Procès Swissair: Lukas Mühlemann peu bavard

Comme beaucoup d'autres accusés, l'ancien membre du conseil d'administration de Swissair Lukas Mühlemann a rejeté vendredi les reproches du tribunal.
A l’issue de la 3e semaine de procès, les auditions des 19 accusés sont désormais terminées. Seuls quatre d’entre eux se sont exprimés et défendus devant la cours.
Comme les autres administrateurs, Lukas Mühlemann a plaidé non coupable, vendredi, aux accusations de gestion déloyale et de diminution de l’actif de SAirGroup au préjudice des créanciers. Dans une courte déclaration précédant les questions du tribunal, il a affirmé: «Les reproches de l’accusation sont sans fondement».
«Je suis aujourd’hui encore pleinement convaincu que nous n’avions pas d’autres alternatives» que de restructurer SAirGroup et de recapitaliser la compagne aérienne belge Sabena, détenue à près de 50% par le groupe, a-t-il argumenté.
Et Lukas Mühlemann d’ajouter: «Nous avons toujours agi exclusivement dans l’intérêt de SAirGroup. Dernier accusé à comparaître dans ce procès, l’ex-patron du Credit Suisse s’est exprimé en dialecte alémanique, alors que la langue utilisée par le tribunal est le bon allemand.
«Se laisser toutes les options ouvertes»
Concernant la recapitalisation de Sabena, Lukas Mühlemann a déclaré: «Nous devions nous laisser toutes les options ouvertes, dans l’objectif notamment de pouvoir nous désengager plus tard de la compagnie».
Contrairement à Eric Honegger, ancien président du conseil d’administration, Lukas Mühlemann n’a pas évoqué de pression de la Belgique et du gouvernement suisse en relation avec les accords bilatéraux. Début 2001, SAirGroup a injecté 150 millions d’euros dans la compagnie belge, au bord de la faillite. Sabena a fait naufrage quelques mois plus tard.
La restructuration du groupe au printemps 2001 avec l’assainissement du bilan de SAirLines, surendettée, était aussi nécessaire, de l’avis de Lukas Mühlemann. Ne pas le faire aurait eu «des conséquences incalculables». Selon l’accusation, cette opération a lésé SAirGroup de plus de 1,1 milliard de francs.
Fin du premier volet
L’audience de vendredi a clos la première partie du plus grand procès économique de l’histoire suisse, qui a vu comparaître 19 accusés en trois semaines. La plupart du temps, le président du tribunal a posé ses questions dans le vide. Visiblement énervé au début, il s’y est peu à peu habitué, a-t-il confié.
Parmi les administrateurs, seul Eric Honegger, Thomas Schmidheiny et Mario Corti ont répondu aux questions sur les points de l’accusation. Mario Corti s’exprimait aussi comme dernier dirigeant de SairGroup. Son prédécesseur, Philippe Bruggisser, a également été très loquace. Ces accusés principaux ont surtout tenté de se réhabiliter.
swissinfo et les agences
Le procès, qui a commencé le 16 janvier, se tient jusqu’au 9 mars devant le Tribunal de district de Bülach, dans le canton de Zurich.
Les audiences se déroulent dans la halle communale de Bülach, qui peut contenir jusqu’à 1500 personnes.
Les réquisitoires du Ministère public se dérouleront dès le 15 février, puis la défense prendra le relais du 22 février au 9 mars.

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