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Une étape dans la longue marche du personnel soignant

Infirmière: une profession qui demande à être revalorisée. Keystone Archive

A Zurich, le canton et les représentants du personnel soignant viennent de mettre un terme à un conflit salarial vieux de cinq ans. Un signal pour les autres cantons. En effet, partout se pose le problème de la revalorisation des professionnels de la santé. Et la grogne monte.

«Ce jour est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire des femmes et du canton de Zurich», déclarait mercredi la directrice zurichoise de la santé, Verena Diener, en présentant les mesures salariales prises en faveur de quatre professions médicales, typiquement féminines.

Des mesures qui coûteront cher à l’Etat: 70 millions par an, à quoi il faut ajouter 280 millions d’arriérés de salaires. Mais le canton ne fait là que rétablir une injustice et mettre en œuvre une décision prise au début de l’année par le Tribunal administratif cantonal.

Ce jugement avait en effet reconnu l’existence d’une discrimination salariale touchant les infirmières, les enseignantes en soins-infirmiers, les ergo- et physiothérapeutes, sans toutefois admettre l’ensemble des revendications des plaignantes. Si bien que les représentants du personnel soulignent aujourd’hui que «l’exigence d’un salaire égal pour un travail égal garde toute son actualité.»

Mais la solution trouvée à Zurich est tout de même un signal. «C’est un revirement, juge Pierre-André Wagner de l’Association suisse des infirmières et infirmiers. C’est la première fois qu’à un niveau aussi vaste on entre en matière sur nos revendications et qu’on les accepte en bonne partie. Nous espérons que les autres cantons vont saisir ce signal.»

Autre réaction, celle de la Conseillère d’Etat neuchâteloise Monika Dusong, responsable de la santé. Pour elle, la décision zurichoise va bel et bien avoir un impact: «on va prendre conscience, dans tout le pays, qu’il faut payer à un niveau convenable les gens qui travaillent dans le secteur des soins.»

Des professions qui sont en pleine crise. Il y a la question des rémunérations, mais pas seulement. Il y a aussi des conditions de travail difficiles et la pression des mesures d’économie ou de rationalisation. «Dans la plupart des établissements, résume Pierre-André Wagner, les infirmières ne sont plus à même d’exercer leur métier de manière satisfaisante et conforme à leur formation».

Et puis, il y également un problème d’estime, d’image. «On a l’impression que ces métiers peinent à se faire reconnaître à leur juste valeur, à leurs justes compétences, observe Monika Dusong. Et cette crise là me paraît beaucoup plus profonde que la question des niveaux de salaire.»

Témoin de cette situation: la manque de personnel. Une enquête réalisée par la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sanitaires montre que seuls 7 cantons n’ont pas de problème de personnel dans le domaine des soins intensifs. Ce chiffre tombe à 4 en ce qui concerne les salles d’opération. Pour ces deux seuls domaines, il manque en Suisse au moins 290 postes. Une pénurie «aiguë» conclut la Conférence.

Les organisations professionnelles, de leur côté, sont bien décidées à maintenir la pression sur les pouvoirs publics. Elles soutiennent les plaintes pour discriminations, comme dans le cas zurichois. Même si le bilan que tire Pierre-André Wagner est plutôt mitigé: «en ce qui concerne les infirmières, les arrêts que je connais sont très défavorables et très marqués par des clichés sur cette profession.»

Reste des méthodes plus démonstratives. Ainsi, l’accord sur les salaires, à Zurich, a été précédé par une série de manifestations, d’actions. Ces jours, c’est dans le canton de Berne que la marmite bout. Les représentants du personnel médical, au rang desquels on trouve même l’Association des médecins-assistants et chefs de clinique, préparent pour le 9 mai rien de moins qu’une journée de grève.

Pierre Gobet, Zurich

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