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St-Gall veut aussi reléguer le français à l’école secondaire

Keystone-SDA

Après le parlement zurichois, les députés st-gallois veulent, eux aussi, repousser l'enseignement du français à l'école secondaire. Tous les groupes du législatif cantonal ont soutenu une motion en ce sens, qui contredit le concordat d'harmonisation scolaire HarmoS.

(Keystone-ATS) L’enseignement d’une deuxième langue nationale à l’école primaire constitue une charge supplémentaire pour les élèves, sans avantage prouvé à long terme, peut-on lire dans la motion adoptée mercredi par le parlement st-gallois. Les groupes de l’UDC, du PLR, du Centre (PEV inclus) et du centre-gauche (PS, Vert-e-s et Vert’libéraux) sont à l’origine de ce texte voté par 88 voix contre 24 et une abstention.

Il faut renforcer les compétences de base à l’école, ont invoqué des députés. Il ne s’agit pas de supprimer l’enseignement du français, mais de le renvoyer de deux ans, de la 5e année primaire à la première année secondaire. Des députés minoritaires ont mis en garde, en vain, contre le risque de «brusquer» la Suisse romande et de «briser quelque chose».

Un représentant vert’libéral a pris la parole en français, suscitant le rejet d’un collègue UDC. La demande de ce dernier de faire interdire l’usage du français à la tribune a, cependant, été refusée par 72 voix contre 27 et neuf abstentions.

Renvoi de l’anglais refusé

Un amendement déposé par trois députés du PS, des Vert-e-s et du PVL demandait le renvoi de l’enseignement de l’anglais à l’école secondaire à la place de celui du français. Il a été nettement rejeté.

L’exécutif st-gallois doit présenter désormais une modification de loi précisant que le français sera enseigné à partir de la 7e année scolaire (9e HarmoS). La ministre de l’éducation Bettina Surber (PS) a souligné que l’enseignement du français à l’école obligatoire était absolument élémentaire.

Incompatibilité avec HarmoS

Si le renvoi du français à l’école secondaire est incompatible avec le concordat HarmoS, le gouvernement st-gallois devra s’engager pour la modification de ce dernier. Le concordat prévoit que deux langues non maternelles dont une langue nationale sont enseignées à l’école primaire.

Dans les cantons alémaniques non limitrophes de la francophonie, l’anglais est actuellement enseigné dès la 3e et le français dès la 5e année primaire. Dans les cantons limitrophes, c’est l’inverse qui prévaut.

Possibilité d’une loi sur les langues

En mars dernier, le parlement d’Appenzell Rhodes-Extérieures a aussi adopté une motion demandant le renvoi de l’enseignement du français à l’école secondaire. Le 1er septembre dernier, les députés zurichois en ont fait de même, par 108 voix contre 64. Seule la gauche a rejeté ce texte rédigé par l’UDC, les Vert’libéraux et les Evangéliques.

Quelques heures après ce vote, Christophe Darbellay, président de la conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), avait parlé «d’un coup de canif très sérieux dans la cohésion nationale».

Le même jour, la conseillère fédérale chargée de l’éducation, Elisabeth Baume-Schneider, avait dit son inquiétude face à une décision qui «remet en question le compromis sur les langues et questionne notre vivre ensemble.» Elle avait annoncé qu’elle proposerait au Conseil fédéral de réfléchir à une loi contraignante sur les langues nationales, si d’autres cantons devaient suivre l’avis de Zurich.

«Attaque» du PVL contre le français à Berne

L’enseignement du français à l’école primaire est aussi remis en question dans d’autres cantons alémaniques, comme Bâle-Campagne et la Thurgovie, où des motions en ce sens ont été déposées, ainsi qu’à Schwyz, où la question occupe actuellement les autorités scolaires.

Même dans le canton de Berne, qui compte pourtant une minorité francophone, les Vert’libéraux ont déposé une motion s’inspirant du texte zurichois. Mercredi, les sections socialistes de Bienne et du Chasseral y ont réagi en dénonçant cette «attaque contre l’enseignement du français» qui «est peut-être plus grave encore que dans d’autres cantons.»

Le 2 septembre, le Grand Conseil neuchâtelois a adopté une résolution déplorant la volonté d’abandonner l’enseignement du français à l’école primaire et invitant son homologue zurichois à revenir sur sa décision «qui menace la cohésion nationale».

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