencontre avec cet expatrié, ambassadeur du sport suisse aux USA, durant une séance d'entraînement sur la Riviera vaudoise.
«Qui va prendre le rebond?», «Joue avec les autres!». Malgré le soleil de plomb et l’atmosphère lourde annonciatrice d’un orage soudain, la quinzaine de basketteurs en herbe écoute religieusement les conseils prodigués par Thabo Sefolosha. Le basketteur vaudois du Thunder d’Oklahoma, le club de NBA pour lequel il a signé cet hiver, se mue l’espace de deux semaines en coach avisé pour jeunes amoureux du ballon orange.
Un statut qu’il endosse tout naturellement et avec un plaisir non dissimulé: «La passion et l’envie déployées par les enfants à l’entraînement est universelle. Il fait 30 degrés mais ils continuent à jouer pendant les pauses. Quand j’avais leur âge, j’étais le même!», explique-t-il tout sourire.
Ils sont 280 enfants au total, répartis sur deux semaines, à s’être inscrits à la 3e édition du «Camp Thabo», qui se déroule du 13 au 25 juillet. Pour un forfait de 500 francs par semaine, tout frais compris, ces jeunes âgés de 8 à 18 ans peuvent profiter d’un encadrement adapté – 14 coaches au total – et des infrastructures de qualité mises en place par la commune de Blonay, sur les hauteurs du lac Léman, là-même où Thabo Sefolosha a fait ses premiers pas en club il y a près de 15 ans.
Le plaisir avant tout
«Le jeu sans ballon et dans l’espace, la prise de position, le un contre un, et bien sûr, le shoot, un fondamental du basket, sont les exercices les plus travaillés cette année», explique Thabo Sefolosha. «Mais avant tout, la pratique du basket doit rester un plaisir. Peu importe leur niveau, j’ai juste envie qu’ils partent d’ici en ayant appris quelque chose».
Très sollicité à chacune de ses apparitions sur les terrains d’entraînement, Thabo Sefolosha répond patiemment aux nombreuses questions des fans en culotte courte. «Tu peux nous faire un dunk?», lance de concert la jeune assemblée.
Ni une ni deux, il s’exécute. Trois pas d’élan. Le corps tout entier est porté vers les nues, comme guidé par ce ballon orange porté à bout de bras au fond des filets. Puis les mains viennent s’accrocher à ce panier qui semble résister presque comme par miracle au choc violent. «Whaaouuhh!», s’enthousiasme à l’unisson la ribambelle de bambins admiratifs.
Une présence remarquée
«Je sais que ça leur fait plaisir de pouvoir me rencontrer. Ils s’inscrivent aussi au camp pour cela. Certains reviennent chaque année, je commence à bien les connaître». Car même avec un emploi du temps chargé, partagé entre l’entraînement personnel, les obligations médiatiques, la représentation des sponsors, et, bien sûr, sa vie familiale, Thabo Sefolosha essaye d’être présent au moins deux fois par jour pendant une heure sur les terrains de Blonay.
Kgomotso Sefolosha, frère de Thabo et co-organisateur de la manifestation, affirme: «Comme il réside presque toute l’année aux Etats-Unis, il ne peut évidemment pas s’occuper des préparatifs. Mais il s’investit énormément durant le camp, contrairement à d’autres basketteurs qui mettent en place des offres similaires».
Maxime Weber, représentant français de l’agence marketing qui s’occupe des intérêts de Thabo Sefolosha, confirme: «Tony Parker organise le même genre de camps dans le nord de la France, en limitant le nombre de joueurs et en essayant d’être assez présent. Mais aux Etats-Unis, ces camps sont uniquement mis sur pied pour faire de l’argent».
La NBA, un énorme business
Car la NBA, la ligue de basket nord-américaine, c’est un énorme business dont chacun essaye de tirer le maximum de profit: «Quand on est gosse et qu’on rêve comme je l’ai fait de jouer dans la ligue la plus prestigieuse du monde, on ne se rend pas compte de tout cela. Vues de l’intérieur, les choses sont bien différentes».
Pour autant, Thabo Sefolosha n’est pas blasé d’une carrière nord-américaine qu’il embrasse depuis maintenant trois ans. «Il y a certes des désagréments. Les voyages sont très nombreux et la vie familiale en prend un coup. Mais je continue de vivre mon rêve à fond. J’ai encore des objectifs, comme par exemple endosser un rôle plus important dans une équipe. Mon but, désormais, c’est d’aller encore plus loin que ce que j’aurais pu imaginer».
Transféré récemment des Chicago Bulls, club pour lequel il évoluait ces trois dernières saisons, au Thunder d’Oklahoma, Thabo Sefolosha voit ce changement comme une belle opportunité dans sa carrière: «La saison qui arrive est importante. J’aurai la possibilité d’avoir davantage de temps de jeu et de prouver ce dont je suis capable sur le terrain».
Un exemple hors des terrains
A 25 ans, Thabo Sefolosha peut encore espérer évoluer durant plusieurs années au plus haut niveau. Verra-t-il d’autres joueurs suivre son exemple et le rejoindre outre-Atlantique? «Je l’espère vraiment. J’y crois, même s’il est difficile de dire à l’heure actuelle quand cela se produira.»
Mais c’est aussi hors des terrains que Thabo Sefolosha veut être un exemple. «Je déteste les inégalités et le racisme. J’ai l’impression qu’ici, les jeunes sont assez respectueux. Mais à Chicago, où je suis allé à la rencontre des écoliers, les discriminations sont beaucoup plus marquées. J’essaye tout simplement de transmettre mon expérience tout en espérant que cela puisse produire un petit effet.»
Samuel Jaberg, Blonay, swissinfo.ch
Famille d’artistes. Fils d’un musicien sud-africain et d’une mère artiste peintre suisse, Thabo Sefolosha est né en 1984 à Vevey, sur la Riviera vaudoise. Il est marié et père de deux petites filles.
Débuts. Il commence à jouer au basket au milieu des années 1990 dans le club de Blonay avec son frère aîné Kgomotso, lui aussi membre actuel de l’équipe nationale suisse. Il fait ses premiers pas en ligue nationale A à 16 ans, sous le maillot de Riviera, équipe issue de la fusion de clubs de Vevey et de Blonay.
Europe. Deux ans plus tard, il rejoint le club de première division française de Chalon-sur-Saône, où il «explose» durant les play-offs 2003-2004. Durant la saison 2005-2006, il joue en Italie, à l’Angelico Biella, où il est d’entrée sélectionné dans l’équipe de base.
Amérique. Le 28 juin 2006, Thabo Sefolosha (201 cm pour 98 kg) devient le premier basketteur suisse à entrer dans la prestigieuse NBA américaine. Il rejoint les Chicago Bulls, le club qui fut celui de Michael Jordan. Après deux saisons et demie passées à Chicago, Thabo Sefolosha est transféré en février 2009 au Thunder d’Oklahoma City, un club qui effectue sa première saison en NBA et qui est l’émanation de l’ancienne équipe des Seattle SuperSonics.
Equipe nationale. Thabo Sefolosha fait également partie du cadre de l’équipe de Suisse. Les 19 et 26 août prochain à Neuchâtel, il disputera deux matches face à Chypre et à la Roumanie pour accéder à la division A européenne.
Porte-parole. Thabo Sefolosha est le porte-parole de Swiss Roots aux Etats-Unis. «J’ai un peu perdu contact avec les gens de l’association», reconnaît-il. «Mais ça m’a fait plaisir d’être dans cette communauté à Chicago».
Racines. Coordonné par le Consulat général de Suisse à New York, soutenu par Présence suisse, Suisse tourisme et quelques entreprises privées, le projet Swiss Roots vise à faire redécouvrir leur patrie d’origine aux Américains possédant des racines helvétiques.
Web. Le site internet swissroots.org a été ouvert en mars 2006. On y trouve des centaines d’histoires suisso-américaines. Depuis son lancement, les demandes de naturalisation d’Américains aux racines helvétiques ont augmenté dans les consulats suisses.
Clichés. «Aux Etats-Unis, j’ai tenté de présenter d’autres aspects de la Suisse au-delà des clichés habituels chocolat, horlogerie, fromage. Mais ce n’est pas facile, car la Suisse reste un tout petit pays, bien souvent confondu d’ailleurs avec la Suède (rires)».
Aller-retour. Thabo Sefolosha vit près de 9 mois par année aux Etats-Unis. «Je m’y sens bien, même si mes racines sont en Suisse. J’y reviens le plus souvent possible parce que j’y ai ma famille et mes amis».

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