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La Suisse plus que jamais en course pour le Mondial

Keystone

En battant deux fois la Moldavie en l'espace de cinq jours, l'équipe de Suisse s'est placée en position idéale dans l'optique des qualifications pour le Mondial 2010. La formation d'Ottmar Hitzfeld occupe la première place du groupe 2 à égalité avec la Grèce.

Depuis la défaite en septembre 2008 face au Luxembourg, l’équipe de Suisse savait qu’elle n’avait plus le droit à l’erreur dans sa course à la qualification pour le Mondial 2010 en Afrique du Sud.

Ce «match de la honte», Alex Frei et ses coéquipiers ont parfaitement su le faire oublier et redresser la tête, empochant quatre victoires d’affilée. Après la Lettonie et la Grèce, c’est la Moldavie qui a fait les frais, deux fois en l’espace de 5 jours, d’une équipe de Suisse sérieuse et concentrée comme jamais.

Même si face à ce petit pays, classé 98e au classement de la FIFA, rien ne fut jamais facile, l’essentiel est sauf: six points qui placent la Suisse en tête du groupe 2 à égalité de points avec la Grèce, victorieuse 2-1 d’Israël mercredi.

La révélation Padalino

Si la victoire à Chisinau, samedi (2-0), a mis long à se dessiner, la Suisse n’a pour ainsi dire pas été inquiétée mercredi à Genève (2-0). Après une mise en jambes nécessaire devant 20’100 spectateurs, une affluence honorable, dont une… dizaine de supporters moldaves, la Suisse a pris le jeu à son compte dès la 10e minute de jeu.

Comme à Chisinau il y a 5 jours, le danger est venu principalement de la droite. L’association Marco Padalino – Stefan Lichtsteiner a une nouvelle fois fait merveille.

Marco Padalino, c’est la grande révélation de cette double confrontation face à la Moldavie. Le milieu de terrain a véritablement éclos cette saison dans le championnat italien avec la Sampdoria de Gênes. Et en équipe de Suisse, il a su pallier à merveille l’absence de Valon Behrami, blessé.

Nkufo ouvre le score…

C’est d’ailleurs du côté droit que viendra le premier but suisse. Sur un centre millimétré de Stefan Lichtsteiner, Blaise Nkufo place une tête rageuse que le gardien Vladimir Namasco ne peut que voir filer aux fonds de ses filets.

Vingt minutes sont passées et la Suisse semble sur la voie d’un succès aisé. Blaise Nkufo, lui, vient de marquer son 5e but en 6 matches dans ces matches de qualification. Mais comme en Moldavie, l’ouverture du score a eu le mauvais effet d’endormir une équipe de Suisse qui peine toujours à garder l’emprise sur le match 90 minutes durant.

…Et Alex Frei double la mise

A la reprise, les protégés d’Ottmar Hitzfeld ont tout de suite repris les choses en mains. Une combinaison parfaite, Paddalino (dans tous les bons coups !)-Huggel-Frei et la Suisse pouvait se mettre hors de danger dès la 53e. La Suisse s’est toutefois faite quelques sueurs froides, avec notamment cette balle venue mourir sur le poteau de Diego Benaglio (77e).

Finalement, ce sera 2-0 sous les chants et les encouragements d’un stade de Genève qui n’avait plus été à pareille fête depuis bien longtemps. Le dernier match avec enjeu de l’équipe de Suisse à Genève remontait en effet au 11 juin 2003, avec un match nul contre l’Albanie.

Suisse-Moldavie, le fossé

L’équipe de Moldavie, c’était un peu la grande inconnue pour cette équipe de Suisse. Cette petite nation coincée entre la Roumanie et l’Ukraine, à cheval entre le monde latin et slave, n’a dans son histoire récente produit aucun footballeur de renom.

La Moldavie, dans l’esprit de beaucoup d’occidentaux, c’est l’un des pays les plus pauvres d’Europe, ravagé par la corruption et dirigé par un dictateur communiste. «La Moldavie se développe très lentement», répond diplomatiquement Miron Goinman, unique journaliste moldave accrédité pour le match à Genève. «Après la chute de l’URSS et la déclaration d’indépendance, il y a eu une longue période d’instabilité».

Lors du match à Chisinau, samedi dernier, la politique est entrée dans le stade. L’annonce de la présence du président moldave a provoqué une bronca de sifflets parmi les 10’000 spectateurs présents. «Les élections ont lieu dans quelques jours et certains ne l’apprécient guère», explique Miron Goinman.

Des joueurs pillés par les Russes

En arrière-plan, le conflit entre la Moldavie et la région séparatiste de Transnistrie, à majorité slave, a également un impact sur le football. «La moitié des joueurs viennent de Transnistrie. Ca ne pose aucun problème au sein de l’équipe, mais en revanche la Fédération ne peut plus disputer de matches dans cette région alors que l’on trouve à Tiraspol le stade le plus moderne du pays».

Au-delà des problèmes politiques, le plus grand péril pour le football moldave réside dans le pillage de ses meilleurs éléments par la Russie. Beaucoup de joueurs sont en effet contraints de renoncer à leur passeport moldave pour pouvoir être considérés comme joueurs locaux dans un championnat russe beaucoup plus lucratif.

En Moldavie, le salaire d’un footballeur est environ de 400 francs par mois, soit plus du double du salaire moyen. L’exode est donc une question de survie pour bien des footballeurs moldaves. On est loin des centaines de milliers de francs que peuvent gagner des «stars» comme Alex Frei ou Tranquillo Barnetta.

Place à la Grèce

Le résultat de cette double confrontation paraît donc logique, même si logique et football ne font pas toujours bon ménage, comme l’ont démontré les footballeurs amateurs du Luxembourg.

Après l’inconnu moldave, place à la Grèce, championne d’Europe en 2004 au Portugal. Le 5 septembre prochain, à Bâle, c’est un véritable match au sommet qui opposera Suisses et Grecs. Avec peut-être déjà une première indication sur le nom de l’équipe qui embarquera sans passer par les barrages pour l’Afrique du Sud.

swissinfo, Samuel Jaberg à Genève

Suisse – Moldavie 2-0 (1-0)

Buts: 20’Nkufo, 53’Frei.

Suisse: Benaglio; Lichtsteiner, Senderos, Grichting, Magnin; M.Padalino (87’Abdi), Huggel (72’Dzemaili), Inler, Barnetta; Nkufo (84’Derdiyok), Frei.

Moldavie: Namasko; Savinov, Lashenko, Onica, Golovatenko; Cebotaru, Bulat, Gatcan (57’Alexeev), Kalinkov (67’Andronic); Manoliu (80’Tigirlas), Bugayov.

Arbitre: Rocchi/ITA

Genève: 20’100 spectateurs

Groupe 2

Suisse – Moldavie 2-0 (1-0)
Lettonie – Luxembourg 2-0 (1-0)
Grèce – Israël 2-0 (1-0)

Classement (01.04)

1. Grèce 6/13
2. Suisse 6/13
4. Lettonie 6/10
3. Israël 6/9
5. Luxembourg 6/4
6. Moldavie 6/1

La suite du programme:

5 septembre: Suisse – Grèce

9 septembre: Lettonie – Suisse

10 octobre: Luxembourg – Suisse

14 octobre: Suisse – Israël

Ottmar Hitzfeld: «Nous avons joué de manière très disciplinée et intelligente. Nous voulions mettre d’entrée la pression sur l’adversaire et avons continué en deuxième mi-temps. Le 2-0 est ainsi venu au bon moment. Dès lors, nous avons pu contrôler la partie.

Cette victoire est totalement méritée et nous met dans de bonnes dispositions pour la suite et le match contre la Grèce. Je suis heureux de pouvoir compter sur deux attaquants dangereux comme Frei et Nkufo, qui sont phénoménaux.

Padalino et Lichtsteiner ont été incroyables, Barnetta et Inler ont fait un très bon match et Senderos, qui n’a pas donné tous les gages de sécurité en Moldavie, a réalisé un sans faute.»

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