Une affaire d'Etat pour des poussins
A l'époque de Pâques, les enfants se poussent au portillon de l'expo «poussins» du Musée d'histoire naturelle de Fribourg. Mais, cette année, invoquant le stress des oisillons, le vétérinaire cantonal a interdit la manifestation sous sa forme habituelle. L'affaire a suscité beaucoup d'émoi. Au point que des députés ont demandé au gouvernement de prendre position.
«Au début, je n'ai pas cru que l'exposition serait réellement annulée. Il me semblait inimaginable que l'on puisse priver les enfants d'un tel plaisir, explique la députée Odile Charrière-Philipona. Mais il a bien fallu se rendre à l'évidence: cette année, il n'y a pas de poussins au Musée d'histoire naturelle».
Il y quelques jours, les députées Odile Charrière-Philipona et sa consœur Madeleine Genoud-Page ont donc adressé une question au gouvernement fribourgeois. Le Conseil d'Etat dispose de 60 jours pour faire connaître sa position sur la délicate «affaire des poussins».
Conformément à l'interpellation des députées fribourgeoises, le Conseil d'Etat doit également préciser les motifs qui ont poussé le vétérinaire cantonal à interdire la manifestation.
C'est que les motifs invoqués laissent les députés particulièrement perplexes. «Le vétérinaire cantonal justifie sa décision en affirmant que plusieurs poussins sont morts durant la manifestation, explique Odile Charrière-Philipona. Or, si c'est le cas, en qualité d'autorité de surveillance, il aurait dû agir immédiatement et établir un procès-verbal en bonne et due forme.»
Une polémique s'est d'ailleurs engagée sur le nombre de victimes de la dernière exposition. Le Musée d'histoire naturelle déplore le décès de deux poussins alors que le vétérinaire cantonal prétend, lui, qu'il y en a eu plus.
«Où sont les preuves», s'interroge Odile Charrière-Philipona. Et d'ajouter: «je ne suis pas sûre que l'on puisse invoquer de telles raisons pour supprimer une manifestation qui attirait plus de 30 000 visiteurs chaque année».
Aux yeux du vétérinaire cantonal et des instances fédérales, l'affaire est pourtant entendue: «l'exposition ne respectait tout simplement pas la Loi fédérale sur la protection des animaux». En effet, les poussins étaient manipulés par les visiteurs. Et, par conséquent, ils étaient soumis à un niveau de stress intolérable.
L'expo «poussins» aurait pu survivre, à condition de revoir son concept. Mais, le directeur du Musée d'histoire naturelle s'est refusé à mettre les oisillons en vitrine, arguant que la manifestation perdrait ainsi son caractère convivial et didactique.
En résumé, sans toucher, pas de véritable connaissance. Et André Fasel d'ironiser: «on ne peut pas tout apprendre par le biais de la vidéo».
Bref, le débat autour de la fameuse exposition «poussins» prend l'allure d'une guerre de religion. «Il y a d'un côté les défenseurs des animaux qui prêchent pour une stricte application de la loi, explique Gérald Bergier, chef du Service des affaires culturelles du canton de Fribourg. Et de l'autre, les personnes qui estiment que le contact avec les poussins représente un acte pédagogique à part entière. Un acte qui permet notamment aux enfants d'apprendre à aimer et à respecter les animaux».
Et Gérald Bergier de conclure: «on peut aussi se demander si les oisillons élevés en batterie sont moins stressés que ceux qui participaient à l'exposition poussins».
Maigre consolation. Cette année, au Musée d'histoire naturelle de Fribourg, les enfants peuvent fabriquer eux-mêmes des poussins...en chocolat.
Vanda Janka

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