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Ai Weiwei: un plasticien omniprésent à Lausanne

L'artiste chinois Ai Weiwei a participé mercredi à Lausanne à une rencontre avec la presse en marge de la présentation de son exposition au Musée des Beaux-Arts de Lausanne. KEYSTONE/AP Keystone/CHRISTIAN MERZ sda-ats

(Keystone-ATS) Ai Weiwei ne se considère pas comme un artiste, mais comme quelqu’un qui traite de problèmes politiques et culturels à travers différents medium. « Mes oeuvres sont toutes très différentes », a-t-il déclaré mercredi à Lausanne.

Invité au Musée des Beaux-Arts de Lausanne dans le cadre de l’exposition « D’ailleurs c’est toujours les autres », l’artiste contestataire chinois ne s’inquiète pas d’une surexposition médiatique. « J’ai soixante ans et je peux mourir demain », a-t-il déclaré mercredi devant un parterre de journalistes suisses et étrangers.

« Quand on m’invite pour une exposition, je dis souvent oui. J’ai beaucoup de chance », a-t-il souri.

En Suisse en 2004

Ai Weiwei a tout d’abord évoqué sa première exposition en Suisse, un pays avec lequel il entretient de bons rapports. C’était à Berne en 2004 et l’événement était organisé par le directeur du Musée des Beaux-Arts (MCBA) Bernard Fibicher. L’exposition était petite, mais chaque pièce avait trouvé sa place parfaite dans la Kunsthalle, s’est remémoré Bernard Fibicher.

L’artiste a également répondu à une nuée de questions variées, dont une portant sur les pressions exercées à son égard. La plupart de ses expositions reçoivent une pression ouverte des autorités consulaires chinoises, a expliqué Ai Weiwei.

En 2004, un représentant du consulat était venu voir l’exposition à Berne, s’est rappelé Bernard Fibicher. Pour l’actuelle à Lausanne, il n’ y a eu aucune pression, a-t-il relevé.

Imprévisible

L’artiste qui vit à Berlin depuis 2015 ne craint pas de retourner dans son pays. « Quand j’ai récupéré mon passeport, je suis retourné en Chine, ils m’ont enfermé dans mon appartement. C’est imprévisible ». De nombreux avocats des droits de l’homme ont été emprisonnés, rappelle-t-il.

« La Chine est devenue une puissance économique, mais elle ne fait pas confiance à son propre peuple. Il n’y a pas d’Etat de droit. La créativité, la liberté d’expression sont réprimées », souligne le plasticien.

« Ce que je fais, ce n’est pas seulement pour la génération de mon père, mais pour la mienne et celle de mon fils de huit ans. Quand j’ai été exilé – sa famille a été rééduquée dans un camp – j’avais cinq ans », a-t-il rappelé.

Un pont entre passé et avenir

Ai Weiwei a aussi évoqué son film « Human Flow », une grosse production qui devrait sortir prochainement en Suisse, s’attachant à l’injustice de l’exil forcé. Il a voyagé dans de nombreux pays pour préparer cette oeuvre sur une tragédie qui concerne 65 millions de personnes.

En vieillissant, Ai Weiwei se dit plus attaché au temps, à l’histoire. « Je suis un produit du passé. L’artiste est un pont entre le passé et l’avenir ».

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