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Tentative de féminicide: 16 ans et demi de prison requis

Keystone-SDA

Le Ministère public neuchâtelois a requis lundi des peines de 16 ans et demi et de 14 ans de prison pour tentative d'assassinat d'une femme qui a été brûlée vive. Le commanditaire a continué à nier sa responsabilité dans cette tentative de féminicide.

(Keystone-ATS) Le réquisitoire du Ministère public devant le Tribunal criminel de Neuchâtel a commencé de façon très émouvante par l’enregistrement de l’appel le 20 octobre 2022 à la centrale d’urgence, du jeune fils de la victime. On entend les cris de douleur de cette dernière en arrière-fond. La procureure a d’emblée déclaré qu’il « s’agit d’un des crimes les plus odieux du canton de ces dernières années ».

Pour Manon Simeoni, « c’est une attaque lâche et barbare ». Selon la procureure, le commanditaire a conçu, participé à la tentative d’assassinat qu’il avait planifié depuis plus d’un an. Jaloux, il ne supportait pas que la victime ait mis fin à leur relation et voulait maintenir un contrôle sur sa vie par une surveillance incessante.

Selon la procureure, le commanditaire voulait anéantir la mère de famille pour qu’elle ne puisse plus continuer la vie sans lui. « Il a agi de façon lâche et odieuse, en faisant faire le sale boulot à d’autres. Avec une grande cruauté, il a choisi de concentrer l’essence sur son visage pour la défigurer et la faire souffrir ».

Expulsion du territoire

Le Ministère public a requis dix ans d’expulsion du territoire. En plus des 16 ans et demi de prison pour tentative d’assassinat, s’ajoutent huit mois de prison pour des affaires d’escroquerie, de faux dans les titres et de violation de l’obligation de tenir une comptabilité, soit une peine globale requise de 17 ans et trois mois.

Pour la partie plaignante, l’avocat Alexandre Zen-Ruffinen, le commanditaire a agi de manière particulièrement odieuse et égoïste. « Il savait que les enfants de la victime souffrent d’une maladie incurable. Cela ne l’a pas empêché de vouloir » que leur mère meure et qu’ils deviennent orphelins.

« Je trouve choquant ce qui est arrivé à la victime mais je suis innocent », a déclaré l’accusé principal. « J’ai subi la vengeance » des auteurs de l’infraction que « j’hébergeais chez moi et que j’ai mis dehors de mon appartement à cause de la drogue ».

La défense a rappelé que le prévenu a clamé son innocence depuis le début et a expliqué ses contradictions par sa dépendance à l’alcool. Avec « le brouillard alcoolisé dans lequel il était, comment pouvait-il planifier minutieusement et rigoureusement ce plan et être capable de l’organiser », s’est interrogée Valérie Schweingruber Dupraz.

Pour l’avocate, il s’agit de « discussions d’hommes bourrés ». Elle a parlé de pieds nickelés. Elle a déploré que l’instruction a été menée quasi exclusivement à charge.

Concernant le 2e prévenu portugais, le Ministère public a ajouté qu’il est co-auteur de l’infraction, peu importe qu’il ait mis lui-même le feu ou pas. « Son intervention a contribué au résultat. Il a contribué de manière déterminante à l’infraction avec des actes préparatoires (…). Il a fui quand la victime était en feu ». La procureure a requis également une expulsion de dix ans du territoire.

Pour de l’argent

Durant l’audience, le co-auteur a déclaré avoir agi par besoin d’argent car le commanditaire lui aurait promis 5000 francs, plus une pension de 500 francs par mois. « Mon client a sombré dans l’alcool et la drogue et a été l’instrument dans les mains d’un homme qui a su exploiter ses failles, sa dépendance, pour en faire un pantin », a expliqué Pascal Queloz.

L’avocat a rappelé que son client, qui avait auparavant refusé plusieurs fois de passer à l’acte, avait déjà pris la fuite quand le feu a été mis à la victime. Selon lui, « il n’avait pas l’intention de tuer ». La défense a plaidé les lésions corporelles graves. Le 3e auteur de cette tentative de féminicide a été condamné pour tentative de meurtre au Portugal.

La victime a eu le courage de s’exprimer malgré ses lourdes séquelles psychiques et physiques. « Je ne veux plus jamais les revoir. J’aurais des envies de leur foutre le feu, qu’ils hurlent jusqu’à ce que l’on les éteigne » pour qu’ils comprennent la souffrance qu’ils m’ont infligée.

Le verdict sera rendu mardi à 11h.

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