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Afrine: les marcheurs kurdes appellent à Genève l’ONU à intervenir

Plusieurs centaines de Kurdes ont demandé à l'ONU de mettre un terme aux bombardements contre Afrine en Syrie. KEYSTONE/EPA KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Une zone d’exclusion aérienne, des troupes internationales à la frontière et l’application des Conventions de Genève. Après quatre jours de marche entre Lausanne et Genève, des Kurdes ont appelé vendredi l’ONU à intervenir face aux raids turcs à Afrine, en Syrie.

Arrivés jeudi à Genève, 1200 marcheurs de 17 nationalités, mais constitués surtout de Kurdes habitant en Suisse, avaient entamé lundi leur action. Ils se sont réunis le lendemain sur la Place des Nations pour une protestation qui a rassemblé 2000 à 3000 personnes selon les organisateurs, 600 à 800 selon la police. Dont l’ancien conseiller national Ueli Leuenberger (Verts/GE).

La Turquie a lancé le 20 janvier une opération militaire contre cette zone kurde en Syrie pour cibler les milices qui ont contribué à la lutte contre l’Etat islamique (EI). Ces attaques auraient fait au moins 150 victimes civiles, selon les Kurdes.

Un lourd tribut qui montre “l’effondrement” des Occidentaux qui ont lâché ces alliés contre les djihadistes, a estimé une spécialiste des droits de l’homme au sein d’organisations internationales, lors du rassemblement.

Plus de 80 organisations

Les manifestants s’en sont pris au président turc Recep Tayyip Erdogan, qualifié tout à tour de “fasciste”, “terroriste”, “dictateur” ou “assassin”. Les appels étaient toutefois tournés vers la communauté internationale coupable selon eux d’être “silencieuse”. L’ONU doit prendre sa “responsabilité” et arrêter “le génocide à Afrine”.

Elle a montré toutefois qu’elle n’est plus “pertinente”, a dit à l’ats Ramazan Baytar, qui s’exprimait pour plus de 80 organisations associées à la marche. Ces entités ciblent les Etats-nations et appellent à une autonomie politique, à une “confédération démocratique” qui prenne en compte les intérêts des peuples, notamment ceux des Kurdes.

Etats-Unis, Grande-Bretagne, Union européenne, Russie, OTAN et Iran ont été visés par certains discours. “On ne peut pas excuser des massacres en raison de raisonnements politiques”, selon M. Baytar qui condamne le manque de soutien américain sur le référendum d’indépendance kurde en Irak comme, dans la “continuité”, sur Afrine.

Appel à la Suisse

Malgré les obstacles de certains pays pour les Kurdes, “on a réussi à les contourner ces plans en résistant”, dit-il. Des banderoles visaient aussi les chars allemands vendus à la Turquie. La Suisse elle aussi doit faire pression sur la Turquie pour faire appliquer les Conventions de Genève dans cette ville syrienne, selon M. Baytar.

Certains appelaient par ailleurs à la libération des détenus politiques dans le monde et une minute de silence a été observée pour les “martyrs” kurdes. La marche a “très bien fonctionné”, a affirmé M. Baytar. Et de remercier les autorités qui ont facilité cette action et le maire de Genève Rémy Pagani qui l’a soutenue.

De son côté, l’ONU avait fermé l’accès au Palais des Nations par la place où avait lieu la manifestation. Le chef intérimaire de la sécurité a recommandé aux collaborateurs d’éviter la zone du rassemblement.

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