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piscine de Porrentruy

Aujourd’hui en Suisse

Chers abonnés,

La crise sanitaire provoquée par la Covid-19 somme tous les gouvernements du monde de protéger au mieux les citoyens qu’ils sont censés représenter. Un exercice fait d’arbitrages difficiles et parfois douteux entre libertés individuelles et sécurité sanitaire.

Cette question est le fil rouge, incandescent même, de notre lettre d’information du jour. De Porrentruy à Bangkok; de l’application SwissCovid au cinéma suisse.

Bonne lecture,


piscine de Porrentruy
Ville de Porrentruy

Au nom de la Covid, la commune frontalière de Porrentruy a décidé d’interdire sa piscine, très fréquentée par temps de canicule, aux personnes qui ne résident pas en Suisse, comme le raconte Marc-André Miserez.

Simple mesure de lutte contre le coronavirus, assurent les autorités pour justifier cette exclusion des habitants de la France voisine, ajoute mon confrère. En soulignant qu’en fait de Covid, ce sont aussi les comportements de certains de ces voisins qui sont en cause.

Sur le site d’information Le Matin cité dans l’article, l’agent de sécurité de la piscine confie que «tout va mieux sans les fauteurs de troubles français». «Ouste, les casseurs! C’est mal fait pour les familles, mais c’est mieux comme ça», renchérissent trois retraités.

La mesure un rien discriminatoire n’a pas manqué de soulever un vent de protestation des deux côtés de la frontière. Comme celle de Fabrice Berret, conseiller communal démocrate-chrétien de Cornol (un village voisin, qui participe au financement de la piscine): «La piscine de Porrentruy est interdite aux chiens et aux Français. Bien qu’avec ma famille nous ayons l’abonnement, nous ne mettrons plus les pieds dans cette piscine tant que cette mesure ne sera pas levée.»

Attendre des visiteurs qu’ils respectent les règles élémentaires du savoir-vivre n’est en rien contestable. Profiter de la covid pour instaurer, vite fait, une mesure aussi simple que peu coûteuse dans l’immédiat, c’est allumer un feu qui pourrait s’avérer dangereux, comme le montre l’article de Marc-André Miserez. Et faire bien peu de cas de l’état de droit. 

prison à Bangkok
Keystone / Narong Sangnak

On vient de le voir. Le visiteur étranger devrait toujours respecter les règles du pays qu’il parcourt, même s’il les trouve injustes. A fortiori quand il s’agit d’une dictature comme l’est redevenue la Thaïlande.

Comme l’illustre la mésaventure d’un Valaisan établi sur l’île de Koh Chang depuis 10 ans, que raconte mon confrère Olivier Grivat, il ne fait pas bon défier le couvre-feu instauré par Bangkok au nom de la lutte contre la pandémie.  

C’est l’expatrié qui le dit: «Nous nous sommes fait arrêter devant notre maison à 22h20, alors que nous étions assis sur le pas de porte en mangeant une soupe thaïe après une journée de labeur. La police touristique est passée par là. Nous avons été emprisonnés une nuit et nous avons dû payer une caution de 80’000 baths (environ 2’660 francs) pour être libérés provisoirement».

Mais le couple n’est pas sorti d’affaire pour autant. Il a été condamné à une peine de deux mois de prison ferme, une sentence contre laquelle il a décidé de recourir. Quant au consulat suisse, il s’est déclaré impuissant à lui venir en aide, selon mon confrère.

Il est vrai que les opposants au régime thaï dénoncent l’état d’urgence et le couvre-feu décrété par la junte au pouvoir, sous prétexte de coronavirus. Mais les expatriés qui profitent des charmes de ce délicieux royaume sont, hélas, mal placés pour s’en plaindre.


l app SwissCovid
Keystone / Jean-christophe Bott

SwissCovid est considéré comme un «modèle» dans le monde des applications de traçage, assure ma consœur Melanie Eichenberger après l’entretien qu’elle a eu avec la politologue Adrienne Fichter, également journaliste à Republik, un site d’information basé à Zurich.

Beaucoup de gens ne téléchargent pas l’application par principe. Dans les sondages, ces personnes déclarent qu’elles ne veulent pas être surveillées. Pourtant, contrairement à Facebook ou WhatsApp, l’application SwissCovid ne peut pratiquement pas accéder aux données, relève Melanie, avant de demander: comment expliquez-vous le comportement des Suisses? «C’est l’un des plus grands mystères, répond Adrienne Fichter. C’est peut-être parce que la santé est une question sensible. Je ne sais pas contre qui est dirigée cette aversion: contre l’État ou contre Google et Apple? L’État lui-même ne pourra pas consulter ces données.»

À la fin de l’interview, la politologue estime que pour les malheureux qui ne seraient pas équipés d’un smartphone à même d’encaisser SwissCovid, «la solution serait probablement de passer aux bracelets.» Il est vrai qu’une entreprise suisse est leader dans la production de bracelets électroniques, enfin ceux qu’on utilise pour les prisonniers.

Le philosophe français Bernard Stiegler, décédé jeudi, prenait les choses autrement: «Rien n’est plus effrayant aujourd’hui que la gouvernementalité algorithmique et cependant je pense que l’humanité ne peut pas éviter de développer des moyens qui passent par la cybernétique. Je pense qu’il ne faut pas rejeter ces techniques, mais il faut les critiquer, ce qui ne veut pas dire simplement les dénoncer, mais les transformer. «Stopcovid» est une application qui pose beaucoup de problèmes, et m’en pose à moi aussi… Quand on veut combattre le côté toxique d’une technologie, il faut commencer par se l’approprier».

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Discussion
Modéré par: Marc-André Miserez

Avez-vous téléchargé l’application SwissCovid, ou allez-vous le faire? ou êtes-vous sceptique, et pourquoi?

Lire notre article à ce sujet

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en prison
Photo tirée du film Rondo (1969) diffusé par la plateforme artfilm.ch

Le cinéma suisse ne trouvera pas son salut en ligne, souligne ma consœur Katy Romy, alors que le semi-confinement décrété en Suisse a mis l’industrie du film à l’arrêt.

Que ce soit pour tuer le temps ou assouvir leur passion du cinéma, les confinés de toute la planète se sont tournés vers le streaming ou la vidéo à la demande (VOD). Netflix, le leader du domaine, a enregistré la plus forte croissance de son histoire. Sur les plateformes des géants américains, les petites productions suisses sont toutefois invisibles, écrit Katy.

Le cinéma helvétique est mis en exergue sur des portails locaux, comme Cinefile, Filmingo ou Artfilm, qui ont aussi connu une croissance rapide au plus fort de la pandémie de Covid-19.

Mais cela ne suffira pas à sauver le secteur, constate Laurent Dutoit, directeur de la société de distribution Agora Films et exploitant de plusieurs salles indépendantes à Genève: «L’augmentation du nombre d’utilisateurs est totalement insignifiante par rapport au nombre de spectateurs qui ont été perdus dans les salles

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