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Un vote plus marqué par le réalisme que l’enthousiasme

Les Slovaques aussi vont bénéficier d'une aide significative, donnée aux nouveaux Etats membres de l'UE Keystone

On n'avait dit la Loi sur la coopération avec les Etats de l'Europe de l'Est très disputée. Mais au final, les citoyens l'ont acceptée sans problème par 53,4%.

Ce vote montre toutefois que les adversaires d’un trop grand rapprochement avec l’UE restent un camp avec qui il faut compter, même s’ils ne parviennent plus remporter les scrutins.

Jusqu’au dernier moment, les sondages laissaient entrevoir une issue incertaine dans ce vote sur la Loi fédérale sur la coopération avec les Etats de l’Europe de l’Est.

Avec 53,4% de «oui», les partisans obtiennent un résultat qui n’est ni triomphal ni même confortable, mais toutefois largement suffisant.

On constate qu’au fil des votations, le rapprochement avec l’Union européenne (UE) est à chaque fois confirmé.

Pour mémoire, les Suisses avaient déjà accepté il y a peu la participation aux accords européens de Schengen et Dublin ainsi que l’extension de l’accord de libre circulation des personnes aux nouveaux Etats membres d’Europe orientale.

Entre peur et réalisme

Pour autant, le rapprochement avec l’UE ne soulève de loin pas l’enthousiasme. Même en Suisse romande, traditionnellement europhile, les partisans de l’aide aux pays de l’Est ont peiné à recueillir plus de 60% des voix.

Plus que par l’enthousiasme, les Suisses semblent plutôt marqués par le pragmatisme et le sens des réalités. Le pays s’est engagé depuis quelques années déjà dans une voie de relations bilatérales avec le grand voisin européen. Les citoyens semblent en avoir définitivement pris acte.

Au fil des scrutins, ils confirment donc vouloir continuer sur cette voie, même s’ils montrent un certain scepticisme face aux thèmes qui leurs sont soumis. Ils agissent donc par réalisme.

Bruxelles en arbitre

Mais une part de peur semble également dicter leur choix. Lors de chaque scrutin se pose la question de la réaction de Bruxelles en cas de «non».

Cet argument a particulièrement été mis en avant lors de ce vote sur l’aide aux pays de l’Est, car c’est l’UE elle-même qui l’avait sollicitée.

Un «non» ce dimanche n’aurait pas rendu caduc l’ensemble des accords bilatéraux. Mais des négociations en vue de nouveaux accords auraient été très sérieusement compromises.

Face à cette incertitude, les Suisses ont donc préféré être prudents et préserver cette voie bilatérale que l’ont dit bénéfique pour leur économie.

Des opposants puissants

Même s’ils ont désormais perdu plusieurs scrutins sur des questions européennes, les adversaires d’un trop grand rapprochement avec l’UE restent puissants en Suisse.

L’analyse des résultats de ce dimanche montre qu’ils bénéficient toujours d’un large soutien au Tessin, dans les petits cantons de Suisses centrale et orientale ainsi que, plus généralement, dans les zones rurales.

Principal parti d’opposition sur les questions européennes, l’Union démocratique du centre (UDC / droite dure) ratisse au-delà de ses propres rangs. Le parti représente environ un quart de l’électorat, mais parvient au fil des scrutins sur des questions européennes à flirter avec la barre fatidique des 50%.

Ces derniers mois, l’UDC n’a pas réussi à forcer la décision sur les dossiers européens. Mais il s’agissait de dossiers plus ou moins liés aux bilatérales.

Mais si LA grande question devait se reposer un jour, à savoir une éventuelle adhésion de la Suisse à l’UE, il paraît plus que probable que l’UDC arriverait à faire capoter le projet.

Le gouvernement en est d’ailleurs conscient et laisse le dossier de l’adhésion bien sagement enterré dans ses tiroirs.

swissinfo, Olivier Pauchard

Depuis la chute du Mur, la Suisse a déjà aidé les pays de l’Est et de l’ancienne URSS à raison de 3,4 milliards de francs.

L’arrêté fédéral sur lequel reposait cette aide arrive prochainement à échéance. C’est pourquoi le gouvernement et le Parlement proposaient cette nouvelle Loi fédérale sur la coopération avec les Etats de l’Europe de l’Est.

D’une validité de dix ans, cette loi permettra de maintenir l’aide de la Suisse à ces régions.

Cette loi permet aussi d’attribuer une contribution d’un milliard de francs aux pays de l’Est qui ont rejoint l’UE le 1er mai 2004.

Bruxelles avait demandé de verser cette contribution dans le fonds de cohésion de l’UE. Mais la Suisse a obtenu de choisir elle-même les projets de développement qu’elle entendait soutenir dans les nouveaux Etats-membres.

La Loi fédérale sur la collaboration avec les Etats de l’Europe de l’Est a été:

– acceptée 53,4% des citoyens et refusée par 46,6%
– acceptée par 14 cantons (dont tous les romands) et refusée par 9 cantons

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