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Suisses du monde, bonjour,

Un Tessinois, une Allemande. Tous deux vivent en Suisse, mais leurs points de vue sur les conséquences de la libre circulation des personnes divergent radicalement. Et vous, auquel adhérez-vous?

Le soutien de la plupart des partis au projet de loi Covid-19 discuté ce mercredi au Parlement est, quant à lui, plus ou moins garanti. Seule trouble-fête, l’UDC, qui fustige une «dictature légale, produit de la loi sur les épidémies que le Parlement n’a pas sérieusement discutée».

Une pandémie qui a plombé l’économie et fait augmenter le taux de chômage partout dans le monde. À première vue, la Suisse s’en sort bien. Mais en y regardant de plus près, le bilan s’avère un peu moins glorieux.

Bonne lecture!

douane tessin
Keystone / Pablo Gianinazzi

Si l’on s’en réfère aux derniers résultats du canton dans les votations sur la question européenne, le sort de l’initiative sur la libre circulation des personnes est d’ores et déjà scellé au Tessin. L’augmentation sensible du nombre de frontaliers et le recul des salaires n’y sont sans doute pas étrangers.

Chaque jour, 67’000 travailleurs passent la frontière entre l’Italie et le Tessin. Dans le secteur de la construction notamment, cette main-d’œuvre abondante exerce une pression sur le marché du travail local. «Un ouvrier me coûte de 38 à 42 francs de l’heure, alors que les artisans étrangers arrivent à se faire payer 30 euros de l’heure», déplore Daniele Casalini, patron d’une entreprise d’installations sanitaires près de Lugano.

Inspecteur à l’Association interprofessionnelle de contrôle (AIC), Bruno Zarro est d’avis que «le principal problème, c’est que les entreprises étrangères qui travaillent en Suisse continuent à payer à leurs ouvriers les salaires en vigueur dans leur pays, ce qui crée une concurrence déloyale».

Diverses études menées ces dernières années pour analyser l’évolution des revenus et de l’emploi au Tessin montrent que les salaires ont baissé de 1,9% dans les deux ans suivant l’abolition de la priorité à la main-d’œuvre indigène au 1er juin 2004. Une autre étude montre en revanche que l’impact des bilatérales n’a pas eu pour effet d’augmenter le risque de chômage des résidents. En outre, aucun réel effet de remplacement de la main-d’œuvre indigène par les frontaliers n’a pu être identifié.

De nombreux experts jugent toutefois extrêmement difficile de quantifier de manière analytique le phénomène de substitution de la main-d’œuvre et estiment donc malaisé d’en tirer des conclusions.

Laura Clemens
Laura Clemens: «J’ai souvent été confrontée aux récits de mes étudiants qui m’ont fait réaliser à quel point il peut être difficile de vivre et de travailler ici sans la sécurité que procure l’accord de libre circulation». swissinfo.ch

Laura Clemens est Allemande. Elle vit depuis douze ans en Suisse et constate dans son quotidien à quel point l’accord de libre circulation lui apporte sécurité et lui permet de s’intégrer.

Avant de devenir enseignante à l’ECAP, l’une des plus grandes institutions de formation pour adultes de Zurich, Laura Clemens a eu plusieurs vies. Elle a étudié en Italie, puis travaillé dans le monde du théâtre à Bruxelles ainsi que dans l’édition en Allemagne. C’est ce dernier poste qui lui a permis de décrocher un emploi dans une maison d’édition zurichoise, dont la crise économique a malheureusement sonné le glas.

Elle est alors revenue à ses premières amours, à savoir l’enseignement, et est entrée à l’ECAP en 2012. Nombre de ses étudiants n’ont pas de passeport européen. «J’entends souvent des histoires de mes étudiants qui me font comprendre comme il peut être difficile de vivre et de travailler ici sans la sécurité que procure l’accord de libre circulation». Elle considère le facteur sécurité comme essentiel à une bonne intégration.

Laura Clemens se sent elle-même parfaitement intégrée à la société suisse. Elle est mariée à un Suisse d’origine italienne et a deux enfants. Parfois, elle a «du mal à comprendre l’écart entre les résultats dans les urnes et [son] expérience personnelle.» Selon elle, une partie de la société suisse est hostile aux étrangers, notamment par peur de perdre des emplois. «Mais je suis confiante et j’espère vraiment que le peuple suisse ne décidera pas de revenir des années en arrière».

  • Lire le portrait de Laura Clemens par mon collègue Mattia Lento (swissinfo.ch)
  • Les Européens qui sont déjà en Suisse n’ont rien à craindre (swissinfo.ch)
  • Les étrangers font partie du succèsLien externe de la Suisse (swissinfo.ch)
  • Un oui à l’initiative équivaudrait à un retour forcéLien externe (swissinfo.ch)
débat loi covid
Keystone / Peter Klaunzer

Mercredi, le Conseil national (chambre basse du Parlement) entame les pourparlers sur la controversée loi Covid-19. Nécessaire pour les uns, «dictature sanitaire» pour les autres, le projet de loi fait débat.

Depuis le mois de mars, le Conseil fédéral a édicté plusieurs ordonnances visant à surmonter la crise du coronavirus. D’une validité de six mois, elles risquent de devenir caduques si elles ne sont pas entérinées par une loi dont le but est de préciser ce que le Conseil fédéral est en droit de faire pour lutter contre la pandémie.

Les débats s’annoncent longs car les députés doivent clarifier le mandat du gouvernement sur plusieurs points. Le projet contient une série de mesures controversées. Il s’agit entre autres des allocations pour perte de gain, des indemnités pour les apprentis et les intérimaires et de la hausse à 100 millions de francs du plafond prévu pour la culture.

L’UDC estime que le projet de loi donne trop de pouvoir au Conseil fédéral. Dans une interview à la RTS, l’un des ténors du parti accuse le gouvernement de «dictature sanitaire». À contre-cœur, l’UDC est tout de même entrée en matière.

La loi Covid-19 pourrait toutefois être limitée dans le temps, jusqu’au 31 décembre 2021, et en cas d’adoption par le Parlement, être contestée par voie référendaire.

ORP
© Keystone / Gaetan Bally

Malgré l’arrêt forcé de l’économie dû au coronavirus, le taux de chômage en Suisse n’a que légèrement augmenté en août. Mais il ne faut pas se réjouir trop vite, car, comme le montre une comparaison au niveau européen, les chiffres sont trompeurs.

En juillet, le taux de chômage en Suisse était de 3,2%. Il n’a augmenté que de 0,1% en août, balayant les craintes de voir les chiffres exploser en raison de la crise sanitaire. Comparé au reste de l’Europe, la Confédération figure dans le trio de tête des pays ayant le moins de demandeurs d’emploi.

Mais la comparaison directe est trompeuse, car le taux de chômage est évalué différemment en Suisse et dans le reste de l’Union Européenne. À méthode de calcul égale, la Suisse glisse de la troisième à la huitième place.

Et si le nombre de chômeurs est resté stable entre les mois de juillet et août, il a nettement augmenté par rapport à l’année précédente. En 2019, il n’était à la même époque que de 2,1%. Dans l’hôtellerie et la restauration, les chiffres sont presque deux fois plus élevés qu’il y a un an, et aucune amélioration n’est en vue. Selon les estimations du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), le taux de chômage atteindra 4,1% l’année prochaine.

Faible lueur d’espoir, les chiffres du chômage partiel. Sans cette mesure, le taux de chômage serait monté à plus de 20% en avril, comme le montre une estimation approximative du SECO. Cela dit, près d’un demi-million de personnes étaient encore au chômage partiel en juin, contre 1’500 l’année précédente.

  • Le taux de chômage reste bas en Suisse, mais il a fortement augmenté avec la pandémie (swissinfo.ch)
  • A quel point les Suisses sont-ils vraiment de gros travailleurs? (swissinfo.ch)
  • Crise économique: la Suisse devra se remettre en question (opinion de Grégoire Barbey, publiée sur swissinfo.ch)
  • Impact de la libre circulation sur l’économie suisse (swissinfo.ch)
  • L’hôtellerie genevoise durement touchées par le coronavirus (swissinfo.ch)


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