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UBS toujours dans les chiffres rouges

UBS au 3e trimestre, des chiffres qui déçoivent. Keystone

Le numéro un bancaire helvétique a essuyé une perte de 564 millions de francs au 3e trimestre. Il a en outre continué d'afficher des sorties de capitaux massives. La Bourse sanctionne le titre.

UBS a certes pu freiner un peu la spirale déficitaire, puisque la perte s’élevait encore à 1,4 milliard de francs lors du trimestre précédent. Mais il s’agit tout de même du huitième trimestre dans les chiffres rouges sur neuf. Et si les analystes tablaient sur une perte pour cette période de juillet à septembre, ils ne s’attendaient pas à un tel trou.

Responsable des finances de la banque, John Cryan a évoqué lors d’une conférence téléphonique principalement des charges comptables pour expliquer ces résultats, allant d’une charge sur propre crédit de 1,44 milliard de francs à une perte de 409 millions de francs en rapport avec la finalisation de la vente de UBS Pactual au Brésil.

Quant à la conversion des obligations à conversion obligatoire émises pour la Confédération, elle s’est soldée par une perte de 305 millions de francs.

Résultat positif avant impôts

Sans les facteurs exceptionnels, l’UBS a dégagé pour la deuxième fois de suite un résultat positif avant impôts, selon John Cryan. Le bénéfice sous-jacent avant impôt ressort à 1,56 milliard de francs, contre 971 millions de francs au 2e trimestre.

La situation financière de la banque s’est stabilisée, souligne le responsable. Il s’agit désormais de consolider le rendement opérationnel, surtout en 2010. Entre juillet et septembre, «Investment Bank» a subi une perte avant impôts de 1,4 milliard de francs, après un déficit de 1,8 milliard au trimestre précédent.

Sorties en masse

Du côté du flux des capitaux, les sorties se sont poursuivies en masse. Elles se sont élevées à 36,7 milliards de francs contre 39,4 milliards lors du 2ème trimestre. Le reflux net de capitaux est demeuré quasiment stable dans l’unité «Wealth Management & Swiss Bank», qui chapeaute la gestion de fortune et les activités suisses, à 16,7 milliards de francs, soit 200 millions de plus qu’à fin juin.

Toutefois, les retraits nets d’argent ont explosé du côté de la clientèle suisse, passant en l’espace d’un trimestre de 0,2 à 3,9 milliards. Du côté des clients internationaux, la situation s’est en revanche améliorée, les sorties nettes d’argent s’étant réduites de 16,3 à 12,9 milliards de francs. Dans la gestion de fortune aux Etats-Unis, elles sont reparties à la hausse passant de 5,8 à 9,9 milliards.

Lente amélioration

John Cryan souligne que la banque a encore réduit le bilan et l’exposition aux risques. Le total des actifs a baissé de 8% à 1.476 milliards de francs et les actifs pondérés en fonction des risques de 15% à 211 milliards de francs. Le ratio de fonds propres de 1ère catégorie s’est encore amélioré à 15%.

Selon le responsable des finances, le programme de réduction des coûts est en bonne voie. Les effectifs d’UBS ont reculé de 2.783 personnes, s’établissant à 69.023 collaborateurs.

Patron d’UBS, Oswald Grübel estime que la banque a pris en main les problèmes urgents ces derniers mois. «Les affaires reprennent progressivement un rythme normal».

Une amélioration est désormais attendue, surtout dès 2010, mais ces progrès seront «tributaires des conditions des marchés et d’autres facteurs», prévient Oswald Grübel. La banque n’attend pas de reprise immédiate de l’afflux d’argent frais de la clientèle.

Et les résultats du 4e trimestre présenteront à nouveau une charge pour propre crédit due à un nouveau resserrement des écarts de crédit. Quant aux réductions de coûts, elles ne produiront leur effet qu’au début 2010.

La Bourse suisse a réagi négativement aux résultats. L’action UBS perdait 5,6% à 16,38 francs à l’ouverture des marchés mardi et n’a guère évolué ensuite.

swissinfo.ch et les agences

Exposition. UBS est l’une des banques les plus touchées par la crise financière débutée en 2008. Elle a été particulièrement exposée aux mauvais risques sur le marché américain.

Déficit. L’année 2008 s’est soldée par un déficit historique de presque 20 milliards de francs, contre «seulement» 5,2 milliards l’année précédente.

Sorties. Les retraits d’argent de la banque avaient atteint 14,9 milliards de francs au premier trimestre 2009 et 85,8 milliards trois mois auparavant.

Sauvetage. La Confédération suisse a volé au secours d’UBS. Elle a injecté 6 milliards de capital dans la banque (emprunt convertible) et chargé la Banque nationale de créer une structure pour reprendre les «fonds toxiques» d’UBS.

Plainte. En février dernier, les autorités fiscales américaines (IRS) ont déposé une plainte auprès du Tribunal fédéral de Miami pour tenter d’obliger UBS à fournir la liste de 52’000 clients soupçonnés de fraude fiscale.

Défense. Pour la Suisse, cette plainte était contraire aux accords de double imposition en vigueur avec les Etats-Unis. Berne a affirmé qu’elle poursuivrait UBS si la banque communiquait les 52’000 noms à l’IRS.

Accord de principe. Vendredi 31 juillet, les parties au conflit, soit les gouvernements américain et suisse ainsi que UBS, ont annoncé être parvenues à un accord extrajudiciaire de principe.

4450. Selon cet accord, les données de 4450 comptes devront être transmises dans un délai d’un an mais la banque suisse échappe au paiement d’une amende.

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