Aujourd’hui en Suisse
Bonjour, Suisses d’ici et d’ailleurs,
La mobilisation est au rendez-vous en cette Journée internationale des droits des femmes: de nombreuses actions et revendications ont eu lieu dans tout le pays pour exiger l’égalité, combattre les discriminations et mettre fin aux violences.
Une journée quelque peu ternie aux yeux des militantes par les votations fédérales d’hier: le peuple suisse a décidé d’interdire la burqa et le niqab dans les lieux publics. Un vote antiféministe et islamophobe, dénonce la presse internationale.
Bonne lecture,
Manifestations, rencontres, expositions, discussions et revendications: une multitude d’événements se sont déroulés aujourd’hui en Suisse à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Des stands ont fleuri un peu partout dans le pays pour exiger davantage d’égalité, une lutte plus active contre les discriminations et une réforme de l’assurance vieillesse qui ne pénalise pas les femmes. Les syndicats rappellent que l’inégalité salariale est toujours une réalité en Suisse et réclament une reconnaissance de tout le travail «gratuit» fourni par les femmes: faire les courses, aider les enfants avec leurs devoirs, nettoyer, s’occuper des personnes malades ou âgées, etc.
Dans de nombreux domaines, les femmes doivent encore se battre pour se faire une place. Les stéréotypes sont par exemple tenaces dans l’entrepreneuriat. Les femmes qui lancent des start-up doivent davantage prouver leurs compétences et gagnent plus difficilement la confiance des investisseurs. «Dans cet univers ultra-concurrentiel, les femmes sont écartées, car on suppose qu’elles n’ont pas la disponibilité nécessaire pour assumer l’importante charge de travail», déplore Isabelle Collet, informaticienne et professeure en science de l’éducation.
Cette Journée internationale des droits des femmes est aussi l’occasion de dénoncer les violences sexistes. Sous l’égide d’Amnesty International, un groupe de dix femmes de Suisse alémanique et de Suisse romande qui ont subi des violences sexuelles exigent que le droit pénal considère tout rapport sexuel non consenti comme un viol. Au Parlement, des élues de gauche et de droits ont également déposé une initiative parlementaire demandant une meilleure protection des victimes de violences domestiques.
- Journée des droits des femmes: des revendications dans tout le pays, le résumé des événements par l’Agence télégraphique suisse
- Notre article sur les difficultés auxquelles se heurtent les femmes dans le monde des start-up, avec plusieurs témoignages et des analyses chiffrées
- Un rapportLien externe publié aujourd’hui par Reporters sans frontières révèle l’ampleur du sexisme dans le journalisme, il est le résultat d’une enquête dans 112 pays
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Cette Journée internationale des droits de femmes avait un petit goût amer, après le vote du peuple suisse d’hier en faveur d’une interdiction de la burqa et du niqab dans l’espace public. Une initiative «qui entend dicter aux femmes comment s’habiller», relevait la députée écologiste Léonore Porchet.
Un scrutin qui fait réagir à l’étranger, notamment dans les pays européens qui interdisent déjà la burqa. Les médias français et belges ont relayé le résultat, en relevant le paradoxe de cette votation: la Suisse ne compte que quelques dizaines de personnes portant régulièrement la burqa ou le niqab. «C’est un prétexte utilisé pour jeter de l’huile sur le feu pour ceux que la présence musulmane dérange», analyse dans Le Monde l’islamologue Stéphane Lathion.
Les nombreux opposants à cette interdiction du voile intégral, du Parlement au Conseil fédéral en passant par la plupart des institutions religieuses, «n’ont eu de cesse de rappeler» qu’une telle mesure «s’opposait au principe de liberté» et «stigmatisait la minorité musulmane du pays», souligne le Brussels Times. Au moment d’évoquer ce référendum, le site Middle East Eye a d’ailleurs écrit en surtitre de son article le mot «islamophobie», indique Courrier International.
Si seuls les Suisses de l’étranger avaient voté dimanche, l’initiative anti-burqa aurait été refusée d’un cheveu, à 51,1%. Mais le comportement de vote de la Cinquième Suisse se distingue si légèrement de celui du reste des Helvètes qu’il est hasardeux d’en tirer des conclusions. L’ensemble des électrices et des électeurs ont dit «oui» à seulement 51,2% à l’initiative pour l’interdiction de se dissimuler le visage dans les lieux publics.
- Les réactions de la presse étrangère après le vote suisse anti-burqa, résumées par Courrier InternationalLien externe
- Notre analyse des votes des Suisses de l’étranger sur les trois objets fédéraux soumis au peuple hier
- Pourquoi le débat sur la burqa a-t-il tant polarisé? Notre article
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De plus en plus de chiffres montrent les effets catastrophiques de la pandémie sur les ménages les moins fortunés de Suisse. Les services spécialisés de désendettement sont particulièrement sollicités depuis une année.
Selon une enquête de la faîtière Dettes Conseils Suisse, 70% des services spécialisés de conseil en endettement indiquent que le nombre de demandes de renseignements a augmenté depuis un an. Les nouvelles requêtes sont principalement liées à des pertes de revenus en raison de chômage partiel, de suppressions de postes ou de disparition d’un emploi d’appoint.
Le centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique fédérale de Zurich a réalisé une analyse des effets économiques de la pandémie. Il a constaté que 11% des ménages dont le revenu était inférieur à 4000 francs et 6% de ceux dont le revenu se situait entre 4000 francs et 6000 francs n’avaient pas d’autre choix que de s’endetter pour couvrir leurs dépenses courantes.
Les personnes qui ont perdu leur travail (25%), en chômage partiel (11%) et les travailleurs indépendants (13%) sont particulièrement touchées. La dette moyenne des personnes venues dans un centre de conseil était de 71’063 francs en 2018. Les demandes concernent surtout des impôts ou des primes d’assurance maladie qui n’ont pas pu être payés.
- Avec la pandémie de Covid-19, l’endettement des ménages suisses augmente, le sujetLien externe de la Radio Télévision Suisse (RTS)
- Témoignages d’employés à bas revenus qui se retrouvent en grandes difficultés depuis une année
- Les conditions de travail des femmes migrantes qui s’occupent de l’aide à domicile ont empiré avec la pandémie, notre article
La banque suisse UBS se retrouve à nouveau devant la justice française. Le procès en appel s’ouvre aujourd’hui à Paris et devrait durer trois semaines.
UBS AG, UBS France et cinq des six anciens cadres des deux établissements bancaires ont été condamnés très lourdement en première instance, en février 2019. UBS AG a été reconnue coupable de «démarchage bancaire illégal» et de «blanchiment aggravé de fraude fiscale» entre 2004 et 2012. La filiale française du groupe suisse, UBS France, avait été condamnée pour «complicité» des mêmes faits.
«L’enjeu est historique pour le monde financier, vu le montant de l’amende infligée à UBS AG lors du premier procès», relève le journal Le Temps. La banque a été condamnée à verser 3,7 milliards d’euros, plus 800 millions d’euros de dommages et intérêts à payer «solidairement» à l’État français. La filiale française a écopé d’une amende de 15 millions d’euros.
Pour la défense d’UBS AG, l’enjeu de ce procès en appel reste le même qu’en première instance, souligne Le Temps: démontrer que, «faute de preuves» dans le dossier d’instruction, la peine infligée en février 2019 – alors motivée par le tribunal en raison de «fautes pénales d’une exceptionnelle gravité» et de «délits qui trouvent leur source dans une organisation structurée, systémique et ancienne» – ne tient pas juridiquement.
- L’articleLien externe du quotidien Le Temps sur l’ouverture du procès en appel d’UBS AG et UBS France
- Notre analyse des enjeux de ce procès pour UBS
- Le secret bancaire reste un modèle d’affaire pour les banques suisses, notre article
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