Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
Ici Pauline, qui vous écris de Berne. L’addition des frais liés au coronavirus fragilise encore davantage les personnes en situation de précarité. Et le port obligatoire de masques dans les transports ou les magasins représente un surcoût que certains peuvent difficilement se permettre. On fait le point sur ces cantons et communes qui ont décidé de les rendre gratuits.
Egalement au menu du jour, des idées d’urbanisme en provenance d’Asie, la face peu reluisante du plus précieux des métaux et un petit séisme dans le monde médiatique romand.
Excellente lecture,
Les masques sont l’un des nerfs de la guerre contre la Covid-19, mais ils risquent de plomber les finances des plus fragiles. Désormais obligatoires dans les transports, et dans les commerces de certains cantons, leur coût avoisine les 60 francs par mois pour une personne seule et 160 francs pour une famille, selon les estimations du Conseil suisse des aînés (CSA).
Des montants conséquents pour les franges les plus démunies de la population. Plusieurs associations réclament donc que les personnes les plus vulnérables, par exemple les bénéficiaires de l’aide sociale ou les personnes âgées qui vivent dans des conditions modestes, n’aient rien à débourser pour se procurer ces protections.
La gratuité des masques a été décidée dans certains cantons et municipalités –mais les pratiques diffèrent fortement d’un endroit à l’autre. La Ville de Zurich, par exemple, rembourse sur facture le prix d’achat des masques à tous les bénéficiaires de l’aide sociale. Dans le canton du Jura, les masques sont gratuits pour les personnes qui paient des primes d’assurance-maladie réduites.
Autre méthode à Genève, où le canton met à disposition des masques à prix coûtant. Les particuliers peuvent se les procurer auprès de partenaires comme La Poste et les grands distributeurs. Le canton approvisionne aussi des associations caritatives. Le canton de Vaud vient à son tour d’annoncer la distribution de masques dans les centres médicaux sociaux du canton.
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Que peut apprendre la Suisse de Singapour en matière d’urbanisme? Dans le cadre d’une série spéciale sur l’aménagement du territoire, SWI swissinfo.ch a interrogé Gehrard Schmitt, directeur du Centre Singapour-EPF. Implantée dans la cité-Etat, cette antenne de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) mène des recherches sur les villes du futur.
La petite île tropicale est un modèle en matière de densification. Elle abrite plus de 5 millions d’habitants sur un territoire de la taille du lac Léman. «Singapour fixe des normes avec une mise en œuvre simultanée et une qualité de vie croissante», explique Gehrard Schmitt. Ses tours abritent de nombreux groupes de population différents, donnant lieu à une «culture du gratte-ciel» «unique au monde».
Malgré sa très forte densité,«Singapour est une ville jardin». Ses nombreux arbres et espaces verts fournissent de l’ombre et améliorent la qualité de l’air. Pour Gehrard Schmitt, la végétalisation des façades doit être développée en Suisse et en Europe, car elle offre de nombreux avantages par rapport aux solutions existantes.
L’urbanisme à la Suisse peut aussi être une source d’inspiration. «Il se fait souvent à petits pas, mais se révèle plus durable et permanent que dans d’autres pays», selon le directeur du Centre Singapour-EPF. Il cite en exemple les stratégies de la Ville de Zurich pour réduire les îlots de chaleur: «elles sont excellentes, car elles ont été élaborées de manière démocratique».
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La face peu reluisante du commerce de l’or à nouveau pointée du doigt. Swissaid vient de publier une étude dans laquelle elle reproche à la Suisse, principale plaque tournante du précieux métal jaune, de disposer d’une législation trop laxiste pour contrôler son origine. Il est «malheureusement bien probable» que ce soit «un or sale qui brille à votre poignet», résume l’ONG.
Swissaid a retracé le parcours de l’or de l’Afrique à la Suisse, en passant par Dubaï. Son enquête lève le voile sur les relations entre les raffineries suisses, qui transforment les deux tiers de l’or mondial, et les entreprises des Emirats arabes unis, leur principal fournisseur. Une partie de cet or acquis proviendrait de mines africaines et du souk de Dubaï.
En 2018, la moitié de l’or transitant par Dubaï provenait du continent africain. Une grande partie de cet or est exportée illégalement. Le Contrôle fédéral des finances avait déjà révélé il y a un mois «les lacunes du dispositif actuel de surveillance» des métaux précieux en Suisse.
Les raffineries suisses devraient se fournir directement auprès des mines plutôt que recourir à des intermédiaires. Pour l’ONG, c’est le seul moyen de s’assurer que l’or acquis est propre, respecte les droits humains et l’environnement.
L’icône du téléjournal Darius Rochebin quitte la Radio Télévision suisse (RTS). L’annonce de son départ, hier soir, a fait l’effet d’une petite bombe dans le paysage médiatique de Suisse romande. Après 25 ans de carrière, le journaliste et présentateur vedette de la RTS quitte la chaîne d’information de service public, et la Suisse, pour la capitale française.
Darius Rochebin va rejoindre la chaîne privée d’information en continu LCI, qui appartient au groupe TF1. Il y présentera une émission d’interview quotidienne dès la rentrée. «C’est une occasion d’approfondir un savoir-faire acquis grâce à la RTS et cela représente (…) une expérience journalistique nouvelle: je serai, en tant que Suisse, un observateur extérieur», explique-t-il.
Son carnet d’adresses et ses talents d’intervieweur sont souvent salués, y compris à l’étranger. Au cours de sa carrière, Darius Rochebin a interviewé de nombreuses personnalités d’envergure internationale dont plusieurs chefs d’Etats. Il est régulièrement arrivé à de petites phrases lâchées dans son émission «Pardonnez-moi» de faire le tour des médias français.
Darius Rochebin a marqué une génération de téléspectateurs et reste très populaire. Récemment, il suscitait un grand engagement des publics présents sur les réseaux sociaux, a souligné la direction de la RTS qui dit regretter son départ. «Mais, relève le rédacteur en chef Bernard Rappaz, c’est également une source de fierté de constater que son talent est reconnu bien au-delà de nos frontières».
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