Des perspectives suisses en 10 langues

Slobodan Milosevic est mort dans sa cellule

Le procès de Slobodan Milosevic venait d'entrer dans sa cinquième année. Keystone

L'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic est décédé samedi en détention, a annoncé le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie de La Haye.

Il était âgé de 64 ans et souffrait de problèmes cardiaques ainsi que d’hypertension artérielle.

Slobodan Milosevic a été découvert sans vie sur son lit, dans sa cellule au Centre de Détention à Scheveningen. Les autorités de police et médico-légales néerlandaises ont été appelées et ont ouvert une enquête. Une autopsie et un examen toxicologique ont été ordonnés.

Slobodan Milosevic comparaissait depuis le 12 février 2002 pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre civile qui a déchiré la Yougoslavie au début des années 1990. Son procès venait d’entrer dans sa cinquième année.

Le Tribunal pénal international (TPI) avait rejeté fin février une demande de remise en liberté provisoire déposée par les avocats de Slobodan Milosevic, désireux de se faire soigner en Russie. La Radio-télévision de Serbie a indiqué que Milosevic était décédé après que son état de santé «se fut soudainement détérioré».

La réconciliation doit passer par les tribunaux

«Le processus de réconciliation dans les Balkans doit continuer à passer par l’action des tribunaux devant lesquels ont à répondre ceux qui étaient investi à l’époque des événements», telle est la position du Département fédéral des Affaires étrangères exprimée par Carine Carey, porte-parole du DFAE, auprès de swissinfo. Le DFAE qui ne publiera aucun communiqué officiel quant au décès de Slobodan Milosevic.

Un point de vue très proche de celui émis par l’Union européenne, pour laquelle la Serbie doit continuer de livrer les suspects de crimes de guerre commis dans les guerres des Balkans dans les années 1990.

De son côté, le Procureur général du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, la Suissesse Carla Del Ponte, a dit «regretter profondément» la mort de Slobodan Milosevic.

«Je regrette profondément ce qui est arrivé (…) car nous approchions de la fin de son procès, qui était prévue au début de l’été», a-t-elle déclaré. Avant d’ajouter: «Je trouve cela regrettable pour tous les témoins, tous les survivants et toutes les victimes qui attendaient justice».

Un procès fleuve

Le procès de Slobodan Milosevic, qui avait débuté le 12 février 2002, avait été interrompu à de nombreuses reprises en raison de sa mauvaise santé.

Slobodan Milosevic a été inculpé de plus de 60 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour son rôle dans les guerres en Croatie (1991-95), en Bosnie, (1992-95) et au Kosovo (1998-99).

Tout au long des plus de quatre ans de procès devant le TPI, Slobodan Milosevic a mené, l’air hautain, une croisade contre l’Occident, seul responsable à ses yeux des déboires endurés par les républiques de l’ex-Yougoslavie devenues indépendantes. Le TPI était, pour M. Milosevic, l’instrument d’un «complot universel» anti-serbe.

La mort de l’ancien maître de Belgrade survient moins d’une semaine après le suicide du témoin-phare à son procès, Milan Babic, chef des rebelles serbes de Croatie lors du conflit des Balkans dans les années 90, qui avait témoigné contre Slobodan Milosevic en 2002.

200.000 victimes

Refusant de reconnaître ses erreurs, Slobodan Milosevic attribuait sa chute, en octobre 2000, aux forces étrangères anti-serbes et à leurs «valets» de l’intérieur. Soit les dirigeants de l’opposition.

Après l’éclatement en 1991 de la Yougoslavie communiste, le projet prêté à Slobodan Milosevic de rassembler les Serbes dans un Etat qui serait créé aux dépens de la Croatie et la Bosnie, devait provoquer en quatre ans la mort de 200.000 personnes, d’innombrables destructions, et l’exode de deux à trois millions de personnes.

swissinfo et les agences

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a été établi en vertu de la Résolution 827 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Cette Résolution a été adoptée le 25 mai 1993, en réponse à la menace pour la paix et la sécurité internationale représentées par les violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis 1991.
Le TPIY est situé à La Haye, Pays-Bas.
La Suissesse Carla del Ponte en est le procureur général.

– L’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic est mort en détention à La Haye.

– Slobodan Milosevic, qui était âgé de 64 ans, souffrait de problèmes cardiaques et d’hypertension artérielle.

– Il comparaissait depuis le 12 février 2002 pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la guerre civile qui a déchiré la Yougoslavie au début des années 1990.

– Son procès venait d’entrer dans sa cinquième année.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision