Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous, amies et amis lecteurs,
Si elle votait aujourd’hui, la Suisse accepterait l’interdiction de la burqa et du niqab dans l’espace public – ou plutôt l’interdiction de se dissimuler le visage, puisque les voiles islamiques ne sont pas mentionnés dans le texte de l’initiative des milieux nationalistes. Mais personne n’est dupe quant à la cible réelle de ce texte. Les urnes donneront-elles raison au sondage? Verdict le 7 mars.
Il sera aussi question de criminalité économique, entre un verdict à Genève qui pourrait faire date et une grosse affaire de fonds volés au peuple du Venezuela qui se retrouvent en Suisse.
Nous donnerons enfin la parole à une Suissesse de l’étranger, avec son histoire qui pourrait être la vôtre.
Excellente lecture et bon week-end.
La Suisse pourrait bientôt rejoindre les cinq autres pays européens ayant interdit le port de la burqa et du niqab. Le premier sondage SSR avant la votation du 7 mars indique que 56% des citoyens – et même 74% des Suisses de l’étranger – accepteraient l’initiative pour interdire la dissimulation du visage dans l’espace public.
Des législations similaires existent déjà en France, en Belgique, en Autriche, en Bulgarie, au Danemark et dans les cantons du Tessin et de St-Gall. Face aux 56% de oui, le non réunit 40% des sondés, alors que les indécis ne sont que 4%.
Sur cet objet, la polarisation gauche/droite est très forte. Les électeurs du Parti socialiste et des Verts se disent clairement contre l’interdiction, alors que ceux de tous les autres partis du centre et de droite y sont favorables.
Autre objet en votation: l’accord de libre-échange avec l’Indonésie bénéficie d’une infime majorité de oui. 51% des personnes sondées pensent l’accepter, 36% le refuser et 13% sont indécises. L’opinion des Suisses de l’étranger est moins aboutie: 46% voteraient oui, 30% non et 24% ne se sont pas encore décidés.
Quant à l’identité électronique, elle fait son chemin. 52% des sondés sont pour, 37% contre et 11% indécis. La position des Suisses de l’étranger est là aussi encore floue: 50% pensent glisser un oui dans l’urne, 29% un non et 21% ne savent pas quoi voter.
- L’article de ma collègue Marie Vuilleumier
- La burqa va-t-elle être interdite en Suisse? – par Marie Vuilleumier, décryptage de décembre 2019, quand le Parlement a décidé de prôner le refus de l’initiative
- «Les bases d’une économie plus durable et équitable» – un point de vue pour l’accord avec l’Indonésie
- «Extrêmement dommageable pour la planète» – un point de vue contre l’accord avec l’Indonésie
- Identité numérique suisse: certains s’inquiètent pour la sécurité des données – présentation de l’objet par mon collègue Urs Geiser
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C’est un verdict historique qu’a rendu vendredi dernier la justice genevoise contre l’homme d’affaires franco-israélien Beny Steinmetz. Cinq ans de prison pour corruption et falsification de documents dans une affaire qui passe par la Suisse et un signal fort pour éviter d’autres cas de ce genre à Genève.
Comme toutes les affaires de criminalité financière internationale, celle-ci ressemble au scénario d’un thriller. Au cœur de l’intrigue: la vente frauduleuse de gigantesques réserves de minerai de fer en Guinée, avec son cortège de pots-de-vin, faux contrats, hommes d’affaires véreux, politiciens corrompus et sociétés écran dans les paradis fiscaux.
Ce jugement montre que la Suisse, et surtout Genève, centre mondial du négoce des matières premières, sont désormais dans la capacité d’affronter la corruption transnationale. Un fait qui ravit les ONG luttant pour la moralisation d’un certain monde des affaires. L’accusé, par contre, crie à l’injustice, et son principal avocat, Me Marc Bonnant, a déjà indiqué qu’il ferait appel.
- L’article de ma collègue Paula Dupraz-Dobias
- Point fort – L’or et la Suisse: une histoire mouvementée
Et on reste dans les affaires troubles avec le secret bancaire, officiellement mort mais encore très présent dans la pratique des banques suisses. Une nouvelle grosse affaire de détournement de fonds publics vénézuéliens met en cause une trentaine d’entre elles.
Alors qu’au Venezuela, 96% de la population lutte pour se nourrir, d’anciens dignitaires du régime chaviste mènent grand train à l’étranger avec de l’argent détourné. Neuf milliards de francs ont ainsi été planqués en Suisse, sur des centaines de comptes. L’affaire concerne une banque sur huit dans le pays.
Malgré son ampleur, cette nouvelle affaire n’étonne pas les spécialistes de la criminalité économique. «C’est fâchant, mais quelques banques suisses continuent à faire ce qu’elles veulent. La Suisse reste un paradis du blanchiment d’argent», note le pénaliste Mark Pieth.
Depuis 2016, les banques déclarent 12 à 17 milliards d’avoirs suspects par année… sur les 3000 milliards qu’elles reçoivent. «Cette somme est insignifiante. Le secteur bancaire montre ainsi qu’il collabore, mais les cas qui rapportent le plus d’argent ne sont souvent pas communiqués. Le secret bancaire est préservé et reste un modèle d’affaires», affirme l’économiste Sergio Rossi.
- L’article de ma collègue Katy Romy
- Le pillage du Venezuela passait par la Suisse – par le collectif d’investigation Gotham City (décembre 2018)
C’est une histoire du quotidien – et cela pourrait être la vôtre si vous êtes expatrié(e) et que vous deviez rentrer au pays. Le rêve allemand de Lotti Pfyl a été brisé par la crise sanitaire. Cette jeune sexagénaire raconte.
Le compte à rebours est lancé. Dans quelques jours, le camion de déménagement sera devant la porte. En Suisse, Lotti Pfyl se retrouvera à l’aide sociale. En Allemagne, le coronavirus a eu raison de son affaire de location d’appartements de vacances et de son travail de couturière.
«J’ai le sentiment qu’une nouvelle phase de vie commence», écrit-elle. Les inconnues sont nombreuses, mais le moral est bon.
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