Aujourd’hui en Suisse
Liberté versus sécurité.
Ce sont, chers abonnés, les termes d’un antique débat qui taraude une nouvelle fois les démocraties libérales depuis les attentats du 11 septembre 2001. En Suisse, il irrigue aujourd’hui la discussion sur deux des cinq objets de votation soumis au peuple le 13 juin prochain, soit le referendum sur les mesures policières contre le terrorisme, mais aussi celui remettant en cause les bases légales des ordonnances du Conseil fédéral sur l’épidémie de Covid-19.
Il serait suicidaire pour un gouvernement élu d’ignorer les besoins de sécurité des citoyens. Mais la tentation est grande d’en profiter pour faire passer des lois excessivement liberticides. En Suisse, le peuple a son mot à dire. Son verdict constitue un baromètre pour ses voisins européens.
Bonne lecture,
Faut-il élargir les prérogatives de la police pour prévenir au mieux la menace terroriste? C’est la question que trancheront les citoyennes et citoyens suisses lors de la prochaine votation du 13 juin.
La vague d’attentats d’envergure qui a secoué l’Europe au cours des dernières années n’a jusqu’ici pas touché la Suisse, relève ma consœur Katy Romy. Mais l’an dernier, deux premières attaques djihadistes ont eu lieu dans le canton de Vaud et au Tessin. Et selon le Service de renseignement de la Confédération, la menace terroriste demeure élevée en Suisse même.
C’est dans cette perspective qu’un projet de loi a été élaboré par le Parlement. Ce cadre légal permettrait aux forces de l’ordre d’agir de manière préventive contre des terroristes potentiels, pour autant qu’il soit accepté par le corps électoral helvétique.
Pour éclairer les enjeux de cette votation, swissinfo.ch vous propose aujourd’hui les points de vue de deux politiciennes. La parlementaire Jacqueline de Quattro estime que la nouvelle législation permettrait de mieux prévenir le type d’attaques qu’a déjà connu la Suisse. Coprésidente des jeunes vert’libéraux suisses, Virginie Cavalli estime, au contraire, que ces mesures préventives sont trop vagues et qu’elles portent atteinte à l’état de droit.
- La loi contre le terrorisme, abusive ou nécessaire? (swissinfo.ch)
- Les arguments de Jacqueline de Quattro (swissinfo.ch)
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Ceux de Virginie Cavalli (swissinfo.ch)
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Objets de la votation populaire du 13 juin 2021 (admin.chLien externe)
Poussée par l’Union européenne, l’idée d’un sésame anti-Covid pour les personnes vaccinées fait débat en Suisse. Interrogée par swissinfo.ch, l’éthicienne Adrienne Hochuli Stillhard estime que ce passeport vaccinal serait une solution dangereuse.
Collaboratrice scientifique à l’Institut d’éthique sociale de l’Université de Lucerne, elle juge fondamentalement problématique que les personnes vaccinées se voient accorder davantage de liberté que le reste de la population sur présentation d’un document.
Adrienne Hochuli Stillhard égrène les questions qu’il faudrait se poser avant d’instaurer un tel document: quand est-il justifié de faire de la vaccination une condition pour pouvoir travailler ou voyager? Quid des gens qui se déplacent pour prendre soin de proches? Est-il légitime de restreindre la liberté des personnes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas se faire vacciner au point de leur faire perdre leur travail?
À l’opposé, certains relèvent l’ancienneté du carnet vaccinal de l’OMS mentionnant les vaccins nécessaires au séjour dans les pays tropicaux. Une nécessité fort peu contestée. Qu’en pensez-vous?
- Entre discrimination ou nécessité? Le passeport vaccinal divise (swissinfo.ch)
- La situation pandémique en Suisse (swissinfo.ch)
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Elle a des allures de provocation au pays du libre marché. Pourtant, l’idée d’un plan de relance suisse séduit un grand nombre d’économistes sondés par l’institut zurichois KOF.
Pour la moitié des 167 chercheurs interrogés, les aides consenties par l’État en faveur des entreprises et des salariés pour faire face à la pandémie ne suffisent pas. La Suisse a besoin de mesures de relance économique rapides, à l’image du programme de développement des infrastructures annoncé par Joe Biden aux États-Unis.
Ce type d’intervention de l’État dans l’économie a régulièrement été combattu en Suisse. Mais le dogme s’effrite dans nombre de démocraties libérales. Les forces du marché montrent leurs limites dans la crise sanitaire qui submerge le monde.
- Des économistes veulent un plan de relance en Suisse (Le Temps/abonnésLien externe)
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