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Plan de bataille contre une éventuelle pandémie

Dans les aéroports, des caméras infrarouges repéreront peut-être bientôt les passagers susceptibles d'être infectés par la grippe aviaire. EMPA

Programme d'action, recours à l'armée, caméras infrarouges: la Suisse se prépare à affronter une hypothétique pandémie due à la grippe aviaire.

Même s’il n’y a, pour l’heure, aucun cas constaté de grippe aviaire en Suisse, la Confédération veut être prête à faire face à toute éventualité d’ici fin mars.

La transmission de la grippe aviaire d’homme à homme, pour l’instant, n’a jamais été constatée. La pandémie reste donc une pure hypothèse. Néanmoins, selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la Confédération se prépare au pire avec un programme d’action qui devrait être opérationnel à la fin du mois prochain.

«Il n’y a pas de pandémie pour l’heure, admet Jean-Louis Zürcher, porte-parole de l’OFS, mais différents scénarios sont à l’étude.» Le programme d’action en élaboration est constamment actualisé. Il contiendra notamment les compétences des cantons et de la Confédération. Des clarifications sont en cours.

Le plan fixera les responsabilités de la Confédération, des cantons, des communes et des offices concernés. La distribution de médicaments ainsi que les recommandations à la population sont également revues. Jean-Louis Zürcher n’a cependant pas souhaité s’exprimer sur des détails.

La Confédération a désormais complété ses stocks de Tamiflu, ajoute Jean-Louis Zürcher. Les réserves, qui se trouvent en lieu sûr chez le fabricant Roche, sont prévues pour un quart de la population. En cas de pandémie, la distribution sera coordonnée avec les cantons.

Caméras à infrarouge

L’OFSP examine également l’emploi de caméras à infrarouge en cas d’épidémie, a précisé Jean-Louis Zürcher. Installées dans les aéroports, elles pourraient fournir des indications sur la température corporelle de passagers fiévreux. Cette mesure avait été adoptée en Asie lors de la crise du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) il y a trois ans.

Ces caméras sont actuellement testées au Laboratoire fédéral d’essais des matériaux (EMPA) à Saint-Gall. Elles «analysent la température de la peau et des yeux», explique René Rossi, de l’EMPA, à swissinfo.

Plusieurs appareils ont été évalués, avant que deux soient retenus. Car il s’agit d’employer la méthode la plus simple et la plus efficace possible: en situation, le processus devra être rapide, afin qu’un grand nombre de gens puissent être réellement analysés.

«Nous venons de terminer une série de tests. Nous allons maintenant en évaluer les résultats et rédiger un rapport. Puis nous déciderons, avec l’OFSP, comment continuer», explique René Rossi. Les premiers résultats devraient être connus à la fin mai, selon l’EMPA.

Dédommagements

La Confédération dédommagerait également les éleveurs dont les volailles devraient être abattues en cas de maladie, a de son côté indiqué Marcel Falk, porte-parole de l’Office vétérinaire fédéral (OVF). La base en est l’article 32 de la loi sur les épizooties.

Les indemnités ne portent toutefois que sur la valeur des bêtes, et non pas sur les pertes de revenus, a souligné Marcel Falk. La somme versée couvre 90 % de la valeur estimée. Dans le cas de la volaille, l’indemnité ne doit pas dépasser 35 francs par kilo, selon la loi. Ces dédommagements seraient financés par un crédit qui doit être approuvé par le Parlement.

L’armée peut intervenir

Si une épizootie se déclarait en Suisse, il appartiendrait d’abord aux cantons d’appliquer les mesures prévues. Ceux-ci pourraient recourir à l’armée, selon Marcel Falk. L’armée dispose d’ailleurs de ses propres vétérinaires.

Certains cantons ont également prévu de recourir aux services du feu ou au service civil. L’armée pourrait soutenir la mise en place d’aires de restriction ou à des sas de désinfection.

swissinfo et les agences

Le virus H5N1 est connu depuis des décennies. Mais c’est en 1997 à Hong Kong qu’il a été décelé pour la première fois sur des êtres humains.

Au cours des années suivantes, il s’est répandu dans plusieurs pays d’Asie orientale et centrale.

En 2005, il a touché la Turquie, la Roumanie et la Croatie.

Début février 2006, il a été localisé pour la première fois en Afrique.

Au cours de ces derniers jours, il a touché 6 pays de l’Union européenne, dont les pays limitrophes de la Suisse, soit Italie, Allemagne, Autriche, France.

En Suisse, depuis lundi, le confinement des volailles (déjà momentanément instauré l’automne dernier) est à nouveau en vigueur, pour une durée indéterminée.

Par contre, contrairement à la France et aux Pays-Bas, la Suisse n’envisage pas pour l’instant de vacciner ses oiseaux.

Jusqu’à maintenant, au niveau mondial, ce sont environ 170 personnes qui ont contracté le virus, et au moins 92 personnes qui en sont décédées.
La transmission de l’homme à l’homme n’a pas encore été constatée.
La crainte des scientifiques est que le virus puisse muter, permettant ainsi cette transmission, et suscitant alors une pandémie.

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