
Après Paléo, la Fête fédérale de lutte

Nyon veut jeter un pont entre les accents lacustres de Suisse romande et les traditions alpestres et sportives alémaniques. Sur les bords du Léman, on prépare activement la Fête fédérale de lutte.
La Fête fédérale de lutte suisse et des jeux alpestres (puisqu’il faut bien l’appeler par son nom complet) a son origine dans les alpages de Suisse centrale et orientale. C’est donc par définition une tradition alémanique. Mais, sans conteste, elle fait partie du patrimoine national, au même titre que les fêtes de tir, de musique ou de gymnastique.
Organisée tous les trois ans, c’est la ville de Nyon qui, de manière surprenante, a été choisie pour héberger sa première édition du 21e siècle. «C’est un pari voulu, nous dit Claude Ruey, conseiller d’Etat vaudois et président du Comité d’organisation. Nous voulons marier la tradition alpestre à l’origine de la fête et la tradition lacustre de la région d’accueil.»
Aurait-il oublié que la Suisse centrale est, elle aussi, très fière de ses lacs, à commencer par celui des Quatre-Cantons, au cœur même de la Suisse des origines? «Notre culture lacustre à nous est internationale, répond-il. Ce que nous offrons est une culture de l’échange différente de celle du monde alpestre.»
Jeux olympiques à la suisse
Autre défi: la rencontre entre les sportifs et le grand public. D’un côté, les athlètes: 280 lutteurs, 400 joueurs de hornuss et 50 lanceurs de pierre. Pour eux, ce rendez-vous triennal constitue une sorte de «rendez-vous olympique à la suisse».
De l’autre, monsieur tout-le-monde. «Il faut avoir vu ça au moins une fois dans sa vie», dit encore Claude Ruey, convaincu que «c’est un spectacle dont beaucoup ignorent l’intensité émotionnelle et sportive». Bref, un événement à la fois patriotique, athlétique et culturel.
Osmose
De tout cela, on aura le temps de reparler le temps venu, c’est-à-dire les 24, 25 et 26 août prochains. En attendant, Nyon s’affaire dans les préparatifs matériels. Et ce n’est pas une mince affaire. Au point que l’armée a mis deux bataillons de génie à la disposition des organisateurs qui peuvent compter aussi sur l’appui de la Protection civile et deux bons milliers de bénévoles.
Jugez plutôt. A l’endroit même où, il y a une douzaine de jours, on chantait et dansait encore sous les chapiteaux du Paléo Festival, on est en train de construire d’immenses gradins autour d’une arène de 115 mètres de diamètre pouvant accueillir 33 000 spectateurs. En clair, le plus grand chantier provisoire actuel de Suisse.
Il y aura aussi le «village vaudois» censé provoquer l’osmose entre Helvètes d’horizons différents. Mais, précise Jean-Claude Gigon, responsable de l’animation, «nous ne voulons pas faire une fête séparée de la fête de lutte, on verra que la Suisse est une et diverse mais qu’elle vit bien».
Le trait d’union entre tout cela pourrait bien être la musique folklorique, celle qui chauffe les ambiances dans l’arène, autour des lanceurs de pierre ou dans la cantine. 50 groupes et 1400 instrumentistes sont prêts à relever le défi presque continu de 42 heures de musique.
Qui viendra?
Reste, à l’heure des préparatifs, les deux questions qui hantent un peu tous les esprits. Les Alémaniques feront-ils le déplacement jusqu’à «l’ouest de l’ouest de la Suisse»? Les Romands de la région vont-ils saisir cette occasion de mieux connaître leurs compatriotes?
A quinze jours des premières passes dans les sept ronds de sciure de l’arène, seuls 20 000 des 33 000 billets d’entrée ont été vendus, dont trois bons quarts dans le public suisse alémanique. Les organisateurs ont confiance, à condition que la météo ne leur joue pas de mauvais tour.
De toute façon et quoi qu’il advienne, un roi de la lutte suisse sera sacré le dimanche soir. Et il y a de très fortes chances qu’il s’appelle Jörg, Arnolf ou Heinz. Il ramènera chez lui, outre-Sarine, les lauriers suprêmes et le taureau qui va avec.
Quant aux Romands, ils se consoleront, sans doute, en buvant à leur santé un petit coup de blanc de La Côte.
Bernard Weissbrodt

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