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Blocher vante le nouveau régime de l’asile

Christoph Blocher estime que le durcissement de l'asile a atteint son but. Keystone

Pour Christoph Blocher, ministre de la Justice, le durcissement du droit d'asile est une réussite car le nombre de demandes a diminué.

De son côté, l’Organisation d’aide aux réfugiés (OSAR) tire un bilan négatif et parle même d’atteinte aux droits de l’homme.

La suppression de l’aide sociale aux requérants frappés d’une décision de non-entrée en matière (NEM) est entrée en vigueur le 1er avril 2004.

En présentant le bilan de la première année du nouveau régime, Christoph Blocher n’a pas caché sa satisfaction. Et ce «succès» sera encore plus important avec la révision de la loi sur l’asile en cours, a estimé le conseiller fédéral mardi à Berne face à la presse.

Pour l’heure, la suppression de l’aide sociale et l’accélération des procédures ont entraîné une nette diminution des demandes infondées et poussé les requérants frappés d’une NEM à quitter plus rapidement le pays.

Chiffres en baisse

«Le but est donc atteint», s’est félicité le ministre de l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure). Qui ajoute que la Suisse a par ailleurs enregistré une baisse des demandes de 42% sur un an.

La durée de séjour officiel des requérants après la NEM est cinq à six fois plus courte que pour les personnes dont la demande d’asile a été refusée. Le but de M. Blocher est désormais de supprimer l’aide sociale à ces dernières.

Autre avantage, pour le chef du Département de justice et police: «contrairement à ce que d’aucuns craignaient, le taux de criminalité n’a pas augmenté, estime le ministre. Selon les statistiques, les infractions à la loi sur les stupéfiants ou le patrimoine ont progressé de 3,1 à 7,4%, ‘une croissance minime’».

Enfin, la nouvelle réglementation a aussi eu des effets sur les finances. Les effectifs des personnes relevant de l’asile ont été réduits de plus de 12’000. Les économies dépassent ainsi largement l’objectif de 15 millions de francs fixé par le Parlement.

Malgré ce bilan positif, Christoph Blocher veut continuer à serrer la vis, tout en précisant:. «La tradition humanitaire helvétique veut que l’on accueille les personnes persécutées et il n’y a rien à redire contre cela».

200 millions d’économies

La Suisse accueille 10% de réfugiés reconnus et 29% de requérants admis provisoirement. Mais les autres posent problème, pour le ministre UDC. La révision du droit d’asile en cours au Parlement doit s’attaquer en particulier à la question des requérants sans papiers, qu’il est difficile de renvoyer.

Cette réforme devrait entraîner des économies de 200 millions de francs pour la Confédération et de presque autant pour les cantons, espère M. Blocher. Entre-temps, il s’agira de réduire l’appareil d’Etat s’occupant de l’asile, qui est encore basé sur 25’000 demandes par an, au lieu des 10’000 actuelles.

Enfin, le conseiller fédéral souhaite améliorer l’intégration des réfugiés reconnus, dont plus de 70% sont sans emploi. Un programme visant en particulier à faire progresser le taux d’occupation est en cours de préparation.

Critiques véhémentes

De son côté, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) ne partage pas du tout cette satisfaction officielle. Pour Jürg Schertenleib, responsable du service juridique de l’OSAR, «ce bilan est unilatéral».

L’OSAR relève que les NEM sont exclus de la procédure ordinaire, que leur délai de recours a été ramené de 30 à 5 jours ouvrables et que leur accès à un conseil juridique est restreint.

«Bref, la situation actuelle contrevient aux droits de l’homme», dit encore Jürg Schertenleib à swissinfo. Selon lui, les personnes concernées ont simplement passé dans la clandestinité et sont à la rue dans plusieurs cantons.

Enfin, Jürg Schertenleib s’oppose absolument à ce que la suppression de l’aide sociale s’étende à tous les requérants d’asile déboutés. Le Sénat (Conseil des Etats) a approuvé le projet et la Chambre du peuple (Conseil national) doit se prononcer durant la prochaine session d’automne.

swissinfo et les agences

En 2003: la Suisse a enregistré 21’0370 demandes d’asile et 1636 décisions positives.
En 2004: 14’248 demandes d’asile et 1555 décisions positives.
La suppression de l’aide sociale aux requérants frappés d’une décision de non-entrée en matière (NEM) est entrée en vigueur en avril 2004.
Entre cette date et le 31 mars 2005, la Suisse a enregistré une baisse des demandes d’asile de 42%, alors que l’UE a affiché – 22%.
4450 requérants ont reçu une réponse négative et ont donc été exclus de l’aide sociale. Parmi eux, 16% en moyenne ont reçu une aide d’urgence minimale pendant 68 jours en moyenne.

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